Les terres agricoles du Canada subissent une pression croissante pour produire plus de nourriture à mesure que la demande augmente à l’échelle nationale et internationale, tandis que l’industrie est aux prises avec des ressources limitées et des contraintes environnementales, affirme un nouveau rapport.
«Nous devons cultiver plus de nourriture sur moins de terres et dans un climat instable», a souligné Tyler McCann, directeur général de l’Institut canadien des politiques agroalimentaires.
Le rapport de l’institut publié jeudi examine les pressions exercées sur les terres agricoles du Canada pour produire plus de nourriture tout en atténuant et en s’adaptant aux effets du changement climatique, a expliqué M. McCann.
Bien que le Canada soit un grand pays, il ne détient pas autant de terres agricoles que les gens pourraient le penser, a observé M. McCann. Selon le document, les terres agricoles ne représentent qu’environ 7% du pays.
À cause de cela, nous ne pouvons pas tenir pour acquis ce que nous avons, a-t-il poursuivi. «Nous devons être très attentifs à la manière dont nous utilisons nos terres agricoles.»
En 2020, le Canada était le huitième plus grand pays au chapitre de la superficie de terres cultivées, selon le rapport, ses terres cultivées ayant diminué de 7% en 20 ans.
Le Canada est un important producteur et exportateur net de produits agricoles et agroalimentaires, selon le rapport, exportant pour 91 milliards $ de produits en 2022, et l’un des 10 principaux exportateurs de blé, de canola, de légumineuses, de porc et de bœuf.
Au cours des prochaines années, le Canada devra faire face à une demande accrue de la part de pays dont la population augmente, selon le rapport.
«Avec la croissance démographique d’un côté et les changements climatiques de l’autre, le Canada fera partie d’un nombre de plus en plus restreint de pays exportateurs nets», a expliqué M. McCann, notant que la population du Canada augmente et que les terres agricoles doivent également être protégées contre l’étalement urbain.
Les incendies de forêt qui assombrissent le ciel canadien cette semaine sont un «vif rappel» de la pression que les conditions météorologiques extrêmes et le changement climatique exercent sur le secteur agricole, a souligné M. McCann.
«Nous devons manifestement atténuer (…) l’impact de l’agriculture sur le changement climatique. Mais nous devons également nous assurer que l’agriculture s’adapte aux impacts du changement climatique», a-t-il poursuivi.
Des pratiques pour améliorer la production
L’une des façons dont le monde a répondu à la demande d’augmentation de la production agricole au fil du temps est de créer plus de terres agricoles, dans certains cas en abattant des forêts, a affirmé M. McCann. Il ne s’agit cependant pas d’une option viable pour le Canada, qui n’a pas beaucoup de terres qui peuvent être converties de manière durable en terres agricoles — et même si c’était le cas, cela pourrait avoir divers effets environnementaux négatifs, a-t-il estimé.
Certaines des pratiques utilisées pour réduire les émissions et séquestrer le carbone dans l’agriculture peuvent également améliorer la production sur les terres agricoles existantes, selon le rapport, telles que l’agriculture de précision et les cultures sans labour.
Cependant, l’intensification de la production des terres agricoles actuelles s’accompagne également d’inconvénients environnementaux potentiels, poursuit le rapport.
Par exemple, M. McCann a souligné que les engrais étaient un élément important de l’agriculture durable, mais qu’un équilibre devait être trouvé, car une utilisation excessive d’engrais peut rapidement rendre la production alimentaire non durable.
«Nous devons être beaucoup plus attentifs aux intrants que nous utilisons», a-t-il affirmé, ajoutant que l’on peut en dire autant de l’utilisation de la technologie dans l’agriculture et des politiques et programmes mis en place pour encourager l’intensification durable de l’agriculture canadienne.
Le rapport recommande que le Canada adopte des politiques qui offrent des incitations financières et une assistance technique aux agriculteurs et qu’il élabore des cadres réglementaires favorisant l’utilisation durable des terres, ainsi que des campagnes d’éducation et de sensibilisation, afin que le pays puisse «assurer la viabilité à long terme du secteur agricole tout en protégeant l’environnement».