Les mots équité, diversité et inclusion vous donnent le tournis? Vous vous demandez comment incarner ces valeurs, au-delà des techniques de marketing? La boîte à EDI s’invite dans les discussions pour que vos équipes soient réellement à l’image de notre société.
LA BOÎTE À EDI. «Ça pourrait paraître plus simple pour nous qu’ailleurs [d’être équitables, diversifiés et inclusifs], mais on a les mêmes défis que n’importe quelle autre entreprise», souligne d’entrée de jeu Rafaël Provost, directeur général d’Ensemble pour le respect de la diversité. Pourquoi donc? Parce que chaque personne a une identité et un vécu qui lui sont propres, et donc, ses propres biais inconscients.
Natif de Napierville, Rafaël Provost a fait son coming out devant toute sa classe à 17 ans. La lecture du livre de Michel Tremblay La nuit des princes charmants, que lui avait suggérée l’une de ses enseignantes, l’a encouragé à s’approprier son identité et à s’affirmer, dans un contexte où ses collègues de classe lui avaient accolé l’étiquette d’homosexuel dès son entrée à l’école secondaire. Une identité qu’il a tout de même mis plusieurs années à embrasser pleinement.
Après quelques années en événementiel et en communication à HEC Montréal, le directeur général a profité «de la plus belle chose qui aurait pu [lui] arriver», la pandémie, pour quitter son emploi. «Un peu avant, j’étais allé à San Francisco. J’y ai rencontré plein de jeunes professionnels accomplis qui n’avaient pas peur de s’afficher comme queer*. J’étais très envieux de ces gens-là et j’avais envie que ça devienne mon cheval de bataille.» Cette volonté d’être plus en cohérence avec son identité l’a mené à postuler pour le poste de directeur général pour l’organisme communautaire de Saint-Hyacinthe Le Jag. Une expérience qui aura été un tremplin pour le défi qui l’attendait à la tête d’Ensemble pour le respect de la diversité, un organisme qui offre 1200 ateliers et formations par année à plus de 36 000 jeunes pour promouvoir le respect des différences.
Quand nos biais nous tiennent
En tant que directeur général, Rafaël Provost est tout à fait conscient qu’il doit mettre de côté ses propres préjugés internes. Toutefois, ce qui peut paraître simple en théorie l’est parfois moins en pratique. «Quand j’ai commencé à faire du recrutement, j’avais tendance à le faire seul. On m’a rapidement fait réaliser que j’étais naturellement plus attiré par des gens queer», raconte-t-il. Depuis, il s’entoure de ses collègues lorsqu’il est en processus d’embauche.
Chaque année, afin de devenir plus alertes vis-à-vis leurs propres biais, lui et son équipe suivent plusieurs formations. Neurodivergence, formes de racisme, différence entre la religion islamique et le monde arabe: aucun sujet n’est mis de côté. «On est constamment en formation parce qu’il ne faut jamais penser que puisque nous l’enseignons aux autres, on se l’enseigne à nous-mêmes.»
La photo d’équipe serait également un bon moyen de jeter un regard sur l’ensemble des profils qui la constituent. «Cette année, ça nous a permis de réaliser qu’on était très blancs [et jeunes], et pourtant, notre mission, c’est de promouvoir la diversité», admet celui qui croit en la force des alliés. Pour pallier cette réalité, Rafaël Provost souhaite développer des partenariats avec des organismes comme le Groupe 3737 et Pour 3 points. «On ne veut surtout pas supposer qu’on a la solution à toutes les formes de discrimination.»
Services en entreprise
Depuis près d’un an, Ensemble pour le respect de la diversité offre ses ateliers aux entreprises. Jusqu’à présent, l’organisme a notamment accompagné BRP, le consortium nouvelR, le Café William et l’École nationale de l’humour. «C’est drôle, parce que les formations qu’on offre dans les écoles, on les reprend presque telles quelles pour les entreprises.»
Selon le directeur général, la taille d’une organisation, qu’elle soit petite ou grande, ne devrait pas l’empêcher d’être inclusive et diversifiée. «Chacun a ses bons et ses mauvais côtés. Lorsque tu es une petite entreprise, c’est plus facile d’être agile. Cependant, tu n’as pas les mêmes moyens financiers qu’une grande entreprise. Ça coûte quelque chose de mettre en place des structures.» Toutefois, il précise qu’on n’a pas toujours besoin de faire trop grand pour que ça fonctionne.
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La définition de l'EDI de Rafaël Provost
«Je pense qu’on a un travail à faire sur la définition de l’EDI et ce que l’on en comprend. On devrait ajouter une lettre quelque part pour humain. Je pense que l’EDI c’est une volonté de mettre autour de la table tous les humains qui composent notre société et qu’au sein de nos entreprises, tous aient une voix et qu’elle soit entendue. Je pense qu’il y a assez de place pour tout le monde, parfois il faut juste réaménager l’espace.»