RÉSIDENCE POUR AÎNÉS. Et si le logement s’adaptait au fil des années en fonction des besoins de ses occupants qui vieillissent ? L’idée est encore marginale, mais elle commence à circuler. Expérience 303 tend justement à démontrer que ce concept pourrait faire partie de la solution du prolongement du maintien à domicile des aînés.
Et si le logement s’adaptait au fil des années en fonction des besoins de ses occupants qui vieillissent ? L’idée est encore marginale, mais elle commence à circuler. Expérience 303 tend justement à démontrer que ce concept pourrait faire partie de la solution du prolongement du maintien à domicile des aînés.
Il s’agit de l’une des dernières réalisations de Société Logique, un organisme sans but lucratif qui propose depuis 40 ans des services-conseils visant à intégrer le design universel dans des projets d’aménagement et d’architecture. Il a d’ailleurs été créé par des professionnels ayant des limitations fonctionnelles.
Société Logique détient cinq immeubles d’habitation à Montréal. À la suite de l’incendie de l’un de ses logements sur le boulevard Saint-Joseph, l’organisme s’est penché sur son réaménagement complet. Ainsi est né Expérience 303 – le numéro du logement. « Nous avons repensé l’appartement selon des critères d’accessibilité universelle sans que ça saute aux yeux. Ce design moderne et accessible permet ainsi de rendre le logement modulable selon les besoins de son occupant », explique l’architecte Anna Kwon, qui a dirigé le projet.
Plomberie, hauteur des armoires, espaces de rangement, largeur des portes et des corridors : tout a été pensé pour intégrer l’humain au cœur de son milieu de vie, quelles que soient ses limitations physiques. « Par exemple, le module placé sous l’évier de la cuisine peut facilement être enlevé pour donner l’accès à une personne qui se déplace en fauteuil roulant », dit-elle.
Ce projet a été financé par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) dans le cadre de l’initiative de démonstrations de la Stratégie nationale sur le logement.
Expérience 303, qui sert maintenant de lieu de référence et de documentation en matière de construction et de rénovation, a été le seul projet retenu au Québec, soulève l’architecte.
Combien ça coûte ? « Tout le monde nous pose cette même question », avoue Anna Kwon. L’aménagement de cet appartement a coûté tout au plus 20 % de plus qu’un logement régulier, indique-t-elle. Mais tout est relatif. « Ce sont encore des accessoires et des matériaux qui sont actuellement non standards sur le marché. Éventuellement, si cette conception gagne en popularité, ces matériaux deviendront moins chers », croit la professionnelle.
Déplacer les murs
À D’ici 2031, un service-conseil en habitation pour aînés, on souhaite également mettre de l’avant un projet de logements qui « bougent » au gré des années. « Notre équipe collabore actuellement avec des architectes et des anthropologues sur la possibilité de voir émerger des complexes résidentiels avec appartements évolutifs, explique le président fondateur, Claude Paré. Ces appartements avec murs amovibles et détecteurs de mouvement feraient partie d’une communauté où se côtoient différentes générations. »
Ce concept avant-gardiste existe déjà en Europe, signale-t-il. « Pour le moment, tout est encore à penser, indique Claude Paré. Mais nous sommes actuellement en discussion avec des promoteurs immobiliers du Grand Montréal, notamment des entreprises qui ciblent la clientèle des 55 ans et plus. »