CHRONIQUE. Plusieurs études ont montré que les fonds communs de placement en gestion active ont beaucoup de difficulté à dégager des rendements (net de frais) supérieurs à leur indice. Étant donné ces résultats, de plus en plus de conseillers en placement recommandent à leur client d'investir dans des fonds indiciels. C'est ainsi qu'au fil des cinq dernières années, la portion de la gestion indicielle a augmenté de 16 % à 26 % aux États-Unis.
La gestion active nécessite beaucoup de recherche. On doit déterminer les titres gagnants à acquérir, de même que les titres perdants à éviter. Et cette recherche peut coûter cher. L'investisseur comme vous et moi est gagnant avec la gestion active seulement si la performance du gestionnaire dépasse les coûts additionnels de la recherche de titres. Mais quelle est la proportion des gestionnaires actifs qui ne réussissent pas à dépasser la gestion indicielle ? C'est le sujet d'une étude intitulée Are Passive Funds Really Superior Investments ? An Investor Perspective, signée par Edwin J. Elton, Martin J. Gruber et Andre de Souza et publiée dans le Financial Analyst Journal. On y traite de 883 fonds communs d'actions américaines en gestion active de 2003 à 2018. Ils sont comparés à des FNB qui ont les mêmes indices de référence.
Si vous cherchez une stratégie facile d'exécution tout en visant un rendement à long terme qui sera supérieur à celui de la majorité des fonds communs en gestion active, cette étude vous intéressera. Une bonne stratégie est d'investir dans les FNB indiciels ayant les frais les plus bas. Par exemple, si vous êtes intéressé à un fonds commun en gestion active dont l'indice de référence est le Valeur Russell 1000, vous devriez plutôt considérer investir dans le FNB qui a les frais les plus bas et ce même indice de référence. La stratégie est de choisir au début de chaque année le FNB répliquant le même indice de référence et ayant le moins de frais. Par exemple, si vous aimez les fonds communs en gestion active d'actions américaines de grande capitalisation et de type valeur, la stratégie la plus simple est d'investir dans le FNB à plus bas frais et qui réplique l'indice Valeur Russell 1000. Cette stratégie de FNB permet de dégager un rendement qui dépassera 72 % des fonds communs de placement en gestion active ayant le même indice. En prime, la volatilité du FNB est en moyenne plus basse. Difficile de faire mieux avec une stratégie aussi facile à implanter.
L'étude va plus loin pour l'investisseur aguerri qui veut bonifier davantage son rendement tout en répliquant plus fidèlement le style d'un gestionnaire actif. La démarche consiste à déceler la combinaison de cinq FNB «de base» qui répliquent le mieux le fonds commun en gestion active. Une analyse sur 24 mois suffit pour trouver cette combinaison de FNB. Pour l'année qui suit, ce portefeuille de FNB affichera en moyenne un rendement qui sera supérieur à plus de 78 % des fonds communs en gestion active. Si vous êtes plutôt intéressé aux portefeuilles de grande capitalisation, cette stratégie avec les FNB surperforment à plus de 85 % les fonds communs en gestion active. Ces résultats ne tiennent pas compte que certains fonds communs exigent des frais d'entrée ou de sortie qui baissent encore plus le rendement pour l'investisseur. Si je reviens avec mon exemple où vous aimez la gestion active d'actions américaines de grande capitalisation et de type valeur, il sera préférable d'investir seulement 65 % dans le FNB du Valeur Russell 1000. L'étude recommande d'investir le reste dans deux FNB de croissance et un de moyenne capitalisation. Ce résultat s'explique par le fait que même les gestionnaires ayant le type valeur et de grande capitalisation investissent une portion de leur portefeuille dans des titres de croissance et des titres de plus petite taille. Ça fait partie de leurs moyens pour battre leur indice. Mais le portefeuille de FNB performe mieux que 85 % des gestionnaires actifs !
Les chercheurs ont ensuite examiné si la bonne performance passée du gestionnaire permettrait de prévoir une bonne performance future. La réponse est non. De plus, choisir le fonds le plus performant des dernières années ne permet pas d'atteindre une meilleure performance future. Le mieux est encore le portefeuille de nos cinq FNB à bas frais.
A-t-on aussi ces résultats sur le marché canadien ? Je pense que oui. C'est vrai que le marché boursier américain est plus compétitif et difficile à battre. Mais les frais des fonds communs canadiens en gestion active sont plus élevés chez nous. Au final, ça donne des résultats similaires. Ainsi, si vous visez à optimiser votre rendement après frais, vous pouvez vous attendre à ce que les FNB canadiens à bas frais dégagent eux aussi un rendement supérieur aux fonds communs actifs ayant le même indice.
Un FNB à bas frais permettant de viser le rendement de l'indice TSX est le XIC. Et pour l'indice TSX60, les meilleurs sont le HXT ou le XIU. Ces FNB affichent des rendements après frais près de leur indice. Tout comme aux États-Unis, on peut penser que ces FNB affichent des rendements supérieurs à la grande majorité des fonds communs actifs qui ont les mêmes indices.
L'avantage de ces FNB est surtout lié à leurs bas frais. Des frais de gestion de 1 % plus bas ne font pas une si grande différence à la fin d'une année, mais, à long terme, l'impact est colossal. Par exemple, 100 000 $ investi à 6 % par année pendant 30 ans en gestion active vous permettent d'atteindre environ 574 000 $. Typiquement, le FNB à bas frais dégagera en moyenne 1 % de plus, soit 7 %. Alors, sur 30 ans, votre patrimoine dépassera 761 000 $. C'est 32 % de plus ! Toute une différence, et la stratégie est facile à mettre en place.