BLOGUE INVITÉ. Le naturaliste et paléontologue Charles Darwin, à qui l’on doit l’œuvre « L’origine des espèces », a parcouru le monde au 19e siècle, pendant plus de cinq ans, à bord du Beagle afin d’étudier, d’analyser, de disséquer un maximum d’espèces avec comme objectif de mieux les comprendre. Au fil de ses recherches, il parvint à la même conclusion que plusieurs autres grands scientifiques de son époque, pourtant tous considérés hérétiques. La théorie de l’évolution était belle et bien grandement due au processus de sélection naturelle.
Un siècle plus tard, c’est dans une forêt du Parc national de Gombe en Tanzanie que l’ethnologue et anthropologue Jane Goodall fit l’une des plus importantes découvertes de l’histoire de l’humanité. En effet, après plusieurs années à vivre, littéralement, avec des chimpanzés, elle observe l’un d’entre eux fabriquer un outil afin d’attraper des termites. Grâce à sa patience, à sa minutie et à sa passion, la définition même de « l’être humain » venait d’être bouleversée.
Des exemples comme ceux-ci, il y en a des tonnes. Pour ma part, j’ai un faible pour les travaux de Goodall et Darwin. Certes pour leur impact sur la compréhension de notre monde, mais surtout du fait qu’il leur a fallu se battre contre vents et marées afin de démontrer qu’ils avaient bel et bien raison.
Il est bien entendu toujours très difficile de comparer les différentes découvertes, époques et expertises entre elles. Tout comme la théorie de l’évolution pour les espèces sur terre, c’est souvent au fil du temps et avec un bagage d’histoires qu’une « nouvelle découverte » voit le jour. D’ailleurs, à bien y penser, aucune invention ne peut exister sans une qui la précède.
Bien que Thomas Edison soit considéré comme l’inventeur de l’électricité, jamais son ampoule « sûre et bon marché » n’aurait vu le jour sans que Peter Barlow ne développe le premier moteur électrique, qu’Alessandro Volta n’invente la pile ou que Charles de Coulombe ait établi les bases des charges électriques et magnétiques dans les années précédant le développement de cette fameuse ampoule révolutionnaire.
En affaires, le concept est exactement le même. Par exemple, la théorie de l’évolution voit aujourd’hui certaines nouvelles technologies prendre forme grâce à l’industrie des télécoms qui la précédait et ainsi de suite depuis le début des temps. Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, est sans aucun doute un génie des affaires. Cependant, sans lui enlever le moindre soupçon de reconnaissance, il a surtout réussi à développer « l’espèce en affaires » qui évolue en développant un modèle qui n’est, au final, qu’un agrégat de ce qui existait déjà, mais qui le rend tout puissant.
Amazon n’offre rien de révolutionnaire. L’entreprise n’a ni inventé le commerce en ligne, ni la livraison de colis, ni l’analyse de données, ni toutes les « gogosses satellites » qui font partie de l’univers Amazon et la rende si unique. Cependant, elle a été l’entreprise qui a interrelié tous ces services afin de créer une « nouvelle espèce » géante.
La même réflexion peut se faire avec l’iPhone, qui pourtant, a bouleversé le quotidien de centaines de millions d’entre nous. Ce qui a changé la donne n’est pas nécessairement le contenu, mais plutôt l’accumulation des contenus qui se trouvent dans un seul et même objet.
Loin de moi le fait de vouloir diminuer l’ingéniosité derrière ces deux concepts, bien au contraire. Cependant, ce que je voulais vous démontrer est que l’idée révolutionnaire d’aujourd’hui est bien souvent une nouvelle manière de voir, de consommer ou d’imaginer ce qui existe déjà.
La prochaine fois que l’on me demandera comment avoir de nouvelles idées, ma réponse sera simple : « Profitez du passé afin de bâtir le futur...au présent! »