Avec quelque 7 000 oeuvres, la collection de la Banque Nationale est la plus importante collection d'entreprise du Canada (pour le nombre d'oeuvres et non sa valeur), affirme Jo-Ann Kane, la conservatrice.
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L'initiative de cette collection, qui remonte à 1971, revient à André Bachand, père de Raymond, l'ancien ministre des Finances du Québec. M. Bachand père avait lancé quelques années plus tôt ce qui est devenu le Bureau du développement et des relations avec les diplômés de l'Université de Montréal, une entité chargée de recueillir des fonds pour l'établissement.
«Mon père connaissait presque tous les dirigeants de grandes entreprises du Québec pour avoir sollicité auprès d'eux un don à l'Université de Montréal, explique Raymond Bachand à Les Affaires. Et comme il était un grand collectionneur de gravures, il s'était mis en tête de convaincre l'institution financière de mettre sur pied une collection pour aider les graveurs.»
M. Bachand ne se souvient plus si c'est la Banque canadienne nationale ou la Banque provinciale du Canada (elles ont fusionné en 1979 pour former la Banque Nationale du Canada) qui a créé la collection d'oeuvres d'art.
Une collection à trois volets
Mme Kane, qui est également présidente du conseil d'administration de l'Association des collections d'entreprises, explique que la collection de la Banque Nationale est répartie en trois volets.
Le volet historique comprend des oeuvres à partir de 1895 jusqu'à la période contemporaine. Il regroupe de grands noms de la peinture canadienne et québécoise, comme Jean-Paul Riopelle, Jean-Paul Lemieux, Paul-Émile Borduas, Ozias Leduc, Suzor-Côté, Maurice Cullen et Arthur Lismer.
Le deuxième volet porte sur l'art contemporain (oeuvres produites depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale). Il rassemble des artistes de renom, dont Marcelle Ferron, Fernand Leduc, Serge Lemoyne, Guido Molinari, Edmund Alleyn, Charles Gagnon et Robert Wolfe.
Le troisième volet, la collection d'art actuel, réunit des oeuvres réalisées au cours des 10 dernières années par des artistes tels que Valérie Blass, Patrick Coutu, Pascal Grandmaison, Lynne Cohen, Marc Séguin, Ken Lum et Ian Wallace.
Cliquez ici pour consulter le dossier «Comment investir dans l'art»Tous ces artistes - on en compte 1 942 dans la collection - sont canadiens, et environ 80 % sont québécois. Ce n'est pas pour tirer profit de l'avantage fiscal lié à l'achat d'oeuvres d'artistes canadiens, assure Mme Kane. «Nous ne profitons pas de cet avantage ; le but de la collection est de soutenir les artistes canadiens, principalement québécois, pas de payer moins d'impôt.»
Mais où retrouve-t-on toutes ces peintures, estampes, sculptures, photos et autres ? «Partout où il y a une enseigne de la Banque Nationale», répond-elle. C'est-à-dire dans toutes les succursales de la Banque Nationale, dans les trois principaux immeubles qu'elle occupe au centre-ville de Montréal, soit le 600-700 De La Gauchetière, le 500 Place d'Armes et l'Édifice Sun Life, mais également dans ses bureaux ailleurs au Canada, aux États-Unis et en Europe.
Les critères d'acquisition
Avant d'acheter une oeuvre, Mme Kane fait beaucoup de recherche, dans les livres, les ateliers, les galeries. Elle prépare de plus un dossier bien étoffé à l'intention de son comité d'acquisition formé de hauts dirigeants de la Banque. Ce comité se réunit trois fois par année. La conservatrice lui présente deux oeuvres de chaque artiste ; il peut décider d'acheter les deux, une seule ou aucune.
Ce comité est en train de revoir ses critères d'acquisition. Mme Kane, qui est également consultante en gestion de collections, ne peut en dire davantage, sinon que la Banque continuera de rechercher des artistes consacrés, qui ont plus de 10 ans de pratique et qui ont déjà fait l'objet d'expositions. «La collection a toujours visé de hauts critères de qualité, et ça ne changera pas.»
La Banque ne revend jamais d'oeuvres, sauf celles dont elle hérite à la suite d'une acquisition d'entreprise et qui ne cadrent pas avec les politiques d'acquisition de sa collection. Dans ce cas, le produit de la vente est réinvesti dans l'art.
Comme le but de la collection, à part «amener les employés à réfléchir sur l'art et stimuler leur créativité», est de soutenir les artistes visuels canadiens, Mme Kane ne négocie pas le prix des oeuvres qu'elle achète, mais s'assure de leur juste valeur.
Les oeuvres préférées de Jo-Ann Kane
Volet historique
- Madeleine, de Jean-Philippe Dallaire
- Towards Evening, Caché River, de Maurice Cullen
- L'Arlequin, de Paul-Émile Borduas
Volet contemporain
- Paysage, de Charles Gagnon
- Le guet, d'Edmund Alleyn
Volet actuel
- Deux oeuvres sur papier, de Patrick Coutu
- Sans-titre, de Lynne Cohen
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