BLOGUE INVITÉ. En date d’août 2021, Statistique Canada dénombrait 871 600 emplois non comblés, dont 219 400 au Québec. Cette désolante réalité, exacerbée par la pandémie, n’a pourtant rien de nouveau. En effet, la pénurie de main-d’œuvre est le fléau des entreprises québécoises depuis bien des années et ce n’est que la pointe de l’iceberg.
Les statistiques n’augurent rien de bon. De plus en plus de travailleurs sont à l’aube de la retraite et la relève n’est tout simplement pas suffisante pour pourvoir tous les postes qui seront laissés vacants. Les experts estiment d’ailleurs que ce déséquilibre dans le taux de remplacement atteindra son pic entre 2030 et 2035, un record «historique» selon eux.
Force est d’admettre que notre économie ne roule pas à pleine vitesse depuis un bon bout. Bien des entreprises se voient dans l’obligation de refuser des contrats ou de complètement repenser leur modèle d’affaires faute de main-d’œuvre, alors que d’autres ont tristement dû mettre la clé sous la porte.
Pour remédier à la situation, les entreprises redoublent d’efforts: meilleurs salaires, augmentation des bénéfices et horaires plus flexibles. Ces solutions sont certes honorables, voire essentielles, mais elles ne font généralement que surmonter des obstacles à court terme, sans pour autant attaquer le problème à la source.
Là où ça se corse, c’est dans la nature même de certains métiers qui, malgré les meilleures conditions imaginables, ne sont tout simplement plus attrayants. Répétitifs, archaïques, ennuyeux ou déshumanisants, ces emplois traînent de la patte et emportent avec eux les entreprises qui ne peuvent s’adapter à la réalité du monde des affaires d’aujourd’hui.
Ceux qui s’intéressent de près ou de loin au monde des technologies savent très bien qu’une partie de la réponse se trouve dans l’intelligence artificielle. Rappelons-nous d’une des premières définitions de l’IA: «technologie qui a pour but d’imiter le comportement humain.»
Comme je l’ai mentionné à maintes reprises, l’humain n’est pas une référence en matière de calcul, d’analyse ou de prise de décisions complexes ni avec les tâches répétitives. Dans la plupart des cas, la machine sait le faire plus aisément et plus rapidement que nous, avec une précision indéniable. Alors pourquoi tant d’entrepreneurs et de gestionnaires sont-ils si résistants face aux nouvelles technologies?
Le constat est simple: l’IA est encore trop souvent sous-estimée et, surtout, mal comprise. Il existe une sorte de «peur» de cette technologie, fermement ancrée dans la société, et par conséquent dans nos entreprises. Pour plusieurs, elle représente une alternative inatteignable, presque utopique, alors que les solutions sont pourtant facilement accessibles. De ce fait, beaucoup d’industries canadiennes tardent à se moderniser, et les conséquences se font ressentir.
Encore une fois, je me dois donc d’insister sur l’importance de recourir à un virage technologique avant qu’il ne soit trop tard. Au Québec, nous avons la chance de posséder un impressionnant bassin d’organisations et de ressources de renom en intelligence artificielle.
Que vous soyez une petite entreprise manufacturière, un producteur laitier ou une multinationale œuvrant dans le biomédical, la diversité et la polyvalence de l’IA peut vous ouvrir la porte à un monde de possibilités et vous permettre de dire adieu à des processus devenus obsolètes.
Vous avez accès à un large éventail d’algorithmes, capables de lire des documents à votre place, de planifier vos opérations, d’optimiser la chaîne logistique mondiale, d’inspecter les produits circulant sur les convoyeurs de votre usine et même de répondre au téléphone pour traiter un appel au 911. Sky is the limit.
En automatisant des tâches redondantes avec une charge mentale accablante ou en éliminant des postes peu gratifiants et difficiles à combler, nous pourrons alléger le fardeau des entreprises. Cela nous permettra de redonner à l’humain des emplois qui leur sont inhérents, empreints d’empathie, de créativité, d’humour, de curiosité et d’imagination.
Le monde se transforme à une vitesse hallucinante ; les métiers aussi. Une bonne fois pour toutes, il faut se rendre à l’évidence que beaucoup d’emplois n’ont plus lieu d’être, et c’est loin d’être une mauvaise chose! Ceux qui résistent au changement se verront pénalisés sur le long terme et les opportunités manquées seront reprises par d’autres.
La machine est un allié à la prospérité de votre entreprise et non une menace. N’attendez pas d’être pris au dépourvu, comme certains l’ont été face à la pandémie. Arrêtons d’accrocher d’immenses affiches qui clament haut et fort «nous embauchons», et inscrivons-y plutôt «nous innovons»!