Trop optimiste, la nouvelle version du Plan Nord annoncée le 8 avril ? À tout le moins, les chiffres évoqués sont de nature à frapper l'imagination.
Cliquez ici pour consulter le dossier «Industrie minière: Cap sur de nouvelles filières»
Si tous les 17 projets miniers actuellement à l'étape de la mise en valeur ou du développement se réalisent, les travaux totaliseront plus de 22 milliards de dollars en dépenses d'investissement et fourniront de l'emploi temporaire à 10 000 personnes. Après quoi l'exploitation de ces mines donnera du travail à 9 730 personnes, selon des échéanciers variables (la durée de vie de ces projets oscille entre 10 et 30 ans).
Bien sûr, même en tenant pour acquis qu'ils se réaliseront tous, ces projets ne seraient pas construits en même temps. Certains devraient débuter dès 2016, d'autres aussi tard qu'en 2019, et au moins l'un d'entre eux est déjà en construction (Projet Renard).
C'est dire qu'avec son nouveau Plan Nord, le gouvernement du Québec a ficelé ensemble des projets déjà en marche, avec des échéanciers et des coûts variés (de 90 millions de dollars à 1,3 G$), pour faire miroiter au public l'impact de l'industrie minière s'ils étaient tous construits. Considérant que le cycle de développement dans le secteur peut durer 15 ans, on lui sera gré de ne pas avoir inclus dans ses prévisions - déjà optimistes - les quelque 236 projets d'exploration que compte le territoire du Plan Nord.
Gros coup de pouce financier
Il faudra d'entrée de jeu s'assurer que, de ces 17 projets, un maximum voit effectivement le jour. Le gouvernement sait à quel point le contexte économique et financier est difficile ces temps-ci pour le secteur minier. En prenant des parts dans le capital-actions des projets, il donne un sérieux coup de pouce aux sociétés en quête de crédibilité sur les marchés financiers.
L'adoption de la loi 28 - qui comprend un train de mesures budgétaires - vient consacrer l'enveloppe de 500 M$ du Fonds Capital Mines Hydrocarbures destiné au Plan Nord, dans lequel Ressources Québec puisera désormais pour financer ses prises de participation.
Ressources Québec gère déjà un portefeuille de 400 M$, répartis dans une douzaine de projets, dont Kipawa (Matamec), Dumont (Royal Nickel), Lac Guéret (Mason Graphite), Lac à Paul (Arianne Phosphate) et Renard (Stornoway), pour ne nommer que ceux-là. Québec mise aussi sur Sodémex (Caisse de dépôt et placement)et la société en commandite SIDEX (gouvernement du Québec et Fonds de solidarité FTQ) pour apposer le sceau «Québec inc.» au bas des projets.
Outre les participations au capital-actions des sociétés, Québec prévoit des interventions directes sur le territoire d'une valeur de 1,34 G$ d'ici 2020. Le Fonds du Plan Nord, renfloué à hauteur de 63 M$ dans le budget 2014-2015, devrait contribuer en moyenne pour plus de 70 M$ par an jusqu'en 2020, pour un total de 356,7 M$.
C'est la Société du Plan Nord, entrée en fonction le 1er avril, qui gérera l'utilisation de cette enveloppe, en conformité avec ses plans stratégiques. À noter que le Fonds du Plan Nord est censé se renflouer de lui-même, puisqu'il sera regarni annuellement d'une dotation selon les impôts et taxes générés par l'exploitation des ressources naturelles et des infrastructures, en plus d'une contribution annuelle de 10 M$ d'Hydro-Québec.
On ignore encore d'où viendront précisément les autres contributions au Plan Nord. On sait toutefois que près de 1 G$ seront consacrés aux projets d'infrastructures stratégiques, tandis que 425 M$ iront à la mise en oeuvre d'initiatives prioritaires et à l'administration de la Société du Plan Nord. En y ajoutant les dépenses propres aux autres ministères et organismes, on arrive à un total de 2 G$ d'ici 2020.
Québec assure qu'il ne touchera plus au cadre législatif. En revanche, le gouvernement compte bien mettre à profit les toutes nouvelles «études d'opportunité économique et de marché sur la transformation», intégrées à la loi par le précédent gouvernement, pour maximiser les retombées des projets. «On ne peut plus juste faire de l'exploration et de l'exploitation», a précisé le ministre délégué aux Mines, Luc Blanchette.
On mise surtout sur les filières à haut potentiel de valeur ajoutée, comme les terres rares, le lithium, le graphite ou le vanadium.
Cliquez ici pour consulter le dossier «Industrie minière: Cap sur de nouvelles filières»