BLOGUE INVITÉ. Tout comme un vieux disque qui se répète ad vitam aeternam, nous assistons, aujourd’hui, à un « remake » de la même histoire, avec des acteurs différents. En effet, les différents signaux qu’envoient les marchés depuis quelques années me donnent l’impression d’un déjà vu...
L’Humain (avec un grand H) étant incorrigible, il ne cesse de répéter la même erreur qui le mène chaque 10 ou 15 ans aux mêmes résultats : une crise économique.
Attention, je ne veux pas être l’apôtre du malheur, je veux plutôt que l’on analyse le tout avec un œil qui n’est pas obsessionnellement fixé sur le rendement, les profits et le rêve du « deal du siècle ».
Vers la fin des années 90 et surtout au tout début du nouveau millénaire, c’est l’éclatement de la « bulle internet » qui a été la cause du krach boursier de mars 2000 et qui, en quelques mois, a fait disparaître, notamment, l’entièreté des profits cumulés depuis 1995 par plus de 4 000 entreprises cotées au Nasdaq, soit près de 200 milliards de dollars américains ($ US).
Quelques années plus tard, en 2008, c’est la « bulle immobilière » qui a éclaté faisant perdre directement au peuple américain plus de 10 mille milliards $ US dû à l’effondrement de la valeur de leur bien immobilier, presque autant en perte de valeur des titres boursiers et forçant le gouvernement, selon une étude du MIT, d’injecter plus de 500 mille milliards $ US supplémentaires dans l’économie afin d’éviter l’abîme.
Les chiffres sont tellement stratosphériques qu’il est difficile, voire impossible de comprendre leur immensité. Afin de mettre en contexte ces montants pharaoniques, voici ce que vous pourriez faire avec 500 mille milliards: couvrir toutes les dépenses du gouvernement du Québec pour les 3 703 prochaines années (budget annuel de 135 milliards $ en 2021). Partager, avec chaque Québécois (nous sommes environ 8 millions) un chèque de 62,5 millions. Cette somme serait suffisante pour acheter 500 fois Amazon (capitalisation boursière autour de mille milliards $ US), 250 fois Apple (capitalisation boursière autour de 2 milles milliards $ US), ou 6 250 000 exemplaires du tout nouveau jet d’affaires ultra luxueux de Bombardier, le Global 8000 d’une valeur de 80 millions $.
Cela étant dit, tristement, les mêmes excès qui ont causé ces deux crises économiques (et d’autres exemples ne manquent pas), se reproduisent encore aujourd’hui. Promesses de rendement futur impossible à tenir, valeurs boursières gonflées à l’hélium, levées de fonds spéculatives et marché boursier extrêmement volatil sont rarement de bons signes.
À ce cocktail se rajoute une chaîne d’approvisionnement mondial sous très haute pression, une pénurie généralisée de main-d’œuvre, une stabilité géopolitique à son plus bas, une inflation qui ne cesse de monter et une nouvelle bulle spéculative numérique qui, tout comme l’internet et les télécoms des années 90, nous fait miroiter, grâce aux NFT, cryptomonnaies, « startups licornes » et autres, des montagnes d’or...
Loin de moi le fait de vouloir décourager qui que ce soit d’investir ou non dans ces nouveaux univers remplis de potentiels, mais qui sont à mes yeux, aujourd’hui, beaucoup plus au stade de début d’idée, de brouillon ou en mode R&D plutôt que de solides entreprises ayant démontré leur capacité à créer de la valeur.
À l’aube d’une crise, le marché envoie des signaux qui reflètent directement l’état d’esprit des investisseurs. Les différentes corrections des derniers mois et surtout la volatilité constante nous démontrent que nous traversons une période de questionnements et d’incertitudes.
Certes, c’est pour certains l’occasion de prendre des risques et de possiblement gagner gros, pour d’autres, comme moi d’ailleurs, je préfère, après avoir pris le temps d’analyser la situation, être la tortue que le lièvre.