À l'ère des téléphones intelligents et de l'essor des voitures électriques, le cobalt vaut aujourd'hui de l'or et suscite de plus en plus l'intérêt des groupes miniers. Ce minerai, de même que le lithium, est en effet devenu une composante essentielle dans la fabrication des batteries des téléphones de dernière génération et des voitures dites « propres ».
Voilà pourquoi la société minière canadienne RNC Minerals a récemment décidé de recentrer ses efforts sur le développement de son gisement de nickel-cobalt de Dumont, situé près de la ville d'Amos, en Abitibi-Témiscamingue. Alors que « plusieurs acteurs du marché s'attendent à une croissance explosive de la demande en nickel et en cobalt pour le marché des véhicules électriques au cours de la prochaine décennie, c'est maintenant le temps d'aller de l'avant avec le projet Dumont », fait valoir le président et chef de la direction, Mark Selby.
RNC a même annoncé à la fin mars son intention de vendre, en partie ou en totalité, sa participation dans la mine de nickel et d'or Beta Hunt, présentement en production en Australie, pour se concentrer sur le développement de son projet minier en Abitibi. « La mine Beta Hunt contient principalement de l'or et n'est plus considérée comme un actif clé pour RNC », précise M. Selby. RNC détient une participation de 50 % dans une société nickélifère en coentreprise avec Waterton, qui détient le projet de nickel-cobalt de Dumont.
Un avantage sur l'Afrique ?
Le gisement de nickel- cobalt de Dumont renferme la plus grande de réserve de nickel et de cobalt non développée au monde, affirme RNC. Les réserves prouvées et probables s'élèvent à 6,9 milliards de livres de nickel.
Le projet Dumont offre aussi l'un des plus importants stocks de cobalt (278 millions de livres) hors du continent africain.
La République démocratique du Congo a d'ailleurs généré les deux tiers de la production mondiale en 2017. Or, un récent rapport d'Amnistie internationale indique que le cobalt utilisé dans la fabrication des batteries est extrait de mines situées en République démocratique du Congo qui emploient des enfants. L'embauche d'enfants dans des mines congolaises de cobalt entacherait ainsi la production de véhicules électriques et des constructeurs d'automobiles qui chercheraient donc d'autres sources d'approvisionnement.
« Des constructeurs d'automobiles qui souhaitent s'approvisionner en cobalt ailleurs qu'au Congo ont déjà montré de l'intérêt. Le gisement Dumont est aussi l'un des rares projets qui peut en fournir dans un avenir rapproché », souligne M. Selby. L'intérêt serait d'autant plus grand que le projet de nickel-cobalt de Dumont devrait produire le concentré à plus haute teneur en sulfure de nickel et en cobalt au monde, ajoute-t-il.
Un projet de 1,2 milliard de dollars
RNC Minerals se dit prête à aller de l'avant avec ce projet qui totalisera un investissement initial de 1,2 G$. Les études de faisabilité sont terminées et la société minière a obtenu les principaux permis environnementaux requis. Il y a un an, RNC Minerals signait aussi une entente sur les répercussions et les avantages du projet Dumont avec la Première Nation Abitibiwinni. L'entreprise souhaite maintenant compléter le financement d'ici la fin de l'année.
« Nous avons récemment été approchés par quelques partenaires potentiels pour financer le projet ou pour conclure des ententes d'écoulement, des acteurs qui reconnaissent que Dumont est l'un des rares projets qui pourraient commencer à livrer des quantités importantes de nickel et de cobalt aux marchés d'ici la fin de l'année 2020 », affirme M. Selby.
RNC prévoit démarrer, en 2019, la construction de la mine qui emploiera alors jusqu'à 1 300 personnes. Puis, quelque 560 employés seront nécessaires à l'exploitation de la mine qui aura une durée de vie de plus de 30 ans. « Nos revenus proviendront essentiellement de l'exploitation du nickel », souligne M. Selby, en précisant que le gisement Dumont sera néanmoins l'un des plus importants projets de cobalt au monde.
Le cobalt est généralement un minerai que l'on trouve dans les mines de cuivre et de nickel. Le prix du cobalt oscille présentement autour de 26 $ US la livre, alors qu'il s'est négocié entre 10 $ US et 30 $ US la livre depuis 1970. La firme Cormark Securities prévoit que la demande pour les batteries au lithium, que ce soit pour l'automobile, les téléphones cellulaires et autres appareils à pile, devrait doubler d'ici 2025. Cette croissance pourrait faire passer la demande pour le cobalt de 104 000 tonnes par année qu'elle était en 2015, à 300 000 tonnes. Voilà aussi pourquoi de l'autre côté du lac Témiscamingue, dans la ville ontarienne de Cobalt, d'autres compagnies minières canadiennes ont récemment annoncé d'importants investissements pour acquérir des claims miniers et réaliser des travaux de forage et d'exploration dans cette région qui avait connu une ruée au début des années 1900.
CLIQUEZ ICI POUR CONSULTER LE DOSSIER «INDUSTRIE MINIÈRE: NOUVEAUX MÉTAUX ET OPPORTUNITÉS»