EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE: LES ENTREPRISES EN ACTION. Les données et l’intelligence artificielle présentent un fort potentiel sur le plan de la mobilité électrique intelligente. Et si certaines entreprises ont déjà commencé, chacune de leur côté, à exploiter le potentiel de l’analytique, l’ensemble des acteurs du secteur tardent à travailler de concert pour en tirer le maximum.
En juin 2022, la grappe industrielle des transports électriques et intelligents de la province, Propulsion Québec, publiait « Ambition TEI 2030 ». Il s’agit d’une feuille de route industrielle visant à faire du Québec un chef de file des transports électriques et intelligents d’ici 2030.
Rédigé à la suite d’une mobilisation de plus de 200 participants dans un processus de réflexion collaborative, ce document présente huit thématiques stratégiques à développer si le secteur veut parvenir à réaliser ses ambitions de développement des transports électriques et intelligents. Parmi ceux-ci, on compte par exemple le développement d’un bassin de talent de classe mondiale, la stimulation d’innovation à fort potentiel, un accès amélioré au capital et aux opportunités de financement, et le déploiement accéléré d’infrastructures telles que des bornes de recharge.
On compte également la favorisation d’une gestion collaborative et sécuritaire des données. « Et sur les huit thèmes proposés dans la feuille de route, c’est celui où nous avons fait le moins de progrès », constate Sarah Houde, PDG de Propulsion Québec. « C’est le seul thème qui n’est pas démarré. »
Un consensus à établir
La feuille de route de Propulsion Québec part du constat que le Québec — et Montréal plus spécifiquement — est un leader mondial sur le plan de l’intelligence artificielle, et suggère que le secteur des transports aurait grand avantage à capitaliser sur cette force.
L’organisme propose trois mesures pour y arriver. D’abord, il suggère de déterminer des modèles de monétisation des données compatibles avec le secteur du transport, et de procéder à des études de cas sur des modèles d’affaires. Ensuite, il invite à faire arriver les premiers projets de mobilitéś intégrée dans différentes villes du Québec. Enfin, il préconise la création de normes et de modèles de gestion de données dotés d’une gouvernance juste, transparente et sécuritaire pour la gestion des données en mobilité.
« Toutefois, les tâches à réaliser pour développer ce thème n’ont pas fait l’unanimité auprès de nos membres », dit Sarah Houde. Il était par exemple recommandé de créer une bibliothèque de données pour centraliser les données d’une foule de membres afin de faciliter notamment le développement d’applications. Aucun terrain d’entente n’a toutefois été trouvé quant aux détails techniques et à la manière de procéder, et Propulsion Québec n’a pas été en mesure de trouver d’entreprise pour porter le dossier.
Toute la question de la gouvernance des données — qui en sera propriétaire, comment sera-t-elle partagée, comment en assurer la confidentialité — reste donc à être abordée.
Il y a cependant une certaine urgence d’agir chez Propulsion Québec, puisque cette stagnation se traduit en pratique par des occasions manquées, déplore Sarah Houde. « Un meilleur accès aux données pourrait nous permettre de développer de nouveaux modèles d’affaires, de trouver de nouvelles manières de nous transporter, et d’en arriver à une mobilité intégrée offrant aux consommateurs un accès plus facile à un cocktail de transport », dit-elle.
La PDG mentionne par exemple l’information sur les stationnements (quelles places sont disponibles?). Ce genre d’information pourrait être utilisé pour développer, par exemple, un programme de réservation de places pour les camions de livraison. Ou encore, les données de Bixi pourraient permettre de voir les trajets les plus populaires, ce qui donnerait l’occasion aux entrepreneurs de déterminer les endroits les plus appropriés pour ouvrir une entreprise de services destinés à des cyclistes, comme une clinique mobile de réparation de vélos.
« Enfin, on peut penser aux données sur les déplacements des taxis, illustre Sarah Houde. Quelqu’un pourrait décider de développer un modèle d’affaires de livraison de colis entre les destinations les plus courantes. »
Plus d’efficacité
Les données ont aussi le potentiel de rentre les transports plus efficaces, qu’il s’agisse de véhicules à essence ou de véhicules électriques. C’est d’ailleurs un peu la mission de Niosense.
Basée à Repentigny, l’entreprise utilise l’intelligence artificielle et les données GPS intégrées dans les camions de marchandise pour déclencher les feux de circulation et donc économiser de l’essence : un premier projet a été réalisé à Trois-Rivières.
« Un camion peut brûler trois litres de carburant pour arrêter à un feu et accélérer de nouveau », explique Patrick Lauzière, le fondateur et PDG. Mais ce modèle reste prometteur dans un avenir de transport électrique, assure-t-il.
« Actuellement, c’est 30 % de l’énergie des transports qui est gaspillée en raison des arrêts-départs. Même pour un véhicule électrique, c’est environ 9 % de l’énergie qui est perdue de la sorte. Alors notre modèle reste pertinent pour réaliser des économies d’énergie dans un monde de mobilité électrique. »