BILLET. «Ça va bien aller». Ce slogan, entendu ad nauseam au point de perdre toute sa force au fil des vagues, serait-il enfin en voie de devenir réalité ?
Des avancées en ce sens semblent bel et bien avoir lieu. Le retour au bureau, déjà, même si c’est en mode hybride. La levée de nombreuses restrictions contrôlant nos interactions sociales. D’une manière plus diffuse, mais tout aussi réelle, la peur du virus, qui semble moins omniprésente.
Autre signe qui ne trompe pas: le flot des réservations dans les hôtels, que rien ne semble ralentir. Grisés par les possibilités qui s’ouvrent à eux après deux ans démoralisants, les Québécois semblent s’être donné le mot pour prendre d’assaut les infrastructures touristiques. Congrès, mariages et même partys de Noël: les organisateurs partent à la recherche du temps perdu, tandis que cette industrie, l’une des plus marquées par la pandémie, panse tant bien que mal ses plaies pour tenter de répondre à cette soif inextinguible de retrouvailles.
Ce sentiment d’urgence à vouloir en profiter tant qu’on peut n’est pas sans rappeler l’entre-deux-guerres, ces fameuses années folles, marquées par l’euphorie et l’insouciance avant que ne frappe la prochaine grande catastrophe mondiale. Or, comme le rappelle avec justesse notre journaliste François Normand, historien de formation, l’histoire est un perpétuel recommencement.
En effet, ce vent d’espoir printanier semble dangereusement menacé par les nuages noirs qui planent à l’horizon: pénuries, inflation, guerre en Ukraine, spectre d’une récession… et sixième vague !
Même si nul ne peut prédire l’avenir, une chose est certaine: l’incertitude constante qui a commencé avec la pandémie est loin d’être finie. Nous allons devoir accepter de vivre avec encore longtemps. Qu’est-ce que cela signifie pour les entreprises ? Comment peuvent-elles faire la moindre planification stratégique dans ces circonstances ?
La réponse nous vient peut-être du modèle de gestion «Pressentir, réagir et s’adapter», inspirée de la biologie cellulaire, qui aide les entreprises à être flexibles pour répondre rapidement aux changements. Présenté par Haeckel et Nolan en 1993, ce modèle est plus d’actualité que jamais.
On en retient notamment qu’au milieu du tourbillon, pour guider les grandes orientations de son entreprise, il faudra être attentif aux signaux faibles et s’appuyer sur les grandes tendances de fond (pensons ici développement durable, inclusion, flexibilité…). Ensuite, avoir une structure interne qui permet aux flux d’information de circuler et de saisir les occasions que présente inévitablement chaque bouleversement. Enfin, s’adapter, encore et toujours. L’adaptation sera la clé de la survie. En effet, comme le dit si bien Peter Drucker, considéré comme le père du management moderne, «le plus grand danger en période de turbulence, ce n’est pas la turbulence elle-même ; c’est d’agir avec la logique d’hier ».
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
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