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Plus de 17 000 diplômés, une centaine de programmes de formation, 7 600 étudiants, dont 2 000 aux cycles supérieurs, 30 millions en budget de recherche. Depuis sa naissance en 1974, l'École de technologie supérieure a su faire sa place. Il a pourtant fallu de la persévérance aux dirigeants historiques de l'ÉTS pour faire accepter son modèle unique. Mais, année après année, l'École a réussi à imposer son style. La croissance du nombre d'étudiants le prouve. À 40 ans, elle infléchit quelque peu sa trajectoire en développant les cycles supérieurs et en mettant l'accent sur l'entrepreneuriat et l'innovation.
«L'École va très bien !» se réjouit Pierre Dumouchel. Le nouveau directeur général de l'ÉTS est entré en fonction en février. Les signes de bonne santé sont nombreux, selon lui : pas de déficit, une augmentation de plus de 50 % du nombre d'étudiants inscrits au cours des cinq dernières années et un taux de placement de près de 100 %. «Souvent, les étudiants ont un emploi avant même la fin de leurs études, comme c'est le cas pour les trois quarts des étudiants en génie logiciel, par exemple. Les autres reçoivent en moyenne 24 offres d'emploi !» précise le directeur.
L'ÉTS a fait bien du chemin depuis sa création. Les inscriptions ont fortement augmenté (1 500 de plus annuellement), les programmes se sont enrichis. L'École sait que, pour maintenir sa place dans la formation des ingénieurs et rester une partenaire de choix des entreprises, elle doit se remettre sans cesse en question. «Notre défi est de répondre aux besoins de l'industrie. Cependant, les entreprises ont des besoins à très court terme alors qu'il nous faut invariablement de trois à cinq ans pour former un ingénieur. Il ne faut pas que nos apprentissages soient obsolètes quand les étudiants sortent sur le marché du travail», souligne Pierre Dumouchel. L'École reste donc à l'affût des domaines du génie en émergence. Elle a ainsi créé récemment des programmes en technologies de l'information, en génie logiciel, en génie des opérations de logistique, et elle réfléchit à mettre en place un programme en gestion de l'environnement.
Plus d'étudiants à la maîtrise et au doctorat
Sur le plan des effectifs, la croissance à venir se fera surtout dans les cycles supérieurs. L'École s'attend en effet à une certaine stabilisation au premier cycle. «On a atteint le maximum de techniciens pouvant entrer à l'ÉTS», constate Patrice Catoir, directeur de la planification et du développement du campus. La voie de développement de l'ÉTS passera donc désormais par les programmes de maîtrise et de doctorat, qui comptent aujourd'hui plus de 2 000 étudiants (près de 400 au doctorat) sur les 7 600 inscrits au total. «Il faut trouver notre voie. On pourrait par exemple être numéro un pour les brevets de transfert technologique», estime le directeur des affaires académiques et des relations avec l'industrie, Jean-Luc Fihey. Les cinq salles de classe qui seront construites cet automne permettront d'assurer cette croissance, selon Pierre Dumouchel.
Mais le défi de taille qui se présente est d'embaucher le nombre de professeurs nécessaire. Il faudrait en recruter une quarantaine pour répondre aux besoins. Dix le seront déjà cette année. Mais la concurrence est forte. «Or, nous avons une difficulté supplémentaire, c'est que nous exigeons de nos professeurs qu'ils soient ingénieurs, francophones et qu'ils aient une expérience ou une affinité particulière avec l'industrie et la recherche appliquée», reconnaît le directeur général.
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Une école d'envergure mondiale
Le développement des cycles supérieurs va de pair avec une internationalisation de l'École qui lui permettra d'être mieux reconnue à l'étranger et d'attirer des étudiants et professeurs de qualité. Actuellement, par exemple, l'ÉTS n'attire qu'un peu plus de 3 % des étudiants français qui viennent poursuivre leurs études au Québec contre plus de 6 % à Polytechnique, un score améliorable selon M. Dumouchel. D'ailleurs, lors de son investiture, en avril, le nouveau directeur général l'affirmait : «Ma grande ambition est que l'ÉTS devienne d'ici 2024 une école de génie de calibre mondial.»
