BLOGUE INVITÉ. Le sujet des acheteurs étrangers a fait couler beaucoup d’encre au cours des dernières années. À Toronto et Vancouver, leur présence a été assez marquée pour que les instances politiques décident d’appliquer une taxe de 15% aux acquéreurs provenant de l’extérieur du Canada.
Le nombre d’acheteurs étrangers à Montréal est moins important que dans les deux autres métropoles canadiennes, mais est tout de même en croissance. La hausse semble d’ailleurs s’être accélérée depuis l’entrée en vigueur des taxes à Vancouver et à Toronto.
Les acheteurs étrangers à Montréal
Tout d’abord, il faut savoir que le phénomène des acheteurs étrangers est principalement concentré sur l’île de Montréal. Leur présence en proportion sur l’ensemble du Québec est très négligeable, mais devient importante dans certains secteurs de Montréal, selon les données colligées par JLR, société d’Equifax, à partir du Registre foncier du Québec.
En 2018, 903 acheteurs de propriétés résidentielles (unifamiliales, condos, 11 logements et moins) dans l’agglomération de Montréal ont déclaré habiter à l’extérieur du Canada lorsque l’acte de vente a été notarié. Ce nombre représente 3,4% des acquéreurs sur l’île. Une proportion qui est assez faible, mais qui a crû grandement au cours des dernières années. En 2015, cette proportion était de 1,7% et en 2017, elle était de 3,0%.
La hausse de la proportion d’acheteurs étrangers provient en bonne partie de la croissance des représentants de la Chine. Les acheteurs venant de ce pays représentaient plus du tiers des acquéreurs internationaux en 2018 alors qu’ils n’en constituaient que 8% en 2015. La Chine est maintenant au premier rang en ce qui concerne la provenance des acheteurs étrangers devant les États-Unis et la France qui occupaient depuis longtemps les deux premières positions.
Même si la proportion d’acheteurs étrangers est assez faible de façon générale dans l’agglomération de Montréal, elle grimpe rapidement dans certains secteurs et peut donc avoir un impact sur le marché
Les copropriétés et Ville-Marie
En ce qui a trait aux copropriétés, 4,9% des acheteurs ont déclaré une adresse à l’extérieur du pays au moment de l’acquisition. Cette proportion dépasse de 0,5 point de pourcentage celle de 2017 et est deux fois plus grande qu’en 2015.
L’impact demeure faible pour l’ensemble de l’île, mais la part acquise par des acheteurs étrangers grimpe dans certains secteurs qui attirent grandement les capitaux internationaux. Dans quelques cas, le nombre d’unités qu’ils acquièrent peut être assez important pour avoir un impact sur les prix. Ville-Marie constitue le territoire le plus recherché par les étrangers; ils y ont fait la moitié de leur acquisition de copropriétés sur l’île de Montréal en 2018.
Dans cet arrondissement, les acquéreurs provenant de l’extérieur du Canada représentaient 12% des acheteurs de copropriétés en 2018 alors qu’ils constituaient 8% des acquéreurs en 2015.
Les condos au centre-ville sont très populaires auprès des investisseurs qu’ils soient locaux ou étrangers. Au final, la demande accrue des investisseurs québécois et étrangers a contribué à la croissance des prix dans le centre-ville ainsi qu’à l’intérêt des promoteurs pour ce territoire
Bref, même si l’impact des acheteurs étrangers est négligeable dans l’ensemble du marché résidentiel québécois, un effet peut être présent dans certains secteurs précis. L’arrivée d’acheteurs étrangers peut favoriser l’essor du marché immobilier et donc être bénéfique, mais cela demeure une variable à surveiller afin que le marché immobilier demeure accessible pour les Montréalais. Il sera intéressant de voir si une taxe sera appliquée prochainement et l’impact que celle-ci pourrait avoir sur le marché immobilier.
Si vous souhaitez en connaître davantage sur le sujet des acheteurs étrangers, vous pouvez consulter l’étude complète de JLR, société d’Equifax.
Note : JLR, société d’Equifax, considère qu’un acheteur est étranger lorsqu’au moment de l’acquisition celui-ci déclare une adresse à l’extérieur du Canada dans l’acte de vente notarié. Cette méthode comporte toutefois quelques biais qui peuvent mener à une surestimation ou une sous-estimation du nombre réel d’acheteurs étrangers. Selon l’analyse de la SCHL, la démarche employée sous-estimerait légèrement la proportion réelle d’acheteurs étrangers dans la RMR de Montréal, mais permettrait d’obtenir un portrait de la situation.
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