Jean-Guy Boulet avait 61 ans quand il s'est lancé en affaires en 2016. Il est aujourd'hui le président de Juvente, une entreprise de Montmagny spécialisée dans les cosméceutiques, qui intègrent dans les produits cosmétiques des ingrédients actifs pour en améliorer l'effet sur l'épiderme. Compliqué ? Pas si vous aviez entendu ses explications lors du panel que le journal a organisé début juin à Lévis, dans le cadre de notre tournée Focus, dans la région Chaudière-Appalaches. En prime, nous avons avec lui la preuve évidente qu'il n'y a pas de limite d'âge pour devenir entrepreneur au Québec !
Un panel inspirant
L'accompagnaient, pour ce panel, qui réunit toujours des entrepreneurs aux parcours aussi différents qu'inspirants, Sylvain Caya, président de HLC Amérique du Nord, et Jimmy Plante, cofondateur et président de Construction Virtuelle et Technologie BIM One.
M. Caya, 48 ans, comptable agréé de formation, a longtemps travaillé chez Teknion, une autre entreprise phare de la région, avant de joindre Cycles Lambert, de Lévis, en 2006. Sous sa gouverne, l'entreprise a connu une forte expansion au point de devenir le plus important distributeur de pièces de vélo du Canada, alimentant 1 000 détaillants au pays et 4 000 aux États-Unis. L'acquisition d'une entreprise en Caroline du Sud a contribué à ce succès. Cette société regroupe aujourd'hui 100 des 225 employés de l'entreprise, les autres travaillant à Lévis.
M. Plante, 31 ans, était le plus jeune du groupe. Originaire de la Beauce, d'un père entrepreneur en construction, il avait déjà la piqûre des affaires à 16 ans, alors qu'il confectionnait des sites web pour des clients. Il entre plus tard chez Canam, en informatique.
C'est alors qu'il découvre la technologie BIM, pour Building Information Modeling, ou Modélisation des données du bâtiment. En fait, elle permet de concevoir des bâtiments en 3D. Il décide, en 2014, à 27 ans, de se lancer. Avec peu de fonds de roulement : les paies qui reviennent de jeudi en jeudi, et un peu d'aide de son père. Il est maintenant établi à Saint-Georges.
Jean-Guy Boulet, lui, travaille maintenant à faire connaître les produits de Juvente partout au Canada, et au-delà. «Pour nous, l'Amérique du Nord, c'est pratiquement devenu un marché local... nous regardons maintenant vers l'Asie.» Encore faut-il trouver le personnel, au moins bilingue. Et dans Chaudière-Appalaches, qui affiche le taux de chômage le plus faible de tout le Québec, c'est un défi de tous les instants. Mais qu'est-ce qui a pu le motiver à plonger en affaires à l'âge où la plupart des gens pensent à la retraite ? En réalité, il y songeait depuis un bon moment, ayant passé une bonne partie de sa vie à conseiller des entreprises. «Puis, ma blonde m'a dit que j'avais tellement fait pour les autres, pourquoi je n'en ferais pas autant pour nous ? Et j'ai plongé.»
C'est vrai qu'il en avait fait du chemin comme consultant pendant plus de 30 ans, beaucoup pour des clients manufacturiers, puis avec la firme Zins Beauchesne et associés, partie intégrante - à l'époque - de Secor. «Mais j'imagine que j'avais déjà le germe des affaires, contaminé alors que j'avais 4 ans par notre entreprise familiale, les Biscuits Montmagny... Ça devait être dans mon ADN.»
L'exemple paternel a aussi influencé M. Caya. «Mon père était entrepreneur en construction, nous a-t-il dit, il contribuait à l'économie du Québec, et c'est aussi mon intention. Créer de la richesse ici permet de soutenir les programmes sociaux qui nous importent beaucoup.» Il travaille maintenant à propulser l'entreprise dans le 21e siècle, avec une présence accrue sur le Web. Et même si l'essentiel de son marché concerne la distribution de pièces, il entre maintenant dans le marché des vélos eux-mêmes. Un secteur en bonne croissance, pas besoin de le rappeler.
Personnel bilingue recherché
Les défis de chacun ? «Accentuer notre présence sur le Web pour nous faire connaître partout au Canada et aux États-Unis», dit M. Boulet, qui ajoute que le recrutement de personnel au moins bilingue demeure problématique dans la région.
Même enjeu de bilinguisme pour le personnel pour M. Plante : «Nous avons engagé deux jeunes qui parlent quatre langues, dit-il. Ça aide, parce que quand tu fais ton pitch, tu ne veux surtout pas que ça paraisse maladroit... et nous voulons, à terme, 200 employés dans sept bureaux !»
Ce à quoi le maire de Saint-George, Claude Morin, présent dans l'auditoire, a renchéri : «Ce sont des gens entreprenants comme lui dont nous avons besoin chez nous !»
En plein déploiement de son réseau de distribution de pièces de vélos, M. Caya songe à offrir sa propre marque privée et à intensifier sa présence en ligne.
Et il y va de ce constat, qui peut aussi servir de conseil à tout entrepreneur : «Il ne suffit pas de développer un produit ; il est essentiel de travailler encore et toujours sur l'ensemble de l'expérience avec le client.»
*Ce texte a été modifié depuis sa mise en ligne.
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