BLOGUE INVITÉ. C’est à la fin des années 70 que la mondialisation s’est accélérée afin de devenir, en quelque sorte, le principe de base du «fonctionnement» géopolitique, économique et culturel de notre planète. L’ouverture des marchés avait comme objectif d’intensifier les échanges de toutes sortes entre les différents pays. Cette libéralisation visait à créer un immense marché mondial où marchandises, personnes, technologie et beaucoup plus pouvaient se déplacer, en faisant fi des frontières des pays.
Bien que le concept de mondialisation ne soit pas récent, la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la fulgurante croissance économique qui a suivi ainsi que la chute du mur de Berlin, mettant fin à la Guerre froide, ont permis l’intensification des échanges entre pays.
Une cinquantaine d’années plus tard, nous pouvons aujourd’hui tirer plusieurs constats de l’adoption de ce modèle. Il est indéniable que la mondialisation a été à l’origine d’une forte croissance économique mondiale et a permis à des millions d’êtres humains d’améliorer leur condition de vie, mais à quel prix? Inégalités au niveau du développement, conséquences néfastes sur l’environnement, délocalisation de millions d’emplois, sont souvent donnés en exemple afin d’exposer le côté sombre de cette forte croissance.
Je ne surprendrai personne en vous disant que nous traversons une époque qui remet grandement en question les choix des dernières décennies. Non seulement la pandémie a ébranlé notre vie, nous devrons subir ses répercussions pour encore plusieurs années. La pénurie de main-d’œuvre combinée au vieillissement de la population ne suggère pas qu’il y ait une solution miracle à court ou moyen terme. L’inflation, causée par un déséquilibre entre l’offre et la demande, combinée aux problèmes des chaînes d’approvisionnement, ne suggère pas non plus un retour à la normale d’aussitôt. Il ne suffisait plus qu’une guerre, ce dont nous sommes tristement témoins, afin de mettre encore plus de pression sur les marchés pour que la marmite soit sur le bord d’exploser.
Face à cette nouvelle réalité, il est normal de voir une moins grande ouverture sur le monde et de voir surgir des réflexes protectionnistes. La question doit se poser: est-ce que le modèle de la mondialisation, tel que l’on connaît, arrive à la fin de sa durée de vie? Vivons-nous ses dernières années?
L’histoire mettra beaucoup d’accent sur le discours du président américain Joe Biden lors du dernier «State of the Union» qu’il a donné la semaine dernière. Le message était clair comme de l’eau de roche. La priorité n’est plus la multiplication des échanges entre les pays, mais se résume plutôt en deux mots: «Buy American».
Devrait-on prioriser notre propre économie au risque de se mettre à dos nos différents partenaires commerciaux et organismes telle l’Organisation mondiale du commerce? Comme vous pouvez le constater, le sujet est extrêmement complexe et les réponses sont multiples.
Cependant, il est intéressant de constater que plusieurs pays partagent la vision de nos voisins du sud et remettent en question le modèle actuel.
Malheureusement pour le Canada, le portrait est différent de celui des Américains. Avec une population environ dix fois moins nombreuses ainsi qu’une économie de loin moins puissante, nous n’avons ni l’influence, ni les moyens titanesques d’investir dans une politique agressive qui ferait du «Buy Canadian» le moteur de notre économie.
Cela étant dit, la réalité reste la même. Certes, la mondialisation a permis au cours des 50 dernières années un développement important à l’échelle mondiale, mais est-ce le modèle sur lequel il faut encore tout miser?