L'ÉDITO. Vous vérifiez votre image dans le miroir. Vous avez mis votre plus belle tenue, celle qui vous donne confiance en vous. Vous voulez faire bonne impression, la première dure généralement longtemps. Vous vous répétez mentalement quelques questions à poser. Vous espérez avoir une belle connexion, que les échanges seront fluides et que vous aurez mutuellement envie de vous revoir. Ça y est, la personne que vous attendiez est arrivée. Votre cœur bat un peu plus vite, vos paumes sont légèrement moites. Vous prenez une grande inspiration, affichez un grand sourire… et vous faites entrer le candidat pour son entretien d’embauche.
Ce scénario vous semble improbable ? C’est pourtant une réalité que vivent un nombre grandissant d’entreprises. La pénurie de main-d’œuvre a fait basculer le rapport de force. Désormais, la pression de plaire n’est plus sur les épaules des candidats, mais bien sur celle des entreprises. Ce changement de paradigme révolutionne la fonction du recruteur qui doit désormais être proactif. Pour ce faire, la technologie se révèle un immense atout, en offrant la possibilité de dénicher la perle rare, mais plus discrète. Cependant, comme pour les applications de rencontres, avoir accès à des milliers de personnes ne veut pas dire trouver l’âme sœur en un simple swipe à droite. Le plus difficile, et le plus important, arrive après : séduire suffisamment pour donner envie de faire un bout de chemin ensemble. Pour convaincre les talents dont elles ont désespérément besoin, les entreprises déploient leurs plus beaux atouts : rémunération concurrentielle, avantages sociaux, bien sûr, mais aussi espaces de travail modernes, politique de conciliation travail-famille et quantité de petits avantages pour améliorer la qualité de vie au travail, comme des bars à smoothie ou des cours de yoga.
Ces avantages sont certes importants et peuvent effectivement faire basculer le choix du candidat en votre faveur. Ce n’est cependant qu’une première bataille de remportée. Imaginons que l’entretien s’est bien passé. L’embauche est rondement menée, tout le monde est satisfait. Après quelque temps, cependant, la routine s’installe. Les mêmes attraits qui jadis enthousiasmaient finissent par être tenus pour acquis.
Comment, dès lors, garder votre employé satisfait ? C’est ici qu’entre en scène le gestionnaire. Il joue un rôle fondamental puisque c’est sur ses épaules que repose la rétention. Après tout, on se joint à une organisation, mais on quitte son patron. Dans la guerre aux talents, la lutte est farouche, et dans votre attirail, chaque munition sera précieuse. Pour que le recrutement ne soit pas éphémère, les organisations négligent souvent un aspect essentiel : investir dans la formation de ses gestionnaires. Sinon, ces mêmes talents pour lesquels l’organisation a fait tant d’efforts au moment du recrutement finiront par céder aux chants d’autres entreprises qui les courtisent.
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
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