La condition des femmes au travail évolue-t-elle réellement au Québec? Va-t-elle vraiment en s'améliorant, comme on se plaît généralement à le croire a priori, ou pas? Pour en avoir le cœur net, le cabinet de ressources humaines Randstad a commandé un sondage à Ipsos Reid, lequel montre, entre autres, que les obstacles sont toujours nombreux et majeurs dans la carrière des femmes…
Ainsi, deux Québécoises sur cinq (41%) affirment que trouver l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle est aujourd'hui la plus grande difficulté qu'elles aient à surmonter. À cela s'en ajoutent d'autres, en particulier les perspectives d'avenir limitées sur le marché de l'emploi (38%), les perceptions désuètes liées aux femmes occupant un poste de direction (36%) et le manque de mentor féminin (36%).
Cela étant, il convient de souligner que les Québécoises sont les Canadiennes qui estiment avoir le moins de mal à surmonter cette difficulté durant leur carrière : par exemple, au Manitoba et en Saskatchewan, 75% des femmes voient le fait de concilier travail et vie de famille comme un obstacle majeur; ou encore, en Ontario, 54% des femmes ne se sentent pas la bienvenue dans l'équipe de haute-direction, ni même en mesure d'obtenir la confiance de celle-ci.
Bien que trouver l'équilibre entre la vie professionnelle et personnelle représente l'obstacle le plus important, la grande majorité des Québécoises (91%) pensent être capables d'y parvenir. De plus, la moitié (49%) estiment qu'il est plus facile de gérer les obligations familiales et professionnelles aujourd'hui qu'il y a cinq ans. Et inversement, une Québécoise sur quatre (26%), qu'il est plus difficile de gérer leurs obligations aujourd'hui qu'autrefois. «Il s'agit là de signes très positifs pour les femmes qui visent les niveaux décisionnels de leur organisation», dit Delphine Robert, directrice, marketing, de Randstad Canada.
Maintenant, est-ce que les hommes et les femmes reçoivent une rémunération égale pour les mêmes postes et les mêmes responsabilités? La réponse est un "non" retentissant. De fait, 67% des Québécoises pensent qu'il existe un fossé – une différence très importante ou modérée – entre les sexes en matière de salaires. Même chose pour les promotions, trois Québécoises sur cinq (62%) considèrent que les hommes sont avantagés sur ce plan. Ou encore, la majorité des femmes croient que les hommes ont plus souvent l'occasion de prendre des décisions importantes que les femmes et que les hommes se voient encore attribuer les meilleurs postes.
Toutefois, les femmes ont constaté qu'il y a eu des changements positifs au cours des cinq dernières années et que le monde du travail tend vers une parité entre les hommes et les femmes. Un exemple : selon 25% des Québécoises interrogées, le Québec figure actuellement parmi les provinces qui nomment le plus de femmes à des postes de direction; une perception que n'ont pas nombre de femmes d'autres provinces (en Alberta, seulement 18% des femmes le croient; en Colombie-Britannique, 20% des femmes).
Qu'est-ce qui pourrait contribuer à améliorer encore la situation dans les années à venir? Trois femmes sur cinq (65%) pensent que des conditions d'emploi plus souples, comme des horaires flexibles et le télétravail, pourraient permettre à plus de femmes de s'acquitter efficacement des tâches liées à un poste de direction. La moitié des femmes (52%) estiment aussi que les organisations devraient mettre davantage l'accent sur la diversité dans les postes de direction. Enfin, la moitié (51%) croient que de meilleurs programmes de mentorat seraient bénéfiques aux femmes.
L'avenir semble donc s'annoncer plus rose pour les Québécoises au travail. D'ailleurs, nombre d'entre elles s'attendent à voir plus de femmes occuper des postes de direction dans les cinq prochaines années, surtout dans le secteur de l'éducation (62%). Les autres secteurs les plus prometteurs sont, d'après elles : la santé, les services financiers, l'hébergement et les services professionnels.
À noter, pour finir, que le Québec figure dans le Top 3 des provinces où les femmes sont les plus ambitieuses. D'après le sondage, les femmes de la Colombie-Britannique (27%), de l'Ontario (24%) et du Québec (24%) ont plus tendance à aspirer aux rangs supérieurs de leur organisation. Dans les provinces de l'Atlantique et en Alberta, les femmes tendant davantage à n'avoir aucun désir d'accéder aux postes élevés dans la hiérarchie.
Tous ces résultats proviennent d'un sondage réalisé par Ipsos Reid entre le 18 et le 25 juin 2012 pour Randstad Canada. Un échantillon de 500 femmes qui occupent un rôle de direction au sein de leur organisation ont été interviewées en ligne. Un sondage réalisé avec un échantillon aléatoire non pondéré de cette taille et un taux de réponse de 100% aurait une marge d'erreur estimative de +/- 4,4 % de points de pourcentage, 19 fois sur 20.
Le Groupe Les Affaires tiendra le 20 septembre prochain à Montréal la conférence Femmes Leaders. Pour les renseignements, visitez notre section événement.