Au cours des dernières années, Marquis Imprimeur a fait des acquisitions qui l'ont propulsée au premier rang des imprimeurs de livres monochromes au Canada et au 12e en Amérique. Et si la croissance de l'entreprise de Montmagny s'est déroulée sans embûches, c'est beaucoup grâce à son conseil d'administration. «Il nous a permis d'éviter des erreurs coûteuses», dit Serge Loubier, président de la PME, dont le CA a été honoré lors de la Grande soirée gouvernance dans la catégorie Professionnalisation du conseil.
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Il donne en exemple la fois où il a voulu lancer un service qui s'écartait du coeur de son activité principale, laquelle consiste à servir les propriétaires de contenu du secteur de l'édition et des communications. «Je me suis battu pour convaincre le CA, mais mon idée n'a pas passé. Je me suis rendu compte qu'il avait eu raison quand nous avons effectué une grosse transaction peu après. Nous n'aurions pas pu mener les deux projets de front.»
«Une autre fois, j'ai tenu tête au CA et j'ai fait une erreur, poursuit Serge Loubier, pas orgueilleux le moins du monde. Maintenant, je sais que si je n'arrive pas à vendre mon idée, il vaut mieux y renoncer. Notre CA est formé de gens talentueux. Il faut tirer profit de la multiplication des cerveaux !»
Un CA plus indépendant
Fondée en 1937, Marquis Imprimeur s'est dotée d'un conseil d'administration en 2006 lors de son rachat par Serge Loubier et deux autres cadres, Pierre Fréchette et Marc Delisle. Il s'agissait d'une demande de Desjardins Capital de risque qui avait rendu le transfert possible en devenant actionnaire minoritaire.
À l'époque, le conseil était composé des trois cadres actionnaires et de deux administrateurs indépendants. Aujourd'hui, il compte sept administrateurs, dont quatre sont indépendants.
Stéphane Rousseau, titulaire de la Chaire en gouvernance et droit des affaires de l'Université de Montréal, salue cette évolution. «L'entreprise a bonifié sa gouvernance pour se donner les assises nécessaires à sa croissance. Les administrateurs indépendants apportent un regard externe sur la stratégie de la direction. Cela procure une reddition de comptes plus forte.»
M. Rousseau qualifie de pratique exemplaire le fait que la présidence soit assumée depuis 2012 par un administrateur indépendant, Jacques Mallette, ancien pdg du groupe d'imprimeries Quebecor World. «Le CA y gagne beaucoup en crédibilité.»
De bon conseil
Le recrutement d'administrateurs munis de compétences variées et en rapport avec les défis de Marquis est une autre bonne pratique. «Par exemple, nous venons de recruter une personne qui a une grande expérience dans le développement des affaires aux États-Unis, un marché où nous voulons prendre de l'expansion», dit M. Mallette, qui juge qu'une entreprise doit ajuster la composition de son CA au fil de sa progression.
Avec sa connaissance approfondie du secteur de l'imprimerie, lui-même apporte une expertise inestimable à l'entreprise qui a triplé sa taille après l'acquisition en 2012 des imprimeries de livres du Groupe Transcontinental. «Avec une telle croissance, la gestion des risques est cruciale», souligne-t-il.
Comme certains des administrateurs avaient vécu des situations semblables, le CA a été en mesure de bien épauler la direction. Pour faciliter le mariage des cultures des deux entreprises, il l'a entre autres incitée à ralentir la cadence des changements. Il a aussi aidé les dirigeants à fixer cinq priorités pour réussir la consolidation.
Dans une entreprise privée de la taille de Marquis (300 employés, chiffre d'affaires de 60 millions de dollars), le rôle du CA va plus loin que de simplement poser des questions, selon Jacques Mallette. Ainsi, il y a quelques mois, il a assisté aux négociations menant à l'achat de certains actifs de l'Imprimerie Lebonfon à Rouyn-Noranda. «Comme je connaissais le propriétaire, j'ai pu faciliter les choses.»
Pour sa part, Serge Loubier affirme que les administrateurs sont devenus des coachs pour lui. «Ils apportent une réelle valeur ajoutée et ils m'obligent à plus de rigueur, ce qui est positif pour l'entreprise.»
Certains entrepreneurs sont toutefois réticents à se doter d'un conseil d'administration, car ils estiment qu'il s'agit d'un frein à leur liberté d'action. «Bien sûr, ils doivent rendre des comptes et se structurer davantage, observe Stéphane Rousseau. Mais un CA génère habituellement plus de croissance.»
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