BILLET. On a beaucoup parlé de ce confinement comme un temps de pause. Je ne sais pas pour vous, mais hormis le temps gagné en transport et l'absence d'événements de réseautage, mon agenda est resté tout aussi rempli. Comme au bureau, c'est un tourbillon incessant de réunions, sauf que désormais, je pèse sur un bouton pour terminer une rencontre ou me joindre à une nouvelle. À la fin, je termine la journée avec la sensation de ne pas avoir arrêté, en plus de ressentir cette lassitude propre au fait de n'avoir eu que des interactions virtuelles.
Nos rythmes de travail actuels nous laissent peu de temps pour prendre du recul, mais la crise a exacerbé ce mode action-réaction. Les trois derniers mois ont été éprouvants. Beaucoup de patrons ont livré une bataille acharnée pour ne pas perdre tout ce qu'ils avaient bâti, voyant avec angoisse toutes leurs prévisions s'effondrer. De nombreux employés ont perdu leur emploi et les autres ont dû accepter de passer d'une situation de pénurie de main- d'oeuvre à celle d'un chômage de masse. Chacun a dû faire face à l'incertitude, s'adapter à de nombreux changements, apprivoiser le télétravail. Pas étonnant que tout le monde soit au bout du rouleau, donc.
Si nous profitions de l'été pour enfin ralentir, faire le bilan des derniers mois et envisager différemment la suite ? Puisque notre réalité a changé et qu'il faut désormais anticiper un monde «avec» plutôt qu'«après» la COVID-19, ce serait l'occasion de se transformer durablement. À défaut de pouvoir retourner à nos anciennes façons de faire, nous pourrions imaginer le monde de demain et voir comment notre entreprise peut y contribuer.
Après tout, l'automne sera là bien assez vite. Cette saison toujours très occupée promet de l'être particulièrement cette année. Chacun a l'espoir qu'elle soit synonyme de reprise et les dirigeants veulent mettre les bouchées doubles pour rattraper les pertes de revenus. Ce serait une erreur, comme en témoigne le reportage de François Normand. Notre journaliste a interrogé une vingtaine d'acteurs de la communauté d'affaires, et ils sont unanimes : pour plus de productivité, il ne faut pas travailler plus, mais se reposer pour travailler mieux ensuite. Bref, la pause estivale sera vitale pour recharger les batteries et ajuster le tir pour la suite.
Pour ma part, je m'apprête également à profiter de l'été pour prendre une belle longue pause, le temps de me consacrer à un projet personnel (qui promet d'occuper tout autant mes journées) : l'arrivée d'un nouveau-né. En mon absence, Marie-Pier Frappier, qui travaille depuis trois ans pour vous offrir un journal de grande qualité continuera à le faire dans un nouveau rôle.
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
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