Lorsqu'une ville ou une MRC aménage un nouveau parc industriel dans sa cour, comment peut-elle s'inspirer de bonnes pratiques en développement durable pour bonifier le projet ? Les Affaires a posé la question aux artisans de trois nouvelles zones industrielles de la province en plein essor.
Il n'y a pas que les villes de Montréal et de Québec qui disposent d'un parc technologique sur leur territoire. Depuis 2014, la Ville de Lévis développe à bon train son Innoparc.
« Notre modèle s'inspire, entre autres, du Technopôle du Madrillet, à Rouen, en France », signale Philippe Meurant, directeur du développement économique et de la promotion à la Ville de Lévis.
Ce n'est pas tant l'architecture des bâtiments, précise-t-il, que la localisation et le plan de développement de ce parc en Normandie qui a attiré l'attention de l'administration lévisienne. « La moitié des 200 hectares occupés par cette technopole est constituée d'espaces verts et d'un boisé aux arbres séculaires. L'endroit regroupe déjà une quarantaine d'entreprises en recherche et développement, une vingtaine de laboratoires et surtout trois établissements d'enseignement supérieur qui servent de bassins pour le recrutement », poursuit M. Meurant. Le parc est également voisin d'une zone résidentielle.
Réparti sur 5 millions de pieds carrés, l'Innoparc de Lévis accueille déjà une douzaine d'entreprises spécialisées en R et D, critère de sélection numéro un pour s'inviter dans la zone. L'entreprise Créaform vient d'y investir 20 millions de dollars pour la construction d'un nouveau siège social de 76 000 pieds carrés. Aménagé à l'angle de la route du Président-Kennedy et de l'autoroute 20, ce jeune parc a pour particularité de s'intégrer au pôle Desjardins qui réunit déjà 300 commerces, le centre de congrès, un campus universitaire de l'Université du Québec à Rimouski et la présence d'un boisé de 7 millions de pieds carrés, le parc Valero Les Écarts, sillonné par 18 km de sentiers. De plus, on recense plus de 1 000 logements dans un rayon de moins de 1,5 km.
Contrecoeur veut suivre Savannah
À quoi ressemblera le futur terminal à conteneurs de la zone industrialo-portuaire de Contrecoeur, dont la construction est estimée à plus de 750 M $ ? Une visite dans les environs du port de Savannah, en Géorgie, vous en donnera une bonne idée. « On admire ce port qui a su préserver de multiples zones humides. Plutôt que de tout construire dans un bloc à un seul endroit, on retrouve des dizaines de zones industrielles dans un rayon de 50 km du port », soulève Sylvain Berthiaume, directeur général de la MRC d'Youville. Ce modèle permet ainsi à plusieurs municipalités limitrophes de profiter des retombées du port. « Au lieu d'utiliser uniquement des terres agricoles près de Contrecoeur, ce modèle permettra aussi de poursuivre le développement dans des secteurs industriels déjà existants à Sainte-Julie, Varennes, Saint-Amable et Verchères. » De plus, note-t-il, à l'avantage de Savannah, la zone de Contrecoeur se trouve au coeur d'une zone intermodale qui, outre la voie maritime, inclut le transport par camions, par trains, y compris par voie aérienne avec l'aéroport de Saint-Hubert, situé à une quarantaine de kilomètres du port.
« Autre facteur inspirant, les autorités du port de Savannah travaillent activement avec leurs collectivités environnantes, sans oublier les institutions scolaires, afin d'assurer et maintenir un bon bassin d'emplois », indique Matthieu Charbonneau, directeur général de Cargo M, un organisme qui rassemble les acteurs de la logistique et du transport de marchandises du Grand Montréal. Le modèle Savannah, poursuit-il, est parvenu à attirer plus de 250 centres de distribution dans ses environs. Ce qui a eu pour conséquence d'augmenter le trafic maritime du port. Le port de Savannah, qui traite déjà plus de 3,5 millions de conteneurs EVP (équivalent vingt pieds) par année, souhaite atteindre les 10 millions d'ici 2028. Le projet d'expansion de Contrecoeur, toujours en consultations publiques, prévoit recevoir 1,15 million de conteneurs EVP par an.
Lachute, modèle international ?
Depuis plus de 35 ans, le parc industriel modèle en économie circulaire est celui de Kalundborg, au Danemark. Or, la nouvelle Synercité de Lachute pourrait bien aspirer à cette position sous peu.
Lancé officiellement en février dernier, ce nouveau parc éco-industriel de 3 millions de pieds carrés a la particularité de s'articuler autour de l'usine Tricentris, souligne Benoît Gravel, directeur général de la ville de Lachute. Ce parc, explique-t-il, permettra à l'usine, qui reçoit 200 000 tonnes métriques de papier, de carton, de métal, de plastique et de verre chaque année, de s'entourer d'entreprises qui vont utiliser ses matières recyclées comme principale ressource.
Tricentris, qui recueille plus de 30 % du verre recyclé au Québec, dispose déjà de sa propre usine de micronisation depuis 2013. Construite au coût de 5,3 M $ près du centre de tri de Lachute, cette usine transforme le verre en sable de filtration pour piscine, en poudre abrasive pour enlever la peinture et en ajout cimentaire pour la fabrication du béton. « Cette usine est d'ailleurs devenue un modèle international de symbiose industrielle qui intéresse grandement plus d'une quinzaine de pays comme la France, les États-Unis, l'Île de la Réunion, la Grande-Bretagne et le Portugal », précise Gregory Pratte, porte-parole chez Tricentris.
Déjà, six entreprises québécoises ont montré un sérieux intérêt pour déménager au coeur de la nouvelle Synercité, soulève M. Pratte. L'un de ces projets serait même évalué à plus de 20 M $. L'aménagement d'une garderie, y compris celui d'une cafétéria commune, figure dans les plans de développement.
CLIQUEZ ICI POUR CONSULTER LE DOSSIER «DES PARCS INDUSTRIELS ET TECHNOLOGIQUES PLUS VERTS»