À la tête du Mouvement Desjardins depuis 2008, Monique F. Leroux achèvera vraisemblablement son deuxième mandat au printemps 2016. L'ère de transformation qu'elle a instaurée dès son arrivée donne de plus en plus de fruits. En 2014, la pdg a, entre autres, annoncé l'acquisition de State Farm Canada. Un autre pas vers son objectif de faire de Desjardins un leader de l'industrie financière au Canada et à l'international.
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Monique Leroux sourit beaucoup. Même en petit groupe. Même quand ça va moins bien. «C'est la personne la plus positive que j'aie rencontrée dans le monde des affaires», dit Christiane Bergevin, vice-présidente exécutive, partenariats stratégiques chez Desjardins. «Elle voit à long terme, mais excelle à amener cette vision au quotidien, par petits morceaux. Je ne l'ai jamais vue ne pas être constructive.»
Ces morceaux sont en train de se placer pour former un nouveau Desjardins. Plus présent au Canada anglais, plus stratégique dans ses relations internationales, plus actif sur le plan des acquisitions. «Pour moi, il n'y a pas une réalisation de la dernière année. J'ai plutôt le sentiment d'un certain momentum de Desjardins sur plusieurs volets», résume celle qui assume la présidence de la coopérative depuis 2008.
Derrière elle, au 40e étage du Complexe Desjardins, au centre-ville de Montréal, la vue porte loin. Un peu comme la sienne. «C'est une pdg de haut niveau, qui amène graduellement Desjardins à sortir de ses frontières historiques tout en maintenant la distinction coopérative», analyse Réal Jacob, professeur titulaire à HEC Montréal et membre du jury.
Denis Paré, vice-président du conseil d'administration du Mouvement et président du conseil régional des représentants des Cantons-de-l'Est, n'hésite pas à parler d'un avant et d'un après Monique Leroux. «Elle a amené Desjardins à un niveau jamais atteint auparavant, en ralliant tout le monde à son idée que l'entreprise pouvait être un acteur majeur au Canada et sur la scène mondiale», dit le notaire, impliqué au sein de l'institution depuis 1978.
La vision de cette comptable de formation, qu'on dit à la fois charismatique et à l'écoute, se traduit de plus en plus par des réalisations concrètes. Au début de l'année, Desjardins annonçait l'acquisition des activités canadiennes de l'assureur State Farm. Une transaction de 1,6 milliard de dollars (G$) qui, lorsqu'elle sera finalisée en janvier 2015, doublera le volume de primes annuelles souscrites à près de 4 G $, fera de la coopérative le deuxième assureur de dommages du Canada et haussera à 50 % les revenus de ce créneau réalisés à l'extérieur du Québec.
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Le choix de la cible a été assez naturel, raconte Monique Leroux. «State Farm Canada a des marchés complémentaires aux nôtres et offre de belles synergies, mais c'est aussi un groupe mutualiste, ce qui cadre bien avec ce que nous sommes, soit un groupe coopératif.» Très investie dans le processus, qui a duré près de 18 mois, la pdg avait un double défi à relever. «Je devais d'abord expliquer aux gens de Desjardins la logique de ce dossier-là. Ensuite, il fallait amener State Farm [la société mère américaine] à être partie prenante et trouver une manière d'impliquer Crédit Mutuel France, notre partenaire à l'international.» Au final, State Farm, la plus grande mutuelle d'assurances des États-Unis, investira 450 M $ en actions privilégiées dans la filiale d'assurance dommages de Desjardins, et Crédit Mutuel, 200 M $.
Au cours de la dernière année, le Mouvement Desjardins a également achevé la rénovation de son siège social, à Lévis. «Nous avons remis en valeur un espace développé dans les années 1970, ce qui nous permet d'offrir un milieu agréable et innovateur à nos employés», souligne avec fierté cette native de Montréal. Sans oublier le volet développement durable, frappant avec le mur végétal de 15 étages, le plus haut du monde.
L'innovation se fait aussi sentir du côté des technologies, avec des solutions comme Ajusto, en assurance auto. La dirigeante confirme que la technologie occupe une place «énorme» dans ses préoccupations et assure que son équipe planche déjà sur la prochaine petite révolution.
Et sa bonne surprise de 2014 ? «Le Sommet international des coopératives, qui s'est mieux passé que je ne prévoyais. Ça, oui !» Pour sa deuxième édition, en octobre dernier, l'événement biennal visait plus de 3 000 participants provenant de 90 pays. Un pari risqué, que Monique Leroux semble un brin soulagée d'avoir tenu. Il faut dire que tout le monde s'entend sur une chose : ce sommet, c'est son bébé. «C'est elle qui a eu l'idée et qui l'a portée, ici comme à l'international», résume Denis Paré.
Cette implication n'étonne pas ceux qui collaborent avec elle à l'extérieur de Desjardins. Quand l'énergique femme de 60 ans, mère d'une fille de 18 ans, épouse une cause, elle le fait vraiment ! Sous sa gouverne, le Chantier ressources humaines a été l'un des premiers de Finance Montréal à déboucher sur des réalisations concrètes, raconte son directeur général, Éric Lemieux. «Elle s'impliquait très directement, notamment en présidant les réunions. C'est une leader qui sait établir un climat d'échange, ramasser les enjeux et établir les prochaines étapes.» Après plus de deux ans de travaux, la création du Centre d'excellence en finance du Québec était annoncée au début de 2014.
Elliot Lifson, vice-président du conseil de Vêtements Peerless, ne tarit pas non plus d'éloges sur celle qui copréside avec lui la campagne Centraide 2014. «Monique Leroux est l'une des personnes les plus efficaces et intelligentes avec qui j'ai travaillé. C'est vraiment quelqu'un d'exceptionnel.»