BLOGUE INVITÉ. Montréalais de naissance, je ne peux pas dire que je n’ai pas de pincement au cœur en regardant l’état actuel de ma ville. Je vous le dis tout de suite, je ne mettrais pas de blâme sur une personne en particulier, du simple fait que la situation dans laquelle la métropole se retrouve est plurifactorielle.
Contrairement à plusieurs, qui estiment que notre ville se porte bien, je suis pour ma part très inquiet en la vitalité de son avenir. En effet, les répercussions de la pandémie semblent avoir été la goutte qui a fait déborder le vase.
Force est de constater que nous sommes à des années-lumière de la ville vivante, culturelle, sécuritaire et familiale qui faisait d’elle une destination.
Par manque d’engagement, d’amour, de vision et d’idées, Montréal s’est endormie tout doucement au fil des années. Il ne suffit que de déambuler sur les principales artères de la ville pour s’apercevoir du triste portrait. Saint-Denis, Saint-Laurent, Sainte-Catherine, la sainte trinité des commerces fermés, des locaux à louer et des courageux commerçants qui luttent pour contrer les fermetures de rues, les interminables travaux et la guerre aux voitures empêchant plusieurs de s’y rendre.
Certes, des îlots, ici et là, renaissent, naissent et prospèrent, donnant une certaine qualité de vie à des quartiers, mais pas assez pour réveiller la belle endormie qu’est Montréal.
Le simple fait d’écrire ces mots me fait mal, mais je n’ai pas le choix, il faut le faire. Oui, il faut le dire, certaines données, surtout économique, nous donnent espoir. Cependant, ce ne sont pas simplement ces facteurs économiques qui rendent une ville attrayante.
Je me considère privilégié de pouvoir vivre, habiter et travailler à Montréal. Toutefois, en regardant autour de moi, je constate que de moins en moins de gens peuvent s’offrir ce luxe immobilier. Non seulement la flambée des prix immobilier empêche les jeunes familles à se trouver une maison, la nouvelle réalité du travail hybride a facilité l’exode en banlieue.
Combiné à un centre-ville qui souffre énormément depuis 24 mois, une bonne partie d’employés qui ne reviendront pas à temps plein remplir les tours à bureaux, la hausse inquiétante de crimes commis par arme à feu, la compétition féroce des villes de banlieue et mille et un autres défis, je crains que les prochaines années soient pénibles.
Éternel optimiste, je garde espoir que nous réussirons à redonner l’énergie nécessaire pour qu’elle se réveille. Pour l’instant, j’ai toutefois peur que nous devenions une ville comme une autre, une ville comme Milwaukee, Saint-Louis ou Baltimore. Une ville dont on ne connaît que le nom, tout simplement.
Pourtant, il n’y a pas si longtemps, les projets divers foisonnaient, la vie culturelle était plus que vivante et l’offre culinaire succulente. À peine quelques années plus tard, nous revoici presqu’à la case départ.
Mes mots semblent sévères, mais ils reflètent mon inquiétude. Maintenant, que faire? Malheureusement, je ne crois pas qu’une seule personne a le secret. Encore une fois, tout comme les causes, il y a plusieurs réponses à cette question.
Personnellement, je vais continuer d’être l’ambassadeur de cette ville, je vais continuer de m’impliquer à la défendre et à la faire connaître et je vais, notamment, continuer à y vivre et à y travailler.
Montréal se réveillera, j’en suis convaincu, grâce à un effort collectif et j’ai déjà hâte au jour où l’on redeviendra une destination, où les commerçants pourront bien vivre de leur métier, où les jeunes familles pourront s’acheter une première maison et où il fera bon d’y vivre, d’y étudier et d’y travailler. En attendant, je croise les doigts que nous ne devenions pas une ville comme une autre.