EXPERT INVITÉ. Après la saga des rénovations de la résidence officielle du premier ministre à Ottawa, le 24 Sussex, voici que c’est au tour du «Air Force One» canadien de rester cloué sur le tarmac en Inde. En effet, en raison d’un problème technique, Justin Trudeau n’a pu repartir, tel que prévu, à la fin du Sommet du G20 en Inde.
Rappelons-nous que ce n’est pas la première fois qu’un avion de la flotte de CC-150 Polaris de l’Aviation royale canadienne transportant le premier ministre connait des problèmes. Étant à quelques années de leur fin de vie utile, ces aéronefs volent depuis plus d’une trentaine d’années… Soit un an avant la dernière conquête de la Coupe Stanley des Canadiens de Montréal ou l’année suivant la dislocation de l’URSS… C’est peu dire.
Quant au 24 Sussex, inhabité depuis 2015, on ne peut qu’avoir honte du sort que l’on offre à cette maison historique bâtie en 1868 et qui a logé officiellement 11 premiers ministres ainsi que leur famille entre 1951 et 2015.
Tristement, après plusieurs décennies de négligences, l’état de délabrement était tel qu’il fallut effectuer des travaux d’urgence d’une dizaine de millions au tout début du premier mandat de Justin Trudeau, avant de mettre fin abruptement au projet qui, après analyse, nécessitait des travaux beaucoup plus importants que prévu.
Dernièrement, après une saga sans fin, on apprenait qu’Ottawa analysait différentes options afin de construire une nouvelle résidence officielle respectant les normes actuelles, notamment au niveau de la sécurité et de l’accessibilité.
En écrivant ses mots, je ne peux m’empêcher de penser aux dizaines de millions de dollars de deniers publics dépensés éhontément par une succession de politiciens qui démontrent, par leur «petite politique» qu’ils ne savent pas compter. Attention! Les libéraux fédéraux ne sont pas les seuls à blâmer, les conservateurs les ayant précédés n’ont pas fait mieux.
Car oui, il faut le dire, autant pour les avions que pour le 24 Sussex, c’est pour éviter d’avoir l’air dépensier que ces investissements, pourtant nécessaires, ne se sont pas fait. Au risque de me répéter, quand la «petite politique» entre en jeu, on est tous perdants!
Non seulement sommes-nous témoins d’un gaspillage inacceptable de fonds publics (sans parler de la pollution créée en renvoyant un second avion d’urgence en Inde!), nous devenons la risée de la communauté internationale en donnant l’image d’un Canada qui n’a pas les moyens de ses ambitions. À quoi bon vouloir faire partie des grandes puissances de ce monde si on ne peut même pas se déplacer sans risques ou que l’on se retrouve sans domicile fixe depuis 8 ans!
Mes mots paraissent sévères, mais pour moi, l’image qu’un pays projette a une forte influence sur la puissance de sa diplomatie. Croyez-vous que la peinture se décolle des murs à L’Élysée (résidence du président Français), croyez-vous que «The Beast», véhicule de transport du président américain manque d’huile ou que les rats ont envahi la Maison-Blanche… tel qu’ils l’ont fait au 24 Sussex?
Le premier ministre canadien, qu’il soit libéral, conservateur ou de tout autre parti se doit d’avoir une résidence qui nous rend fiers, qui nous représente, qui représente notre pays. Il se doit de pouvoir se déplacer en toute sécurité, sans avoir la crainte que son avion ne se rende pas à destination!
Arrêtons cette obsession du plus bas soumissionnaire ou d’attendre que ça brise avant de réparer ou de remplacer. Je ne dis pas qu’il faille lancer des millions par la fenêtre, je dis qu’il faut arrêter ces fausses économies de «bout de chandelle» qui, finalement, nous ont maintes fois démontré que nous payons ultimement plus cher à tout devoir refaire plutôt qu’à simplement investir dans l’entretien adéquat de nos biens publics!