Le secteur des TI offre de formidables histoires à succès, mais il est aussi riche en défis. La rétention des employés est l'un des enjeux majeurs de cette industrie très compétitive. Voici trois exemples d'entreprises, l'une lauréate et les deux autres finalistes des prix PDG de l'année Investissement Québec, qui ont réussi à venir à bout de ces embûches et à connaître une croissance soutenue.
La création d'une entreprise n'est pas de tout repos, on le sait. Mais quand celle-ci connaît une croissance de 8 000 % en six ans, on comprend l'ampleur du défi entrepreneurial ! Malgré tout, Benjamin Desmarais ne regrette rien de l'aventure Fibrenoire, lui qui vient de remporter le prix PDG de l'année Investissement Québec 2014.
M. Desmarais, 33 ans, a été récompensé pour la forte croissance de Fibrenoire en 2013, elle qui a acheté trois réseaux de fibre optique afin de mieux desservir le marché des entreprises québécoises et ontariennes. Il a été élu par les membres de l'Association québécoise des technologies (AQT), présents à l'événement Vision PDG qui se tenait à Mont-Tremblant du 19 au 21 février.
L'entreprise montréalaise, fondée en 2007 par M. Desmarais et deux camarades de classe en génie informatique de l'École Polytechnique de Montréal, Rémi Fournier, vice-président, ventes et ingénierie, et Jean-François Lévesque, vice- président, technologies, offre des services de connexion Internet et de réseaux privés multi-sites sur fibre optique pour les entreprises. «Après deux ans d'efforts, après avoir trouvé les bons partenaires, nous avons finalement pu concrétiser un objectif de notre plan d'affaires : être propriétaire de notre réseau», raconte M. Desmarais.
L'entreprise a réalisé l'an dernier les acquisitions de la Société des Réseaux Privés et Dédiés et du Réseau du Haut-Richelieu, deux réseaux indépendants de fibre optique de la grande région métropolitaine de Montréal, et de Canadian P2P Fiber Systems, dont le réseau est à Ottawa et dans l'Est ontarien. Les détails des transactions n'ont pas été révélés.
À la suite de ces acquisitions, la société a doublé la taille de son équipe à un peu plus de 40 employés et vu son chiffre d'affaires passer de 10 millions de dollars en 2012 à 16 M$ en 2013, une croissance de 60 %.
«Avant les acquisitions, nous faisions affaire avec des joueurs qui louaient de la fibre. La transaction nous a permis d'acquérir la pièce de casse-tête qui nous manquait pour progresser plus rapidement», dit-il, en précisant que, depuis le premier bilan financier produit en 2008, les revenus de Fibrenoire ont progressé de 8 000 %.
L'acquisition des trois entreprises a été réalisée avec l'aide du fonds d'investissement privé québécois Novacap. «Nous sommes avec Fibrenoire depuis environ un an. Avant les acquisitions, l'entreprise était un revendeur de fibre optique, ce qui ne nous intéressait pas vraiment, car il y a beaucoup d'autres entreprises du genre à Montréal, comme B2B2C Métronet Communications ou Metro Optic», avoue Stéphane Tremblay, associé principal chez Novacap.
Celui-ci ajoute qu'en devenant propriétaire de son réseau, Fibrenoire représentait un investissement très intéressant, surtout grâce à la qualité de son équipe de direction. «En possédant leur réseau, ils vendent leur propre produit, ce qui leur ouvre beaucoup de possibilités. Ils ne dépendent plus d'autres fournisseurs de réseaux», précise-t-il.
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Les hauts et les bas de la création d'une entreprise
«Nous nous sommes rencontrés à Polytechnique, on a fait nos études d'ingénierie ensemble. Je suis le plus vieux des trois, mais je suis le dernier entré à Poly, parce que j'ai d'abord fait un baccalauréat en finances et technologies de l'information à HEC Montréal. Les mauvaises langues disent que ça m'a pris trois ans de plus que les autres à comprendre quelle était la bonne voie», raconte M. Desmarais, en riant.
Après sa deuxième année d'études à Polytechnique, Benjamin Desmarais s'est trouvé un stage chez Openface Internet, une entreprise pour laquelle travaillait... Rémi Fournier. «Mon stage de quatre mois s'est transformé en un emploi d'un an et demi. Nous avons appris à connaître le milieu des télécoms. Puis, petit à petit, notre côté entrepreneur prenant le dessus, on s'est aperçus qu'à Montréal, il y avait de la place pour un acteur spécialisé dans les connexions Internet sur fibre optique visant uniquement les entreprises», raconte-t-il.
