BLOGUE INVITÉ. Le marché immobilier tourne au ralenti depuis plusieurs mois à Vancouver et Toronto, contrairement au Québec où il demeure vigoureux.
Dans plusieurs secteurs de la province, les hausses de prix affichées au cours de la dernière année surpassent celles observées l’année précédente. Cette croissance a été engendrée par une forte demande de propriété résidentielle au Québec.
Une augmentation des prix constitue une bonne nouvelle pour les propriétaires, par contre, cela peut freiner les nouveaux acheteurs et donc les écarter du marché immobilier. Afin de mesurer l’accès à la propriété, JLR, société d’Equifax, a créé un indice d’accès à la propriété (AP) fondé sur le ratio entre le salaire hebdomadaire médian et le paiement hypothécaire type pour une résidence unifamiliale.
Entre juillet 2016 et février 2019, des baisses de l’indice ont été enregistrées tous les mois par rapport à la même période l’année précédente, ce qui indique une détérioration marquée de l’accès à la propriété au cours de cette période.
Ainsi, en 2018, l’indice moyen a atteint 93,8, sa plus basse valeur depuis 2011 et un recul de 6,4% par rapport à l’année dernière. Au cours de cette période, le prix des unifamiliales et les taux d’intérêt ont crû alors que, selon l’enquête sur la population active menée par Statistique Canada, le salaire médian des Québécois n’a augmenté que faiblement, voir stagné, dépendamment des mois, et ce, malgré un taux de chômage très bas.
Depuis 3 mois, un regain de l’accès à la propriété a été observé. Les prix des maisons ont continué de croître, mais les augmentations ont été plus que compensées par une progression du revenu hebdomadaire médian. La pénurie de main-d’œuvre semble finalement avoir eu un impact positif sur les salaires et menée à leur croissance. En mai 2019, l’indice AP s’est établi à 96,4 en hausse de 4,5% relativement à mai 2018. Malgré ce regain, il faudra surveiller les résultats des prochains mois afin de confirmer la tendance.
Plus accessible en Gaspésie qu’à Montréal
Parmi les quinze régions administratives analysées, le plus haut ratio salaire médian hebdomadaire/paiement hypothécaire type a été observé en Gaspésie-île-de-la-Madeleine, toutefois celui-ci a tout de même reculé de 8% en 2018 relativement en 2017. Le Bas-Saint-Laurent est la deuxième région affichant le meilleur accès à la propriété. Cette région obtient aussi la meilleure croissance de l’accès à la propriété avec une hausse du ratio de 19% en 5 ans. Cette hausse importante a été réalisée grâce à une augmentation des salaires combinée à une très faible montée des prix sur la période.
Parmi les régions administratives analysées (la Côte-Nord et le Nord-du-Québec ont été exclus, faute de données), une hausse de l’accessibilité sur 5 ans a été calculée dans sept de celles-ci. Les trois régions analysées pour lesquelles l’ISQ a prévu une baisse de population entre 2011 et 2036, soit Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Bas-Saint-Laurent et Saguenay-Lac-Saint-Jean, ont toutes affiché une amélioration de l’accessibilité entre 2013 et 2018. Une décroissance de population limite l’augmentation des prix et donc tend à améliorer l’accessibilité.
À l’opposé, et sans grande surprise, le plus faible ratio salaire médian hebdomadaire/paiement hypothécaire type a été observé pour la région administrative de Montréal. Le ratio a d’ailleurs reculé de 8% en cinq ans. La croissance du prix médian des unifamiliales au cours de la dernière année (+8%) a particulièrement contribué à la détérioration du ratio sur la période.
Au final, l’augmentation des prix des unifamiliales en 2018 a contribué au recul de l’accès à la propriété, mais en 2019, la montée des salaires pourrait aider à contrebalancer les effets des hausses de prix sur l’accès à la propriété.
Pour plus de détails sur l’évolution de l’accès à la propriété par région ou la méthodologie, consultez le rapport complet de JLR.
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