IL ÉTAIT UNE FOIS... VOS FINANCES, la rubrique où ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'argent... ou presque!
Les femmes ont une plus longue espérance de vie et risquent de survivre à leur douce moitié. Curieusement, elles sont encore trop nombreuses à ne pas s’intéresser à leurs finances personnelles, même si elles risquent de devoir gérer le patrimoine familial seule à un moment ou un autre pendant leur vie.
Un récent sondage de la Banque TD révèle que 80% des femmes seront, au cours de leur vie, seules pour prendre les décisions qui concernent leurs finances.
Ce qui inquiète le plus Suzanne Tremblay, vice-présidente et cheffe de région services privés chez Gestion de patrimoine TD, c’est que les femmes sont encore beaucoup à ne pas avoir d’intérêt dans tout ce qui concerne leurs finances personnelles.
«Seulement 20% des couples s’impliquent de façon équitable dans la gestion de leurs finances, révèle-t-elle. C’est donc dire que plusieurs délèguent cette responsabilité à leur conjoint.»
C’est d’autant plus surprenant que la part de la richesse détenue par les femmes au Canada croît sans cesse. Elle était de 37% en 2018 et passera à 45% en 2028, avance Suzanne Tremblay. En 2030, ce seraient 4000 G$ d’actifs que les Canadiennes devraient contrôler.
«Ce qui explique toute cette croissance de richesse, c’est beaucoup les héritages, explique-t-elle. Les hommes décèdent bien souvent avant les femmes, ce qui fait qu’elles héritent souvent deux fois plutôt qu’une. Une fois de leurs parents, une autre de leur conjoint. Juste dans les dix prochaines années, ce seraient environ 1 G$ de transfert successoral au profit des femmes.»
Stress
Avec cette responsabilité de gérer un patrimoine accru, le stress s’installe. Les clientes de Suzanne Tremblay avouent souvent regretter de ne pas s’être impliquées bien avant dans la gestion de leurs finances personnelles.
Cela donne souvent lieu à des situations difficiles. La vice-présidente et cheffe de région services privés chez Gestion de patrimoine TD mentionne notamment le décès de l’être cher. Gérer la disparition de votre âme sœur en même temps que la succession avec un parfait inconnu est loin d’être idéal.
Le conseiller de l'autre
Comme les femmes ne s’intéressent ou ne participent pas réellement à l’élaboration du plan de match financier de leur couple, elles se retrouvent alors, une fois la douce moitié envolée, seules pour tout gérer… avec le conseiller en gestion de patrimoine de l’autre.
«Lorsque les femmes deviennent veuves, une grande majorité d’entre elles décident de changer de conseiller parce qu’elles n’ont pas de relation d’affaires avec lui, souligne Suzanne Tremblay. Ce qui cause un autre problème : elles repartent alors de zéro.»
En changeant de conseiller, elles doivent recommencer toute la planification de patrimoine. Les années d’efforts passées à mettre de l’avant un plan qui n’aura pas été communiqué ou, pire, qui ne serait plus dans son intérêt, sont une perte réelle pour celle qui doit désormais tout gérer seule.
«Il faut qu’elles saisissent cette opportunité de bâtir une relation avec le planificateur lorsque leur conjoint est toujours en vie, tranche-t-elle. Il faut que le lien de confiance soit établi pour qu’au décès, cette personne puisse lui venir en aide tout de suite après le décès.»
Parce que changer de conseiller retardera inévitablement la planification du placement des sommes reçues de la succession du défunt.
Elle invite les femmes à rencontrer le conseiller en gestion de patrimoine du couple seules. Cela leur permettra de renforcer le lien de confiance et qu’il devienne votre conseiller.
Parlez de ce qui vous intéresse
Suzanne Tremblay croit fermement que les femmes ont beaucoup à gagner à participer aux finances du couple pendant que les deux membres sont encore en vie.
Elle suggère ainsi aux femmes de trouver une manière de parler directement de ce qui les intéresse.
«Les recherches en psychologie de l’investissement démontrent que les hommes s’intéressent beaucoup aux rendements, ce qui n’est pas nécessairement le cas pour les femmes, remarque-t-elle. Elles préfèrent savoir si le plan qu’elles ont établi, par exemple pour la retraite, tient encore la route. L’idée, c’est d’être en mesure de posséder certaines notions de finances personnelles pour être en mesure de prendre des décisions importantes lorsqu’elles se retrouveront seules pour le faire.»