Ils ont donc proposé aux dirigeants d'Openface de se spécialiser dans le secteur, ce qu'ils ont refusé. À ce moment, les deux collègues visaient l'industrie du jeu vidéo, mais ils allaient vite se rendre compte que le marché était beaucoup plus vaste. «On s'est alors demandé si on croyait vraiment à notre plan d'affaires, s'il existait un marché, si on pensait pouvoir se démarquer... La réponse a été oui. On a rapidement approché Jean-François, quitté nos emplois et on a trouvé un premier client en août 2007», dit-il.
Lorsqu'il se remémore les débuts de Fibrenoire, Benjamin Desmarais ne peut s'empêcher de sourire en racontant que le premier bureau de la société était en fait la cuisine de Jean-François Lévesque !
Petit à petit, les clients se sont ajoutés, et Fibrenoire a embauché un premier employé, un représentant, au début de 2008. Six ans plus tard, la taille de l'équipe a été multipliée par 10. «On a toujours fait ce qu'il fallait pour que l'entreprise avance, mais sans jamais d'excès, que ce soit dans les bureaux ou le matériel. Il était important pour nous de réinvestir tous les profits de Fibrenoire dans les équipements, afin d'offrir un service de meilleure qualité, ou pour embaucher des employés qualifiés. C'est comme ça qu'on a progressé, jusqu'à ce que nous atteignions la taille nécessaire pour réaliser nos acquisitions de 2013», dit-il.
Selon M. Desmarais, la principale valeur qui anime les dirigeants de Fibrenoire est de ne pas se prendre au sérieux tout en étant très sérieux dans les produits et services vendus aux clients : «Le thème consacré, chez nous, c'est que nos clients ne doivent pas être satisfaits, ils doivent être flabergastés», dit-il, expliquant que la société veut constamment aller au-delà des attentes de sa clientèle.
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Un environnement hautement concurrentiel
Comment une PME de la taille de Fibrenoire peut-elle se démarquer dans un environnement comptant des géants canadiens comme Rogers, Bell, Telus, Cogeco, Allstream et Vidéotron ? «Le secret est dans la personnalisation des services. Je n'ai pas de catalogue de produits. Ce que je dis à mon équipe, c'est qu'une bonne rencontre commence dès le moment où on arrête de parler de fibre optique et de télécommunications. Il faut comprendre les problèmes des clients et arriver à leur fournir des assemblages uniques qui répondront à leurs besoins», affirme-t-il.
Avec les récentes acquisitions, Fibrenoire possède un réseau de 75 millions de mètres de fibre optique, assez pour faire plus de deux fois le tour de la terre. L'entreprise compte près de 1 000 clients et relie entre eux 1 200 immeubles commerciaux et industriels du Québec et une quarantaine de centres de données du Québec et de l'Ontario.
Avec une présence à Montréal, Québec et Ottawa, Fibrenoire est dans trois des quatre plus importants marchés de l'est du Canada, sauf à Toronto. «Il reste encore des bouts de réseau à bâtir à Montréal et à Québec, mais c'est certain que nous cherchons à avoir une présence physique à Toronto d'ici deux ans», explique le dirigeant. Sur un horizon de cinq ans, Fibrenoire veut aussi s'implanter à Halifax, Edmonton, Calgary et Vancouver.
Benjamin Desmarais soutient qu'une expansion d'un océan à l'autre est plus logique pour Fibrenoire qu'une tentative d'incursion dans les marchés de Boston et de New York, pourtant plus proches de Montréal que Calgary ou Vancouver. «Nos clients actuels sont beaucoup plus nombreux à posséder des sites dans l'ouest et l'est du Canada qu'aux États-Unis. Il existe de nombreuses entreprises sur le même modèle d'affaires que Fibrenoire au sud de la frontière, et elles ont une taille beaucoup plus imposante», dit-il.
Pour Stéphane Tremblay, de Novacap, l'argent n'est pas un problème. Le fonds est prêt à offrir tout son soutien à Fibrenoire tant que l'entreprise saura mesurer le succès d'une éventuelle expansion.
L'industrie des TIC au Québec
- Réunit 4 700 entreprises
- Génère des revenus d'exploitation des entreprises de 21 G$
- Engendre un PIB de 10 G$
Source : TechnoMontréal
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