EXPERT INVITÉ. Je vous dis ça, car je suis tout juste de retour d’“Automate”, un des plus gros événements d’automatisation et de robotisation manufacturière en Amérique du Nord. Avec plus de 700 exposants et plus de 20,000 participants, c’est sans aucun doute l’endroit où aller si on souhaite savoir ce que l’avenir de l’automatisation nous réserve.
L’espace d’exposition de plus de 300 000 pieds carrés nous réserve des belles surprises; des robots qui préparent des hamburgers, des robots qui jouent au basketball, des robots qui servent de la bière, sans oublier les robots qui préparent des cappuccinos avec du latte art digne du petit café du coin!
À voir cela, on pourrait croire que les États-Unis sont largement en avance en matière d’automatisation et d’intégration des nouvelles technologies. Ceci est fort probablement dû aux nombreuses compagnies technos qui sont issues des États-Unis. En fait, les États-Unis ont traditionnellement été à la pointe de l’innovation technologique et de l’adoption de l’automatisation, en particulier dans des secteurs tels que la fabrication, l’automobile, la logistique et les technologies de l’information. Des entreprises américaines telles que Tesla, Amazon et Google témoignent d’ailleurs de l’utilisation de l’automatisation pour améliorer l’efficacité et la productivité de manière remarquable.
Mais dans les faits, est-ce que les entreprises américaines sont si en avance que ça? Doit-on doit véritablement s’inquiéter de l’avance de leurs PME en matière d’automatisation? Ma réponse est mitigée…
J’ai rencontré une quantité impressionnante d’entreprises qui ont des projets en intelligence artificielle et qui souhaitent faire affaire avec nous pour leur projet en IA, parce que oui, le Canada est “hot” en IA aux yeux des Américains. Ce n’est pas qu’une légende urbaine! Mais je reviens aussi avec d’autres constats et des comparaisons intéressantes.
Ce que nous avons pu observer en discutant avec des manufacturiers de toutes tailles, c’est que les entreprises de moyenne taille et/ou issues de secteurs plus traditionnels sont clairement moins automatisées que les géants que nous connaissons. C’est un peu comme si l’arrivée très rapide des nouvelles technologies dans les 5-10 dernières années avait pris beaucoup de monde par surprise… En gros, ce que nous ont partagé les personnes avec qui nous avons échangé à Automate, c’est que le niveau d’adoption de l’automatisation peut varier énormément entre les industries et les régions des États-Unis. Certaines régions, comme la Silicon Valley en Californie, sont connues pour être des centres d’innovation technologique et d’automatisation très avancées. De même, certaines provinces canadiennes, comme l’Ontario et le Québec, abritent des industries manufacturières et technologiques prospères qui ont adopté l’automatisation à grande échelle.
Les priorités des entreprises américaines sont toutefois légèrement différentes de celles de la majorité des entreprises d’ici. La pénurie de main-d’œuvre touche beaucoup moins durement les entreprises américaines, du moins pour l’instant. Ainsi, la course pour eux en est une de productivité et de compétitivité.
En parlant de productivité, saviez-vous que les États-Unis ont connu leur plus forte baisse depuis 1947 au premier semestre de 2022, et ce malgré une solide année 2021. Ces résultats soulèvent des questions quant aux effets du télétravail et du phénomène de démission silencieuse (communément appelé quiet quitting) selon les données du Bureau of Labor Statistics et du Washington Post. Comme quoi nos voisins du Sud ont eux aussi leurs lots de défis!
Sachant cela, ce n’est pas étonnant de voir que le magazine Forbes en a même fait un article en mars dernier: To Bring Back U.S. Manufacturing, We Need To Invest In Advanced Technologies. Ce n’est donc pas étonnant de constater que beaucoup d’entreprises américaines tentent de le faire à vitesse grand-V!
En contrepartie, j’ai été très heureux de voir des entreprises bien de chez nous avec qui nous avons des projets en route et qui étaient là pour s’inspirer et ramener de nouvelles idées au Québec! C’est d’ailleurs un conseil que je donne à toutes les entreprises qui souhaitent s’inspirer afin d’orienter les premières ou les prochaines étapes de leur transformation numérique; allez voir ce qui se fait à l’international, visitez des salons de l’innovation dans votre industrie, et surtout, n’ayez pas peur de sortir du Canada!
Somme toute, le principal sentiment que je rapporte d’Automate est une espèce de peur que nos manufacturiers n’aient pas une connaissance ou visibilité suffisante sur l’énorme accélération qui est en cours chez nos voisins du Sud. Déjà que la majorité des grandes entreprises américaines sont certes plus avancées que leurs homologues canadiennes, ne perdons pas de vue que la majorité silencieuse que composent les PME sont également en marche pour s’automatiser à toute vitesse.
Il n’en reste pas moins que nos manufacturiers québécois et canadiens sont oui en retard, mais surtout dans une posture qui ne ressemble pas assez à un sentiment d’urgence que nous pouvions clairement percevoir à Automate…!
On est encore peut-être un peu loin des voitures volantes, mais certainement pas des robots collaboratifs qui effectuent une panoplie de tâches quotidiennes! Comme quoi l’automatisation est sans doute beaucoup plus accessible que vous pouvez le penser.