Un texte de Bruce MacDonald, Président-directeur général d’Imagine Canada
COURRIER DES LECTEURS. Les organismes de bienfaisance et organismes à but non lucratif jouent un rôle crucial dans notre tissu social. Tous les jours, ils fournissent des services essentiels et viennent en aide à des millions de personnes de tous horizons. Ils sont ancrés dans nos communautés et font une énorme différence dans la vie des gens. Selon un nouveau sondage national réalisé par Imagine Canada avec le soutien de BMO, 90 pour cent de la population du pays dit que les organismes de bienfaisance et OBNL sont importants pour notre pays et pour notre mode de vie.
En même temps, les gens sont bien conscients de la pression subie par les OBNL. Trois quarts (75 pour cent) des personnes sondées estiment que, généralement, les conditions économiques ont fait monter la demande pour les services caritatifs. Elles voient juste!
Les temps sont durs pour beaucoup de citoyens et citoyennes. La part des individus pris dans une situation difficile en raison du coût élevé du logement ou des aliments a augmenté de façon fulgurante ces dernières années. Dans un autre sondage d’Imagine Canada réalisé avec le soutien de BMO en décembre 2023, 17 pour cent des répondants indiquaient avoir personnellement fait appel aux services d’un organisme de bienfaisance ou d’un OBNL pour les aider à faire face aux effets de l’inflation et du coût élevé de la vie. Ce chiffre a presque doublé depuis les 9 pour cent enregistrés à peine un an plus tôt.
L’humain est au cœur du travail des organismes de bienfaisance et des OBNL. Sans surprise, plus de 80 pour cent de la population considère ce travail comme une contribution essentielle au bien-être du pays et des gens qui l’habitent. Notre secteur agit pour aider les personnes qui en ont besoin. Toujours.
Pourtant, il y a des limites à ce que nous pouvons faire. Les temps sont durs aussi pour les organismes caritatifs. Sans exagérer, nous pouvons dire que la base financière qui a si longtemps porté notre secteur s’effrite.
Malheureusement, tout indique que la situation s’empirera
Selon de récentes données publiées par Statistique Canada, presque cinq millions de contribuables ont déclaré des dons de bienfaisance en 2022, soit 0,3 pour cent de moins que l’année précédente. Cette baisse a été constatée malgré une hausse de 0,3 pour cent du nombre de contribuables au cours de la même période. Cinq millions de contribuables, soit 17,1 pour cent de tous les contribuables, c’est le plus petit nombre de donateurs jamais enregistré. Et pour la première fois depuis 2016, la valeur totale des dons versés aux organismes de bienfaisance a diminué.
D’autre part, il y a quelques semaines, le gouvernement fédéral a déposé son budget pour 2024. Ce dernier inclut des changements à l’impôt minimum de remplacement, notamment une réduction des incitatifs fiscaux aux dons de bienfaisance pour les personnes à revenu élevé. Après des efforts de plaidoyer soutenus auprès du gouvernement par notre secteur, nous avons accueilli avec satisfaction la décision de modifier sa proposition initiale. Cela dit, les changements toujours envisagés pourraient causer des maux de tête aux organismes de bienfaisance sur le plan des revenus. De plus, ces changements envoient le mauvais message. Au moment où la demande atteint des sommets historiques et les dons sont en décroissance, les organismes ont besoin de plus de soutien, certainement pas moins.
Lorsque les OBNL peinent à répondre à la demande, les personnes vulnérables dans notre société en paient le prix. La population dépend de nous pour fournir des services essentiels et elle nous fait confiance. Le sondage mené par Imagine Canada révèle que sept personnes sur dix (70 pour cent) font généralement confiance aux organismes de bienfaisance. Six personnes sur dix (60 pour cent) estiment que les organismes de bienfaisance travaillent de manière aussi efficiente que possible et tentent d’optimiser l’utilisation de leurs ressources.
Deux tiers (66 pour cent) des personnes sondées pensent également que le gouvernement fédéral devrait fournir du financement permanent au secteur pour l’aider à payer ses dépenses administratives de base. Les gens comprennent que les organismes de bienfaisance ont des dépenses et qu’ils doivent financer certains éléments de leurs activités opérationnelles, p. ex. les activités de collecte de fonds (78 pour cent), la technologie (77 pour cent), les assurances (74 pour cent), le recrutement de bénévoles (73 pour cent), l’audit financier (73 pour cent), les salaires du personnel des programmes (70 pour cent), les activités de marketing et de promotion (70 pour cent) ou le personnel responsable des collectes de fonds (69 pour cent).
Les OBNL ont des dépenses. Pour servir convenablement la population, ils ont besoin d’un financement à la hauteur des services rendus. Pourtant, en plus de priver le secteur d’un financement adéquat, le gouvernement fédéral s’apprête à décourager les personnes ayant le plus de moyens de donner aux organismes de bienfaisance.