Le président de l'Alliance Renault-Nissan en est convaincu : les marchés émergents sont la clé pour assurer la croissance de tous les grands constructeurs automobiles. La stratégie doit cependant être adaptée à la nature même du marché. Car, pour Carlos Ghosn, investir dans des pays où l'économie est en développement compte une part de risque, mais ça doit être un risque calculé.
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L'Inde et la Chine par exemple, malgré des problèmes liés à la corruption ou à une économie qui ralentit, sont des marchés peu risqués. «On y prévoit quand même une hausse annuelle de 5 à 6 % des ventes d'automobiles. Avec leur population, la perspective de développement y est encore très bonne», a-t-il expliqué en entrevue à Les Affaires, en marge du Salon de l'automobile de New York.
C'est dans des pays comme le Brésil ou la Russie que le bât blesse. Ces deux grandes économies sont chancelantes. «En Russie par exemple, la question de l'Ukraine et la chute du prix du pétrole ont considérablement affaibli l'économie. Nous devons quand même nous préparer à une reprise.»
La solution, selon Carlos Ghosn, est de s'associer à des partenaires locaux, de rester actif sur le marché... et d'être patient. «Nous occupons actuellement 35 % du marché (avec les entreprises Nissan, Renault et Lada), et nous souhaitons augmenter cette part à 40 %. La Russie est le marché de l'avenir», explique-t-il.
Le cas du Brésil, auquel le dirigeant greffe aussi l'Argentine, est différent. «Ces pays amorcent une longue période de chute économique qui durera au moins deux ou trois ans. Là aussi, la patience est de mise, mais nous devons augmenter notre présence locale.»
Nissan mise, par exemple, sur l'implantation récente d'une usine d'assemblage au Brésil. «Notre objectif de départ était de fournir uniquement le marché intérieur, mais en raison du ralentissement, nous allons en profiter pour alimenter les pays voisins. Nous rentabiliserons ainsi nos installations tout en maintenant notre activité. D'autres constructeurs quittent la région, mais nous voulons être encore en place au moment de la reprise», dit Carlos Ghosn.
Les analyses de Renault-Nissan montrent un potentiel de croissance majeur dans les pays émergents. «En Europe, on compte 550 voitures par 1 000 habitants. Au Brésil, on parle plutôt de 200, alors que le ratio est de 300 en Russie. Il y a encore beaucoup de place pour grandir.»
Et le Canada ?
Le patron de Renault-Nissan voit un potentiel de croissance important au Canada. «Nous avons un objectif de 10 % des parts de marché, et nous en occupons actuellement 8 %.»
Pour Carlos Ghosn, la qualité des produits et la compétence de l'équipe de gestion canadienne ont contribué à la croissance de Renault-Nissan au Canada. «Mais c'est essentiellement la confiance de nos concessionnaires à l'égard de notre marque qui a changé.»
Par ailleurs, il ne faut pas rêver à l'implantation d'une usine d'assemblage au Canada. «En règle générale, nous pensons à régionaliser notre production quand le marché local peut absorber 50 000 exemplaires d'un modèle. Et ce n'est pas prévu dans un proche avenir au Canada.»
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