A la très grande surprise des Ontariens, le gouvernement élu majoritairement est Libéral. Jusqu’à la toute fin de la campagne électorale, les sondages prévoyaient un gouvernement minoritaire soit libéral ou conservateur. Ainsi, les Ontariens ont donné aux libéraux un quatrième mandat consécutif et une majorité inattendue (57 sièges aux libéraux, 28 aux progressistes-conservateurs et 22 pour les néo-démocrates). De plus, Kathleen Wynne (61 ans) est devenue la première, première ministre élue de l’histoire de l’Ontario.
Trois grands facteurs expliquent cette situation.
La justification politique du choix électoral
Au départ, les Ontariens ont eu des craintes voir une peur des mesures d’austérité budgétaires que proposait le parti conservateur de Tim Hudak. Cette plateforme politique suggérait entre autre des coupures massives au sein de l’appareil gouvernemental avec l’élimination du déficit budgétaire (près de 12 milliards $) en deux ans. Il était difficile pour les Ontariens de concevoir tous ces changements avec un résultat affirmatif au niveau des emplois sans qu’il y ait un impact majeure à court terme sur la société et les citoyens. Plusieurs Ontariens invoqueront que les coupures dans la fonction publique seraient plus importants que l’impact positif des réductions de taxes et de la bureaucratie ontarienne. Le résultat de cette approche électorale par les conservateurs a amené plusieurs médias et partis politiques incluant les syndicats et autres acteurs politiques en Ontario de décrire les conservateurs comme « d’une frange extrémiste de la droite américaine ».
Deuxièmement, les plateformes des partis politiques étaient très divergentes. Pour le parti libéral, trois éléments devaient composer la stratégie électorale : un investissement massive dans les infrastructures et en particulier dans les milieux urbains afin de diminuer la congestion routière et améliorer le transport en commun, la gestion des finances publiques sur une période de 3 ans afin de réduite le déficit gouvernentmanle (vers 2017) et la création d’un régime de pensions pour travailleurs. Chose importante et surprenante, la plateforme acceptait l’augmentation dans certains secteurs de taxes et d’impôts et en particulier sur les revenus des plus nantis afin de financer le déficit budgétaire et les nouveaux programmes gouvernementaux.
Chez les conservateurs, l’austérité budgétaire était de mise avec un grand coup de balai dans les emplois de la fonction publique et parapublique, La coupure des 100 000 emplois jumelé à la création d’un million d’emplois en 8 ans et l’élimination du déficit budgétaire en deux ans incluant une baisse des impôts des grandes entreprises a été les seuls véritables enjeux pour les conservateurs. Toute politique ou initiative gouvernementale conservatrice devait s’inscrire dans cette logique de gestion des finances publiques. La plateforme électorale des conservateurs a été perçue comme une politique très à la droite par rapport aux autres plateformes électorales de l’ancien gouvernement Harris (conservateur) durant les années 1990 (la plateforme était appelé « la révolution du gros bon sens ») et celles du présent gouvernement Harper.
Troisièmement, malgré les scandales des libéraux (par exemple l’annulation de la construction de centrales thermiques au gaz) et la piètre gestion des finances publiques, les Ontariens dans la grande région de Toronto ont favorisé le parti libéral. La continuité était de mise pour plusieurs Ontario tenant compte de la progression du chômage en Ontario, la perte de secteurs moteurs de l’économie dont l’assemblage automobile et le coût du logement (moyenne des maisons unifamiliales dépassent les 750 000 $ à Toronto) et da garderie (en moyenne, 1,200 $ par mois par enfant).
Le taux de participation aux élections a été de 50 %, en hausse de quelques pourcentages par rapport aux élections de 2011. En somme, plusieurs diront que les résidents du grand Toronto n’ont pas voulu d’un changement brusque dans les politiques fiscales et budgétaires gouvernementales.
Le prochain budget provincial ontarien
Suite aux résultats électoraux, le gouvernement Wynne va rappeler l’assemblée législative dans les prochaines semaines afin de faire adopter le budget qui avait été présenté il y a quelques mois et qui avait l’objet d’un vote de non-confiance des partis d’opposition. Dans ce budget, il faut comprendre que le gouvernement de l’Ontario désirait des incitatifs économiques pour les ontariens et était considéré comme le budget le plus progressistes de des dernières années en Ontario.
La place du français en Ontario
Enfin, il est important de souligner la place que le français occupe au sein du parti libéral en Ontario et du gouvernement de l’Ontario. Au cours des 30 dernières années, les francophones ont établis de fortes relations gouvernementales, permettant aux franco-ontariens de se tailler une place importante au sein du processus politique et gouvernemental ontarien. Un premier point qui souligne cette relation fonctionnelle durant la campagne électorale est la volonté des libéraux de répondre aux différents questionnaires soumis par les différentes associations francophones tenant compte de la spécificité des franco-ontariens.
Ceci s’est aussi démontré par la volonté dans plusieurs comtés d’afficher le français sur les affiches électorales, d’avoir de la documentation dans les deux langues officielles et de la volonté du chef du parti libéral de s’exprimer en français lors du débat électoral en langue française et dans le discours d’acceptation des résultats électoraux. Ce signe de respect est important dans l’établissement de bonnes relations futures avec les francophones.
On peut faire des affaires dans les deux langues officielles en Ontario et tous les services gouvernementaux de la province sont disponibles dans ces deux langues. Il faut juste le demander en français.