Notre journaliste a accompagné les mineurs qui travaillent dans les profondeurs de trois mines en Abitibi et dans le Nord-du-Québec. Incursion dans les entrailles de la Terre.
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Fixée au câble de la cage, une gigantesque pièce d'acier, longue de 2 ou 3 mètres (m), descend dans le puits étroit de la mine Beaufor. Au niveau 2 000, à 610 m de profondeur, deux hommes attendent la pièce de pied ferme, communiquant par des coups de cloche leurs consignes à l'opérateur du treuil, en surface. Ils réussissent de peine et de misère à l'immobiliser sur un wagon, qui l'emmène aussitôt au garage.
C'est là que Mines Richmont ressoude, un à un, les composants de son nouveau tombereau de 30 tonnes (t), avec l'avoir découpé en surface pour pouvoir le descendre dans la mine.
Si Richmont a mis beaucoup d'effort en 2015 dans l'exploration de sa propriété Island Gold, en Ontario, elle n'a pas pour autant négligé sa mine Beaufor, à 25 kilomètres de Val-d'Or. La société de Rouyn-Noranda a même annoncé en juillet qu'elle descendrait encore plus bas, en vertu d'un plan de mine qui doit prolonger ses réserves jusqu'en 2017.
Voilà bientôt 20 ans que Richmont y suit des filons et elle n'a toujours pas fini, après en avoir extrait 500 000 onces d'or. En effet, la mine est entrée en production en janvier 1996. Richmont en est devenue l'unique propriétaire en 2010, quand elle a racheté les parts de la société Louvem.
Le haut de la zone Q est déjà à portée de main pour Richmont, soit quelque 34 m verticalement sous son niveau 2 000 [à 610 m]. Richmont évalue d'ailleurs à 2,5 millions de dollars le coût des travaux de développement pour l'atteindre. La structure descend ensuite jusqu'à 915 m. Il s'agit d'un gisement filonien suffisamment vertical pour permettre une exploitation «long trou», où l'on pourra mettre à profit la gravité pour réduire les coûts de transport du minerai.
Une mine qui ne veut pas mourir
La zone Q était déjà connue de Richmont, qui l'avait traversée les premières fois en 2006. «On avait mis beaucoup de mètres [de forage] d'abord, puis on l'a laissée tomber pendant quelques années», raconte Marc-André Lavergne, directeur général de la mine. «On a repris en 2012 et on a fait notre plan de mine.»
En 2014, Richmont a investi pour 40 000 m de forage exploratoire dans sa mine. Cette année, elle avait un budget d'exploration pour 30 000 m, mais étant donné les résultats encourageants de la zone Q, elle en fera plutôt 40 000, dont le tiers dans celle-ci.
«On a monté des ressources dans la zone, dont une partie sera transférée en réserves d'ici la fin 2015, dit M. Lavergne. Elle a le potentiel de la zone C, qu'on a exploitée pendant 10 ans.» Les réserves de la mine s'établissent présentement à 144 500 t, d'une teneur d'un peu plus de 7 g/t d'or, pour 32 750 onces.
Quand on lui demande si 2017 signifiera, cette fois-ci, la fin de la mine, M. Lavergne remet les pendules à l'heure. «Ça fait 20 ans que la mine en a pour un ou deux ans», dit-il.
«Dans les gisements filoniens, on a des chantiers étroits et c'est difficile de voir sur plusieurs années d'avance, ajoute-t-il. Pour générer du tonnage, il faut faire énormément de forage. Là, on a deux ans pour continuer à forer et ajouter des réserves et des ressources. La zone Q est probablement la deuxième structure en importance qu'on ait eue à Beaufor.»
Bref, ce n'est pas parce qu'on ne voit pas loin devant soi qu'on ne sait pas où on s'en va.
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