Où les entrepreneures trouvent-elles leurs idées pour innover ? Qui peut les aider lorsqu'il faut moderniser les équipements ou financer les projets de leur entreprise ?
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«Le réseautage reste le meilleur moyen d'innover», dit Johanne Bousquet, pdg de Chagall Design, à Sainte-Julie. Depuis 1992, cette femme d'affaires dirige une entreprise de création, de fabrication et d'installation d'environnements commerciaux au Québec.
Pour demeurer en tête de peloton, elle multiplie les participations dans les salons commerciaux mondiaux en quête de nouvelles idées. L'événement C2 Montréal figure également parmi ses activités de réseautage. Le fait de discuter avec des entrepreneurs de secteurs autres que le sien est également très bénéfique, dit-elle. «Ça me permet d'avoir une meilleure vue d'ensemble sur ce que mon entreprise fait, et de ce qui doit être fait pour qu'elle continue de se démarquer», ajoute-t-elle.
Johanne Bousquet et deux autres entrepreneures, MarieChantal Chassé, pdg de JMJ Aéronautique, à Saint-Hubert, et Dominique Nadeau, nouvelle directrice générale de Safari Condo, à Saint-Frédéric, ont fait part de leurs stratégies et solutions pour innover lors d'une conférence téléphonique organisée par Les Affaires.
La force du réseautage
Adepte du réseautage, Dominique Nadeau, de Safari Condo, fait partie d'un regroupement d'une dizaine de chefs d'entreprises de la région de Québec-Chaudière-Appalaches. Cette association tient une rencontre tous les deux mois. «C'est une occasion de partager nos expériences, nos problématiques, et de discuter de nouvelles technologies pouvant nous aider à mieux progresser», dit la fabricante beauceronne. Fondée en 1998 par son père Daniel, Safari Condo construit des véhicules récréatifs.
C'est au cours d'une de ces rencontres qu'on a recommandé à Safari Condo, l'année dernière, un consultant qui a guidé l'entreprise dans sa sélection d'un logiciel de gestion intégré. «Il s'agissait pour notre entreprise d'un investissement majeur de 200 000 $. Nous avions besoin d'être bien conseillés, d'avoir des références. Notre réseau nous a été bien utile dans ce dossier», rapporte Mme Nadeau.
MarieChantal Chassé, dont l'entreprise se spécialise dans l'assistance technique auprès des acteurs de l'aéronautique, croit aussi à l'importance du réseautage. Et plus particulièrement aux réseaux qui la rapprochent des différents programmes d'aide.
«Je n'hésite pas à penser comme les grandes entreprises. J'utilise mes relations d'affaires pour frapper à la porte des gestionnaires de programmes gouvernementaux. Cela permet à JMJ Aéronautique de bénéficier de bons coups de main financiers qui réduisent les risques», indique l'ingénieure en matériaux, qui a fondé son entreprise en 1996. JMJ Aéronautique travaille notamment en collaboration avec des centres de transfert de technologie et de recherche du Québec, ce qui lui donne accès à des crédits d'impôt.
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À l'ère de la collaboration
Cependant, ce qui allume encore plus ces jours-ci l'ingénieure, c'est la force du partage des ressources. «Pour générer davantage de savoir, de réussites et de richesse, le partage des ressources est essentiel. Du moins en aéronautique. On [les entreprises québécoises] n'a pas les moyens de concurrencer Seattle et Toulouse chacune en solo.»
Mme Chassé participe donc activement au déploiement du projet mobilisateur PARC (Partage automatisé des ressources dans des communautés). Ce projet réunit entre autres Bombardier, Bell Helicopter, Héroux-Devtek, Pratt & Whitney, ainsi que l'École Polytechnique, McGill et l'École de technologie supérieure afin de discuter du partage de la main-d'oeuvre et d'équipements de recherche. «Ce programme, qui doit voir le jour l'an prochain, permettra aux entreprises du secteur de l'aérospatiale du Grand Montréal de partager des ingénieurs et autres travailleurs spécialisés selon les divers cycles de chaque entreprise», dit Mme Chassé.
Est-ce une caractéristique propre au sexe féminin de recourir à cette nouvelle forme d'économie sociale ? MarieChantal Chassé le pense. «Ça a toujours été dans nos gênes de trouver "comment faire plus avec ce qu'on a"», répond l'ingénieure. À l'ère du développement durable, c'est une aptitude vitale, ajoute-t-elle.
Un phénomène générationnel
Les deux autres participantes croient plutôt que cette notion de partage et de collaboration est un phénomène générationnel. Elles l'intègrent justement à leur mode de gestion. «Nos employés, particulièrement ceux de la génération Y, veulent vraiment partager leurs idées», souligne Johanne Bousquet. L'ingénieure a mis en place un comité de travail responsable de l'innovation. Cette équipe de trois personnes, qui se réunit une fois par semaine, discute autant d'équipements que des nouveaux services que Chagall Design pourrait offrir à sa clientèle.
Sans disposer d'un tel comité, Safari Condo fait elle aussi appel aux idées de ses employés pour améliorer ses produits. «On les invite à essayer nos différents véhicules récréatifs, le temps d'un week-end, voire pendant une semaine. Cet exercice leur permet de faire part de leurs commentaires sur nos produits», dit Mme Nadeau.
Entreprendre au féminin
Série 3 de 5. Des femmes d'affaires débattent des grands défis d'entrepreneuriat qu'elles relèvent.
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