À LA CHASSE. S’il y a une chose qui est certaine dans le climat actuel d’incertitude où nous évoluons, c’est que la prochaine décennie reposera sur une nouvelle façon de mobiliser et de développer l’implication des équipes. Ce que nous vivons mondialement depuis près d’un an force et accélère une tendance lourde amorcée depuis quelques années:le besoin de dirigeants qui font preuve de plus de chaleur humaine, d’empathie et de courage. Exit les dictateurs, les petits Napoléons, les Machiavels et les mous du genou. Je sais que vous avez déjà entendu cette chanson et qu’on en parle depuis longtemps, mais cette fois-ci, la pandémie et ses conséquences enfonceront le clou final dans le cercueil du fake leadership.
Même les marchés financiers — pourtant peu empathiques — le reconnaissent désormais en intégrant les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les concepts et les politiques de conscience sociale, environnementales et de respect des collectivités. Les entreprises qui ne se plieront pas à ces nouvelles exigences seront sanctionnées et pourraient être boudées par les investisseurs de la nouvelle génération.
Le ou la PDG de la prochaine décennie devra équilibrer son style de gestion entre la recherche du profit et le bien-être non seulement de ses employés, mais aussi celui de son écosystème. Et il devra l’exercer avec chaleur humaine.
En décembre 2020, les résultats d’une enquête menée auprès de 4 000 employés et chefs d’entreprise dans 11 pays, menée par l’institut Workforce, ont révélé que 65 % des employés canadiens affirment que la confiance a une incidence directe sur leur sentiment d’appartenance à l’entreprise (contre 68 % aux États-Unis). La perception d’une faible confiance au travail fait baisser la productivité et affecte les choix de carrière. La corrélation s’établit directement avec les facteurs de rétention et d’attraction des employés et, à ce chapitre, l’étude montre qu’un employé sur cinq (22 %) n’a pas recommandé activement un ami, un membre de sa famille ou un ancien collègue à un poste ouvert parce qu’il ne faisait pas confiance à son entreprise et à ses dirigeants. Encore plus frappant, un peu plus de la moitié de tous les employés interrogés dans le monde (55 %) estiment que le manque de confiance a un effet sur leur santé mentale.
La confiance, elle se gagne, elle ne se donne pas. On n’a jamais autant parlé de santé mentale et d’épuisement professionnel, et ce, indépendamment du fait de travailler à distance ou sur les lieux de travail. Dans l’ensemble, trois employés et chefs d’entreprise sur cinq (59 %) disent que leur organisation a pris au moins certaines mesures pour se prémunir contre l’épuisement professionnel, mais près d’un tiers (29 %) des employés souhaitent que les organisations agissent avec plus d’empathie.
Mot clé: empathie
Nous vivons dans un paradoxe. Tandis que nous évoluons de plus en plus dans un monde numérique où le virtuel a pris la place des échanges en personne, les employés n’ont jamais eu autant besoin de cette fameuse chaleur humaine.
Comment le dirigeant de la prochaine décennie va-t-il composer avec, d’un côté, des employés qui ont besoin de se sentir appréciés, entourés et, disons-le, «aimés», alors que les processus, la technologie et la robotisation tendent à déshumaniser nos relations ? Méchant dilemme et exercice de haute voltige !
Le leader de la prochaine décennie sera donc «humanoïdement»chaleureux et à l’écoute, mais surtout, il devra se laisser dévoiler et s’ouvrir sur ses propres vulnérabilités pour souder la confiance. On peut être un leader fort, tout en acceptant ses faiblesses avec humilité et reconnaître que l’on a besoin de ses employés. L’art est dans la façon de le communiquer. Sans forcer le message, sans condescendance ni faux sem-blant. En mode virtuel, le toucher est impossible; il reste le sourire, le regard, le choix des mots et la «chaleur virtuelle». Si, aujourd’hui, on est habitués à entendre Pitou aboyer, voir le chat sauter sur le clavier et le petit dernier s’inviter dans une réunion Zoom, on peut aussi en jouer et en rire. À l’avenir, le leader «humanoïdement» chaleureux pourra inviter ses employés à des «pyjamas Teams» et lancer un concours du meilleur fond d’écran virtuel, tout comme respecter l’horaire du couvre-feu de ceux qui ont de jeunes enfants et des quatre pattes en révisant l’horaire des convocations virtuelles. Respect, empathie et humilité devant une nouvelle réalité qui va s’installer pour les prochaines années. Je vous conseille d’ailleurs l’excellent guide publié par PwC, Principes essentiels de base du télétravail, qui offre des conseils avisés pour positionner son leadership en mode virtuel autant avec ses employés qu’avec ses clients.
Enfin, un dernier mot… comme une prière… Relaxez, respirez et, surtout, faites confiance autant à vos équipes qu’à vous-même et écoutez votre intuition, petite voix intérieure quand elle vous susurre de ne pas trop vous en faire avec les anciens protocoles.