LES GRANDS DU DROIT. Depuis plusieurs années, les cabinets d’avocats actifs au Québec s’efforcent de devenir plus inclusifs, autant pour des raisons de justice sociale que d’efficacité et de performance. Pour y arriver, ils multiplient à la fois les ressources internes et les engagements externes.
La diversité a souvent progressé grâce à des mouvements sociaux. En 2020, Black Lives Matter, né dans la foulée de cas de violence policière mortels contre des personnes noires aux États-Unis a augmenté d’un cran la sensibilisation envers le racisme systémique. Plusieurs cabinets ont déployé ou se sont joints à des initiatives pour le combattre.
En septembre, Blake, Cassels & Graydon (Blakes) a par exemple lancé Noir@Blakes, un réseau interne de professionnels juridiques noirs qui se consacre à la promotion de la diversité et de l’inclusion ainsi qu’à la réussite professionnelle à long terme de ses membres. Plusieurs autres cabinets se sont associés à des groupes, comme l’Association canadienne des avocats noirs, Black Female Layers Network et l’Association des étudiants noirs en droit.
Plusieurs firmes, dont Blakes, BLG, Davies, Dentons, Fasken, Gowling WLG et McCarthy Tétrault ont également signé, en août dernier, l’engagement proposé par l’initiative BlackNorth. Ils reconnaissent ainsi l’existence du racisme systémique envers les personnes noires au Canada et promettent de s’y attaquer par des moyens concrets. « La diversité constitue une priorité à l’échelle mondiale dans notre cabinet et l’initiative BlackNorth s’inscrit dans cette voie », souligne Me Solomon Sananes, associé directeur du bureau de Montréal de Norton Rose Fulbright.
Des efforts tous azimuts
« La diversité et l’inclusion font partie de l’ADN de McCarthy Tétrault, c’est une valeur importante pour nous », assure Me Karl Tabbakh, associé directeur régional pour le Québec. En 2018, le cabinet a lancé l’initiative Priorité à l’inclusion. Cette dernière vise à inclure les notions de diversité et d’inclusion dans l’identité de la firme et dans toutes ses actions. Un comité présidé par le chef de la direction, Me Dave David Leonard, supervise la mise en œuvre du plan de diversité et d’inclusion et effectue un suivi des résultats.
McCarthy Tétrault a été le premier dans la profession juridique à créer un bureau de l’inclusion consacré à la diversité, à l’inclusion et à la responsabilité sociale. Il a aussi nommé une cheffe de l’inclusion, Me Nikki Gershbain, qui siège au comité responsable de l’initiative Priorité à l’inclusion, tout comme Me Tabbakh. Les présidents de divers groupes d’action s’y trouvent également, comme ceux pour la fierté, pour l’inclusion, pour l’inclusion des personnes racisées, pour l’inclusion des personnes handicapées et pour l’égalité des sexes.
Ces groupes, dont le déploiement a été terminé en 2020, sont tous présidés par un.e associé.e. Ils pilotent le programme Priorité à l’inclusion et instaurent des initiatives en matière de recrutement, de fidélisation, d’éducation, mais aussi des projets dans la collectivité et les services juridiques bénévoles.
« Nous avons offert plus de 5 000 heures de services juridiques gratuits dans le cadre de ce programme, précise Me Tabbakh. Tous nos professionnels ont reçu des formations sur ces sujets et les dirigeants ont reçu des formations spécifiques à leurs rôles sur des thèmes, comme l’inclusion, les biais et la diversité. »
McCarthy Tétrault a aussi maintenu son appui financier à l’inclusion pendant la pandémie. En 2018, le cabinet annonçait un don de 5 millions de dollars sur cinq ans à Centraide United Way pour favoriser l’égalité des chances des femmes, des membres de la communauté LGBTQ2, des Autochtones, des nouveaux arrivants et des personnes handicapées. La firme a aussi mis sur pied un comité de réconciliation dont l’objectif consiste à élaborer des moyens concrets de travailler sur la réconciliation avec les peuples autochtones.
« Pandémie ou pas, il n’était pas question pour nous de renoncer à ce partenariat ni à nos autres initiatives pour promouvoir l’inclusion à l’intérieur du cabinet ou dans la société », insiste Me Tabbakh.
Moteur de changement
« La diversité ne se résume pas à cocher les bonnes cases ; ça doit vraiment faire partie des valeurs organisationnelles, souligne Anik Trudel, cheffe de la direction de Lavery Avocats. Ça doit être présent dans toutes nos décisions, que ce soit la composition des comités, les embauches et les promotions ou encore l’établissement des rémunérations. »
Selon elle, la diversité change la culture à l’intérieur d’une entreprise et stimule la créativité. Les différents points de vue permettent d’aborder les problèmes de manière plus efficace, tout en réduisant les risques d’avoir des angles morts. « Aucun cabinet d’avocats n’a le luxe de se priver de la diversité, assure-t-elle. C’est un moteur important de changement et d’évolution, et Dieu sait que notre industrie un peu conservatrice en a besoin. »