FOCUS RÉGIONAL MONTÉRÉGIE. La pénurie de main-d’œuvre est une tempête dans laquelle l’entreprise Robotech Automatisation doit naviguer avec agilité. Le bon côté, c’est qu’elle a fait bondir la demande pour les solutions d’automatisation sur mesure de l’entreprise auprès des PME manufacturières québécoises.
Francis Bourbonnais, vice-président de l’entreprise, nous assure que les affaires vont très bien. « La demande est bonne et on a un beau carnet de commandes bien rempli. Nos équipes sont occupées. On ne s’ennuie pas », lâche-t-il au bout du fil lors d’un entretien avec Les Affaires.
Les conditions de lancement de l’entreprise ont été tout sauf une mer tranquille. « Le départ officiel de l’entreprise s’est fait le 1er mars 2020. Le 13 mars, on retournait à la maison », rappelle-t-il.
C’est finalement un premier projet majeur au mois d’août de la même année qui a fait décoller l’entreprise. C’est à ce moment que lui et son associé, Carl Thibault, ont embauché leurs deux premiers employés.
« Nous avons terminé l’année avec sept employés, dit Francis Bourbonnais. L’année suivante, on en avait 12. En 2022, ils étaient 21, et cette année, on prévoit être 25. On vise 33 employés en 2024 et près de 50 en 2025. »
Rattraper le temps perdu
Le Québec, comme le reste du Canada, traîne de la patte dans l’automatisation et la robotisation de ses procédés industriels et manufacturiers. Par exemple, on comptait 932 robots installés pour 10 000 employés en Corée du Sud en 2020. Au Canada, cette proportion était de 176, selon la firme Statista.
« [Au Québec], nous n’avons pas de grandes productions de masse comme en Europe ou aux États-Unis. Ce sont souvent des produits qui ont beaucoup de particularités et qui sont difficiles à automatiser. Il y a une partie du retard qui s’explique par cette particularité », dit Francis Bourbonnais.
Les conditions actuelles du marché de l’emploi imposent cependant un vent de changement. « Bien des PME sont forcées de prendre le virage de l’automatisation et de la robotisation, car leur production est largement impactée par le manque de travailleurs, dit Francis Bourbonnais. Elles sont obligées de passer par l’automatisation pour remplir leurs engagements. »
Évidemment, cette situation a un effet direct sur une entreprise comme Robotech Automatisation. La demande pour ses équipements automatisés sur mesure ne cesse de croître.
« La première année, on a commencé avec 700 000 $ de chiffre d’affaires. L’année suivante, en 2021, on a fait 2,5 millions de dollars (M$), et l’année dernière, 2022, on a fait 3,8 M$. Cette année, c’est quand même très bien, on projette de terminer à 4,6 M$, et l’année prochaine, à 6 M$. »
« C’est à 6 M$ que nous allons avoir une belle structure d’entreprise. Après, la croissance va se faire par l’approche de produits, avec la diversification. Mais dans le domaine du sur-mesure, si on veut être agiles et efficaces, on ne peut pas se permettre d’avoir une structure trop élaborée. D’une certaine manière, chacun de nos produits est un prototype. Il faut être rapide, agile, et vite se diriger vers la solution. »
Malgré cette croissance soutenue, il demeure difficile pour l’entreprise de trouver des concepteurs mécaniques, des techniciens, des ingénieurs ou des programmeurs de machines. « Ce qu’on offre à nos employés, ce sont des défis uniques et un environnement technologique innovant », insiste d’ailleurs Francis Bourbonnais.
Maître chez soi
Le Québec demeure le principal marché de la PME de Longueuil. Pour le moment, elle n’a pas l’intention de s’aventurer à l’extérieur. Ce qui ne veut pas dire que ses produits ne traversent pas les frontières.
« [Nos équipements automatisés sur mesure sont] autant des systèmes mécaniques que des robots. Par définition, c’est pour des applications spécifiques de clients. Ce sont des systèmes qui sont développés pour eux. Ce ne sont donc pas des systèmes qui sont facilement exportables. »
L’entreprise est très présente au Québec. « On a des clients sur la Rive-Nord, en Beauce, en Estrie. […] Souvent, il faut dire, ces clients ont des usines à l’étranger. Dans ce cas, des systèmes que nous développons pour des usines d’ici, on va pouvoir les exporter. » Les affaires débordent ainsi un peu en Ontario et aux États-Unis.
Avant de tenter une percée hors Québec, Francis Bourbonnais veut toutefois consolider ses assises. « On a une belle position de référence dans tout ce qui touche le sur-mesure dans la province. D’ici dix ans, nous voulons consolider notre position de leader dans ce domaine. »