BLOGUE INVITÉ. Récemment, j’écoutais l’entrevue que Marc Dutil a donnée à Pénélope McQuade et, quelques fois, l’animatrice a souligné l’originalité de son propos. Après, quand j’ai lu le livre Nos faux combats, que le président de Canam et fondateur de l’École d’Entrepreneurship de Beauce a publié aux Éditions de l’Homme, j’ai été habitée par le même constat que l’animatrice.
Les entrepreneurs sont partout dans les médias. On raconte leurs succès, leurs stratégies de croissance, la rétention de leur main-d’œuvre, leurs innovations ou tout autre sujet qui se rapporte directement aux activités de l’entreprise. L’entrepreneuriat a la cote. On raconte plusieurs de ses belles histoires et, quelques fois, ses échecs.
Il arrive toutefois plus rarement que nous entendions la voix des entrepreneurs dans les débats citoyens. Comme s’ils et elles étaient relégués au microcosme de leur champ d’activités professionnelles, enfermés dans leur petite case. Bien sûr, ils n’ont pas tendance à prendre parti pour un camp politique ou un autre: ce serait beaucoup trop risqué pour l’avenir de leurs projets d’entreprise et il y aurait le grand désavantage de déplaire à un fort pourcentage de clients aux idées divergentes.
Ajoutons à cela que ce sont des gens très occupés et il ne nous reste pratiquement que les groupes d’intérêts les représentant, comme le Conseil du patronat du Québec ou la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, pour porter la voix entrepreneuriale. Mais la nature de ces organisations ne reflétera jamais la diversité ni l’originalité de la pensée de nos grands entrepreneurs.
Maintenant, on peut participer aux débats citoyens sans afficher ses couleurs politiques et même, en se plaçant nettement au-dessus de la mêlée. C’est ce que fait très habilement Marc Dutil dans son livre; un ouvrage rassembleur dont la vision sociale a l’effet d’une bouffée d’air frais.
Le discours est celui d’un leader bienveillant, qui réfléchit au bien commun avec la volonté affirmée de réconcilier des pans de la société qui paraissent opposés, mais qui ont pourtant plus à gagner à essayer de se comprendre et à collaborer qu’à jouer le jeu dangereux de la polarisation. Pensons à l’économie et à l’écologie, que l’entrepreneur voit comme des forces compatibles, alors qu’on en a fait des ennemies dans l’espace public. Ou à la richesse et au sens de la communauté, par lequel on peut tellement réduire les inégalités et favoriser le mieux-être des individus et de la collectivité.
Est-ce que Marc Dutil porte des lunettes roses? Je le connais suffisamment pour savoir qu’il incarne l’altruisme prôné dans son livre. Je sais aussi que tous les riches de cette planète ne possèdent pas le même amour des autres et que c’est aussi vrai de certains militants drapés dans la bonne vertu, mais dont le regard étroit crée la division et attise la colère.
La beauté du propos de Marc Dutil, c’est sa vision large et inclusive, c’est son invitation à écouter, dialoguer, comprendre, travailler ensemble plutôt que les uns contre les autres. C’est aussi celle de mille nuances qui manquent gravement à nos combats, mais qui trouvent leur place quand on baisse les armes et qu’on nourrit la volonté de nous réconcilier. C’est la posture d’un vrai leader. Un leader qui appelle aussi à l’affirmation et à la responsabilisation, car il a foi en son prochain. Avouons que ça détonne dans une époque de victimisation où on cherche souvent les coupables plus que les solutions.
Une bouffée d’air frais, je vous disais…