Avant même d'avoir terminé ses études à l'École de technologie supérieure (ÉTS), David Gingras lançait sa propre entreprise. Depuis 2005, Motion Composites conçoit des fauteuils roulants ultralégers en fibre de carbone, comme les vélos haute performance. Un travail universitaire qui a dépassé le cadre de la théorie et a maintenant le vent dans les voiles.
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«Mon projet, c'est l'histoire de ma carrière d'ingénieur de A à Z», lance David Gingras. Depuis 10 ans, son associé Éric Simoneau et lui n'ont pas ménagé les efforts pour réussir. «Nous avions tous les deux envie de démarrer notre entreprise et nous avions un intérêt commun pour les matériaux composites», raconte l'ingénieur en génie de la production automatisée.
Ils comprennent alors que, déjà utilisés dans la fabrication de vélos ou de voitures de course, les matériaux composites faisaient cruellement défaut dans le domaine de la mobilité. Ils ont alors l'idée d'utiliser ces nouvelles technologies pour créer des fauteuils roulants plus légers, et donc plus faciles à manier.
Âgés d'à peine 25 ans, ils se lancent dans l'aventure. «On ne connaissait pas vraiment ce domaine, raconte David Gingras, mais on n'avait rien à perdre. Et surtout, on a toujours cru à notre projet. On en a fait des sacrifices pour y arriver ! Comme j'étudiais en plus de travailler, mes semaines comptaient souvent une centaine d'heures de boulot.»
L'innovation au rendez-vous
Le principal défi qui les attendait était avant tout d'ordre technique : il a fallu trois ans de travail pour développer un prototype. «Le composite est constitué de fibres qui sont longues, un peu comme dans un chandail. Donc, quand on fait des trous, on coupe les fibres et on affaiblit la structure. Ce qui n'est pas le cas avec l'aluminium. Comme les fauteuils sont multiréglables, il fallait donc concevoir tout ce qui s'attache autour du fauteuil, pour éviter cela.»
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Aujourd'hui, les modèles conçus par Motion Composites pèsent jusqu'à 40 % de moins que les fauteuils en aluminium. Et leur méthode a été couronnée de succès. En effet, leurs fauteuils roulants ont reçu le prix Génie Innovation, décerné par l'Ordre des ingénieurs du Québec en 2009.
Une mission impossible si on ne connaît pas ses limites, estime David Gingras. En effet, s'il faut une bonne dose d'orgueil pour partir de rien, mis à part une idée, l'humilité est essentielle pour réussir. «On ne peut pas exceller dans tout. Il ne faut donc pas hésiter à aller chercher l'aide quand on en a besoin.»
Les entrepreneurs se sont donc tournés vers des experts en santé, en administration, en sciences, etc. Un de leurs consultants, spécialisé en matériaux composites, a même travaillé sur le bras spatial canadien ! «Nous avons été très bien entourés dès le départ et je pense que cela nous a permis d'éviter plusieurs erreurs», dit l'ingénieur.
Une école d'entrepreneuriat en accéléré
David Gingras a dû apprendre à maîtriser chaque rouage d'une PME. Marketing, finances, conception, embauche de personnel... «La question n'est pas tant ce que j'ai fait dans l'entreprise, mais plutôt ce que je n'y ai pas fait, lance-t-il en riant. Comme nous sommes une petite équipe, mon associé et moi devions pouvoir nous remplacer à tous les postes, ou presque ! Les premiers fauteuils roulants, c'est moi qui les ai assemblés.»
Ses études à l'ÉTS lui ont permis de développer une excellente méthode de travail, en plus de lui apporter les connaissances techniques de base nécessaire à son travail. «Cette formation nous apprend une approche, une rigueur et une éthique de travail qui peuvent être transposées, dans tous les domaines d'activité», soutient-il. Et le fait de porter le titre d'ingénieur donne une certaine crédibilité à l'entreprise. Un atout quand il faut vendre son expertise.
Aujourd'hui, le jeune homme de 35 ans est fier du chemin parcouru. L'entreprise de Saint-Roch-de-l'Achigan, dans Lanaudière, emploie une soixantaine de personnes. Et ses fauteuils sont vendus non seulement au Canada, mais aussi dans 19 pays d'Europe, et depuis peu, aux États-Unis. Les cofondateurs continuent d'investir en R-D. Leur objectif ? Être reconnus mondialement comme l'entreprise la plus novatrice dans le domaine de la mobilité. «On a encore des preuves à faire, mais on y croit fermement», conclut David Gingras.