Faut-il alors imaginer des antennes partout dans le monde ? «Ça ne se fera pas par la voie de la délocalisation, affirme tout de suite le directeur. Ça passera par notre matière première que sont les professeurs et les élèves, notamment ceux des deuxième et troisième cycles. Je souhaite attirer des étudiants étrangers de qualité qui, une fois formés, porteront notre image et notre réputation dans le monde entier. Le rayonnement international de l'ÉTS se fera par les entreprises.»
Développer l'entrepreneuriat
Ces orientations exigent «un virage vers l'innovation et l'entrepreneuriat», poursuit Jean-Luc Fihey, de façon à avoir des projets de recherche attractifs et porteurs, mais aussi des débouchés pour les innovations et des emplois pour les étudiants. Le Quartier de l'innovation, le Centech, le développement d'Ingo sont autant de réalisations orientées vers ce but.
Le directeur général veut aussi donner un coup d'accélérateur à la recherche. Son objectif : d'ici cinq ou dix ans, avoir 40 chaires de recherche contre 26 actuellement et un budget de 70 millions contre 30 aujourd'hui. «Il faut être à l'affût des nouveaux domaines de recherche, trouver de nouveaux procédés, de nouveaux produits et les transférer à l'industrie, martèle Pierre Dumouchel. Nous allons renforcer l'environnement déjà propice à la recherche dans l'École.» Elle possède déjà sept chaires institutionnelles dans des domaines porteurs, notamment environnementaux. «Il nous faudra également augmenter le nombre de partenaires pour accroître l'impact de notre travail de recherche. Le carrefour d'innovation Ingo, qui accueille des entreprises innovantes désirant bonifier leur partenariat de recherche et de transfert technologique avec l'ÉTS, va dans ce sens. Il est appelé à prendre de l'expansion.»
Pierre Dumouchel veut également faire en sorte que «l'ÉTS soit un endroit où se créeront beaucoup d'entreprises». Et pour cause : «C'est une manière de valoriser nos technologies, de les transférer», déclare le directeur général, qui sait que la fibre entrepreneuriale est déjà forte parmi les étudiants de l'ÉTS. «On dit que 3,5 % des Québécois l'ont ; je ne serais pas surpris que le taux à l'ÉTS soit plutôt du double ! Mais il faut diffuser la culture de création d'entreprises. On veut créer un milieu favorable à cela. Les ingénieurs ont les idées, mais ils ont besoin d'un accompagnement administratif», reconnaît Pierre Dumouchel. Des outils sont déjà en place : un microprogramme d'entrepreneuriat et le Centech, un incubateur d'entreprises qui guide déjà les diplômés (futurs) chefs d'entreprise sur les plans financier, légal, de la constitution d'entreprise, etc.
Pour donner corps à sa vision et se donner les moyens d'atteindre ses objectifs, Pierre Dumouchel a procédé à un remaniement de l'organigramme de l'école le 5 septembre. Pour matérialiser l'accent donné à la recherche, il a créé une direction des affaires professorales, de la recherche et des partenariats. Auparavant, la recherche était dans la même direction que l'enseignement, «ce qui faisait beaucoup puisque ce sont nos deux missions principales», souligne le directeur. Il a aussi pris sous sa gouverne les dossiers centraux de sa stratégie : l'entrepreneuriat (et donc le Centech et le carrefour d'innovation Ingo) et l'innovation, une partie de ce secteur ayant été transférée au Quartier de l'innovation. Par conséquent, la direction de l'innovation et des relations avec l'industrie a été supprimée mais ce deuxième volet est pris en charge par une nouvelle sous-direction qui dépend de Jean-Luc Fihey, désormais directeur des affaires académiques et des relations avec l'industrie.
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