SPÉCIAL INNOVATION. En matière de zone d’innovation technologique, Québec part avec une longueur d’avance. C’est que la région de la Capitale-Nationale possède déjà un tel terrain de jeu pour entrepreneurs, chercheurs et incubateurs depuis 1988, année de fondation du Parc technologique du Québec métropolitain (PTQM).
Depuis, son succès ne se dément pas ; on y trouve aujourd’hui une centaine d’entreprises et de centres de recherche innovants.
Avec son projet de la zone d’innovation Littoral Est, un vaste secteur situé en bordure du fleuve Saint-Laurent englobant les quartiers de Maizerets et du Vieux-Moulin, la Ville de Québec compte frapper un nouveau coup de circuit.
« Le PTQM, c’est un peu le grand-père. J’ai vécu le cycle [à titre d’administrateur auprès de plusieurs entreprises de haute technologie de la région] et on ne se demande plus si les transferts technologiques sont possibles ; ils le sont », affirme son maire, Régis Labeaume, en entrevue avec Les Affaires.
Le projet est d’ailleurs en marche depuis ce printemps. Quatre terrains sur les dix prévus lors de la première phase sont décontaminés et prêts à être vendus. Il ne manque que l’imprimatur du gouvernement du Québec, sous forme d’une désignation officielle à titre de zone d’innovation. « Des entreprises cognent à notre porte pour manifester leur intérêt », révèle Régis Labeaume. Des noms comme Bosch, Denso, Google et Siemens ont déjà été évoqués. Dans son document de candidature, la Ville estime les retombées économiques du projet à 12,5 milliards de dollars en 2035 – incluant les valeurs immobilières et les investissements.
La future zone d’innovation Littoral Est reposera sur la logistique intelligente du transport, la santé durable et les technologies propres urbaines. À ceux-ci s’ajoute le milieu de vie connecté.
« La collecte et l’analyse de données, c’est le nerf de la guerre, explique Carl Viel, PDG de l’agence de développement économique régionale Québec International, l’un des principaux partenaires du projet avec l’Université Laval. Il faut d’abord des outils, sous forme de capteurs et de solutions d’intelligence artificielle, pour ensuite développer la mobilité, la santé et l’environnement. »
Parmi les autres parties prenantes de Littoral Est figure le Port de Québec, « qui contribuera à [sa] réussite grâce au projet Laurentia », peut-on lire dans le document de candidature de la Ville. Cet agrandissement des installations portuaires doit en principe permettre la création d’un terminal de conteneur en eau profonde empiétant sur la baie de Beauport. Celui-ci a toutefois du plomb dans l’aile après la publication d’un rapport de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, qui conclut qu’il aurait des « effets environnementaux négatifs importants ». Malgré la dissidence exprimée par cinq élus des districts limitrophes au projet Laurentia, le maire de Québec persiste et signe : « Le transport maritime est en augmentation constante aux quatre coins du globe. C’est un secteur d’activité porteur. »
Paradoxalement, le projet Littoral Est servira à revitaliser ce même secteur de la ville, à la jonction du quartier de Limoilou et de l’arrondissement de Beauport. « Nous jouons le livre sur l’urbanisme : en favorisant l’implantation d’entreprises innovantes de toutes tailles, nous attirerons des humains qui voudront s’y établir, y consommer et vivre à proximité », indique Régis Labeaume.