BLOGUE INVITÉ. C’est lors d’un souper entre amis que j’ai réalisé à quel point il était rare pour une entreprise de révolutionner l’industrie dans laquelle elle évolue. Je ne fais pas ici référence au fait de développer de nouvelles innovations à ce qu’elles font déjà, je parle plutôt de littéralement changer les habitudes pour des millions, voire des milliards d’êtres humains.
Étonnamment, c’est une compagnie d’ordinateurs qui a révolutionné le téléphone avec l’iPhone, c’est une entreprise de logiciels qui a révolutionné le service de taxi avec l’application Uber, et c’est le travail de scientifiques du domaine militaire qui a révolutionné les cartes routières avec le développement du GPS.
Pourtant, Motorola ou Nokia, pour ne nommer que celles-ci, produisaient déjà des téléphones cellulaires depuis plus d’une vingtaine d’années. Des géants de l’industrie du taxi, pensez aux «Yellow Cab» de New York existaient depuis plusieurs décennies et les fameuses cartes Michelin firent leur apparition dès 1905.
À bien y penser, le «simple» fait d’innover représente déjà une tâche colossale que plusieurs entreprises peinent à réussir. Révolutionner une industrie tient beaucoup plus du talent de «voir différent» que de «faire différent».
En effet, lorsque Steve Jobs et son équipe ont imaginé le iPhone, ce n’était pas dans le but d’améliorer les modèles de cellulaires existants, c’était d’inventer de toutes pièces un nouvel appareil servant, aussi, de téléphone. Quand la majorité des entreprises de communication cherchait à rendre leurs modèles plus petits, plus minces, avec une meilleure batterie ou utilisant des matériaux plus durables, Apple a choisi de voir différemment et non pas de faire différemment.
Un «simple» téléphone qui ne faisait que «téléphoner» n’était pas assez! Ils y ont rajouté un ordinateur, un walkman (pour ceux qui s’en souviennent!), un appareil photo et beaucoup plus. Le combat n’était pas commencé qu’Apple l’avait déjà remporté!
Pour innover, la proximité et la connaissance de l’industrie sont des atouts. Pour la révolutionner, mieux vaut l’ignorance! Qui de mieux pour avoir une idée qui semble absolument impossible, qu’une personne qui ne sait pas que son idée semble impossible!
Soyons réalistes, exigeons l’impossible. Cette célèbre phrase de Che Guevara fut également l’un des slogans populaires du Mouvement étudiant et ouvrier de mai 68 en France. Elle représente parfaitement à mes yeux l’état d’esprit qu’il faut pour enclencher une révolution.
C’est en revenant chez moi le soir que j’ai réalisé que très (très) souvent, l’innovation naît de l’interne, la révolution de l’externe.
En tant qu’entrepreneur, je me dois de constamment être à l’affût des tendances, à l’écoute du marché et à l’avant-garde de l’industrie. Pour ce faire, il m’est impératif d’extérioriser mon regard envers celle-ci. Je vous avoue que ce n’est pas toujours évident!
C’est donc pour cette raison que je cherche constamment à challenger ma vision en me rappelant au quotidien que c’est dans l’inconfort et l’inconnu que nous avons le plus de chance d’avoir la prochaine «idée du siècle».
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où la plus grande compagnie de taxi au monde n’a pas un seul taxi, où la plus importante entreprise de location immobilière n’a aucun bien immobilier et où le plus important diffuseur de films n’a aucune salle de cinéma!
En affaires, l’illogisme d’aujourd’hui est la logique de demain. Tous les jours, aux quatre coins de la planète, des centaines de milliers d’entre nous travaillent sur des idées qui semblent présentement tout droit tirer d’un film de science-fiction, mais qui, une fois concrétisées, révolutionneront le quotidien de demain.