BLOGUE INVITÉ. La diversité et l’inclusion sont des thèmes incontournables en 2021. Au sein des conseils d’administration, cet enjeu a traditionnellement été envisagé sous l’angle de la diversité de genre. Aujourd’hui, cette préoccupation s’étend à d’autres groupes sous-représentés, dont les minorités visibles, les personnes handicapées et les autochtones. Par contre, qu’en est-il de l’âge ?
Depuis 2018, les générations combinées des millénariaux et des X représentent plus de la moitié de la population active au Québec. Or, au même moment, l’âge moyen des administrateurs des entreprises québécoises avoisine l’âge de la retraite. Alors que plusieurs militent pour une meilleure représentation des jeunes au sein des instances décisionnelles et que le gouvernement a lui-même pris des initiatives dans cette direction vient la pertinence de se questionner sur comment accélérer cette tendance.
Le Secrétariat à la jeunesse du Québec, en collaboration avec les chercheurs Jean Bédard, Luc Audebrand, Jean-Louis Sirois et Myriam Michaud de l’Université Laval, vient de publier un rapport de recherche sur les obstacles et les meilleures pratiques en matière de recrutement, d’intégration, de formation et de rétention de la relève au sein des CA. Ce rapport s’inscrit dans une série de mesures mises en place par le gouvernement pour favoriser l’accès aux instances aux jeunes à la suite du dépôt, en 2016, d’un projet de loi visant à diversifier l’âge des administrateurs des sociétés d’État. Ainsi, à partir du 7 décembre 2021, toutes les sociétés d’État québécoises devront s’assurer que leur conseil d’administration compte en son sein au moins une personne âgée de moins de 35 ans lors de sa nomination. Cet engagement fait d’ailleurs du Québec un précurseur ; ce serait la seule juridiction à avoir adopté une telle mesure.
Selon les auteurs du rapport, plusieurs arguments militent en faveur de l’inclusion de la relève. Elle a pour conséquence d’instaurer une meilleure équité entre les générations, de mener à une meilleure gouvernance et à de meilleures performances, et de préparer ceux qui prendront éventuellement la relève.
Rajeunir son CA, une initiative bénéfique
Faire de la place à la relève au sein de son CA serait bénéfique autant pour les organisations que pour les jeunes qui choisissent de s’impliquer. Les organisations qui accueillent déjà des millénariaux au sein de leur CA remarquent plusieurs avantages liés à cette initiative. Selon l’étude, les jeunes administrateurs tendent à faire preuve de spontanéité et à faciliter l’adaptabilité face aux changements sociaux et la prise de risques envers les innovations technologiques.
Dans ces circonstances, n’attendez plus et ajoutez ce groupe démographique à votre conseil d’administration !
Encore aujourd’hui, les nominations sur les CA des organisations fonctionnent sur un processus basé sur les réseaux. Aussi, faire plus de place aux jeunes demande quelques efforts. Dans cette optique, il est recommandé d’inclure ce critère directement dans la matrice de compétences des CA. Comme nous avons tendance à réaliser ce qu’on mesure, pourquoi ne pas vous fixer des critères de recrutement qui incluent cette composante ? Interrogée à ce sujet lors de l’événement dévoilant les résultats de l’étude, Selena Lu, avocate et administratrice de la relève précisait toutefois qu’il est essentiel de recruter les jeunes administrateurs pour leurs compétences… pas uniquement pour leur âge ! D’ailleurs, soyez sensibles au fait que les profils de compétences recherchés sont parfois trop restrictifs pour permettre la candidature des membres issus de la relève.
Quant au processus de recrutement, agrandissez le bassin de talent auquel vous avez accès. Élargissez la portée de vos recherches. À titre d’exemple, scrutez les réseaux sociaux, observez la génération montante dans vos organisations ou comme mentionné dans le rapport, donnez «une chance aux banques de candidatures ainsi qu’aux autres outils de recrutement et de réseautage».
Une fois qu’ils sont en poste, prenez le temps de bien intégrer ces nouveaux administrateurs. Le mentorat pourrait s’avérer une solution efficace. C’est d’ailleurs l’option privilégiée par les panélistes présents lors du dévoilement de l’étude. Pour Ha-Loan Phan, Jason Rivest et Christian Kengne qu’il soit formel ou informel, le mentorat constitue un facteur clé de succès.
Intégrez-les rapidement au sein des comités du conseil où les échanges sont plus informels et les dossiers discutés en profondeur. Valorisez leur apport et leurs expériences lors des discussions du conseil. Finalement, ne les cantonnez pas à des sujets qu’on associe traditionnellement à la relève, comme les médias sociaux. Ils ont bien plus à offrir !
Aujourd’hui, on demande aux conseils d’administration de faire preuve d’audace, de mieux cerner les risques, de débusquer les tendances… Pour ce faire, il faut éviter la pensée de groupe et faire place à une diversité de perspectives au sein même du conseil d’administration. Dans cette optique, osez inviter la relève à siéger au sein de votre CA, vous pourriez être agréablement surpris du résultat !