PARCS INDUSTRIELS. La ville de Sherbrooke manque d’espace pour accueillir de nouveaux investisseurs. Au total, 7 des 11 parcs industriels que compte la reine des Cantons-de-l’Est affichent complet. Prochain défi ? Dénicher des terrains attractifs pour les investisseurs.
« On a encore de la place, mais le taux de vacance général tourne autour de 2,5 % », affirme Sylvain Durocher, directeur général de Sherbrooke Innopole, l’organisme qui coordonne le développement économique de Sherbrooke. « On regarde notamment du côté de la requalification de certains terrains qui pourraient passer d’industriel à industriel léger, explique le gestionnaire, mais une chose est certaine, l’accès au réseau routier demeure fondamental. »
La région de Sherbrooke profite d’un réseau routier avantageux. Les autoroutes 10 et 55 bornent la ville d’ouest en est, alors que les autoroutes 610 et 410 la traversent en direction sud-est. La possibilité de construire son usine en bordure de l’autoroute 10 explique d’ailleurs en partie l’installation de la multinationale Soprema, à Sherbrooke, en 2016. « Il nous faut des autoroutes parce qu’on y place de manière systématique nos usines », soutient Maximilien Delétoille, directeur de l’usine de polystyrène extrudé (panneaux isolants thermiques) de Sherbrooke. « C’est bon pour l’image et c’est bon pour le transport », ajoute le gestionnaire de l’entreprise dont le siège social nord-américain se situe le long de l’autoroute 20, à Drummondville.
L’importance du soutien
La générosité de la ville en matière de crédit de taxe fait aussi partie des éléments clés derrière la décision de l’entreprise d’investir les 45 millions de dollars (M$) de son usine de panneaux isolants à Sherbrooke. L’accompagnement de l’organisme Sherbrooke Innopole explique aussi ce choix. « Je dois dire que leur équipe a été très volontaire pour qu’on s’installe là », reconnaît Maximilien Delétoille. « Travailler à une implantation industrielle, ça prend du temps. Il faut zoner des terrains, monter des bâtiments et réaliser plein de démarches administratives », détaille le gestionnaire. Or, dit-il, « ce temps peut-être plus ou moins long selon de degré de connectivité que vous avez avec les administrations locales ». Ce serait justement là que Sherbrooke Innopole aurait joué un rôle déterminant, en facilitant les relations avec les gestionnaires municipaux. « Il nous a fallu 18 mois pour réaliser le projet. C’est extrêmement court. Ce n’est vraiment pas la norme. Je pense qu’on a battu un record, ici, à Sherbrooke », souligne Maximilien Delétoille dont le prochain défi consiste à bonifier de 66 % la capacité de production de l’usine.
De l’indispensable transfert de savoirs
Sherbrooke profite aussi de deux universités pour soutenir son développement industriel. L’Université de Sherbrooke explique la présence de deux zones d’innovation technologique en Estrie, l’une en microélectronique, et l’autre en sciences et technologies quantiques. Depuis cinq ans, l’institution dispose par ailleurs d’un vice-rectorat à la valorisation et aux partenariats, afin de stimuler le développement endogène de la région. Le but est de soutenir le démarrage de nouvelles entreprises et d’accompagner les PME existantes dans leur développement. « Nous souhaitons donner le goût de l’entrepreneuriat à nos étudiants », explique Vincent Aimez, professeur en génie électrique et génie informatique, et vice-recteur pour la valorisation et les partenariats à l’Université de Sherbrooke. « Notre plus gros incubateur d’entreprises, l’ACET — Accélérateur d’Entreprises Technologiques — accompagne 54 entreprises naissantes en ce moment, dont la moitié se trouve en phase de commercialisation », indique le professeur, qui se réjouit des 30 M$ de financement récoltés par ces jeunes pousses en 2021.
L’aide aux PME reste toutefois un défi particulier. « Elles sont dans le feu de l’action, souligne Vincent Aimez, et, souvent, elles ne disposent pas du temps et des ressources pour développer des partenariats avec des universités. » Pour contrer cette difficulté, l’Université s’est dotée d’une équipe de professionnels qui vont sur le terrain, s’assoient avec les entrepreneurs et développent des projets liés aux défis auxquels ces derniers font face. L’initiative semble porter des fruits. « Un des éléments dont on est le plus fier, c’est qu’on signe de plus en plus de protocoles de recherche et de partenariat avec des entreprises qui n’avaient jamais adressé la parole au monde universitaire. »
Si l’institution ne peut pas inventer de nouveaux travailleurs, elle contribue néanmoins à rendre ceux disponibles attrayants pour les entreprises installées dans les Cantons-de-l’Est. « Ce sont 89 % de nos étudiants qui profitent d’une expérience de stage au cours de leur formation », souligne Vincent Aimez. Il ajoute que leur système génère 5 000 stages par année, surtout en Estrie, mais aussi ailleurs au Québec. « C’est une contribution indirecte au développement économique, mais en ce moment, tout le monde comprend le rôle crucial que joue une main-d’œuvre qualifiée. »