Ces temps-ci, je m’interroge sur un point précis : est-il exact de considérer que l’adversité rencontrée durant l’enfance ou l’adolescence permet de gagner en persévérance et en résilience, ce qui en fait un gage de succès à l’âge adulte? J’ai cette croyance, cette vérité en moi, mais en même temps, je sais fort bien qu’autrui peut la réfuter.
Ce que j’aimerais, c’est «déconstruire» cette croyance. Car elle m’amène parfois à prendre une voie difficile alors que d’autres, aucunement contraints par celle-ci, empruntent des voies nettement plus faciles pour, au final, atteindre le même résultat que le mien.
Le penseur indo-américain Deepak Chopra enseignait la «loi du moindre effort» lors de la formation de professeur de yoga que j’ai suivie à ses côtés, en 2010. Je me souviens d’avoir alors rationalisé ce propos en l’associant à l’idée de recourir à l’avenir à mes forces et à mes talents pour obtenir non plus de bons, mais d’excellents résultats dans mes projets professionnels.
Idem, on entend souvent parler d’histoires de personnes qui ont fait face à une certaine dose d’adversité dans leur jeunesse, et qui aujourd’hui sont couronnées de succès dans leur carrière, qu’elles soient entrepreneur, artiste, ou encore gestionnaire.
Ce qui semble me conforter dans ma croyance.
Mais voilà, des informations allant en sens contraire pullulent en ce moment : des mouvements préconisent de ralentir pour être heureux et efficace au travail; des articles dénoncent le stress de la performance; on recommande aux parents de davantage protéger leurs enfants, en particulier par rapport aux divers dangers des médias sociaux; ou encore, les tenants du renforcement positif se font de plus en plus nombreux, et prônent le fait qu’un échec n’est pas vraiment un ratage, mais plutôt une occasion d’apprentissage.
Ce qui m’incite à reconsidérer ma croyance, à vouloir, comme je l’ai déjà dit, la «déconstruire».
C’est que je songe à mes enfants, et donc à mon rôle de parent… Comment puis-je concilier mon envie de leur offrir ce qu’il y a de mieux et la nécessité de les exposer à une certaine dose d’adversité? Comment leur permettre d’échouer, histoire de leur donner l’occasion d’apprendre par eux-mêmes à rebondir? Comment éviter de mauvais choix de ma part à cet égard, influencés par mes croyances et préjugés?
Je partage avec vous mes doutes à ce sujet parce que je sais qu’ils font sûrement vibrer une corde sensible en vous : nombre de gens sont actuellement exaspérés par les nouvelles générations et leurs comportement au travail si «différents» de celles qui les ont précédées. Une exaspération qui, en vérité, n’a pas lieu d’être puisque nous sommes les parents de ces jeunes-là, et donc, à l’origine de ces comportements-là, comme ne cesse de le marteler, d’ailleurs, l’expert britannique en management Simon Sinek.
Je les partage aussi parce que je sais que nous évoluons aujourd’hui dans des environnements organisationnels et sociaux en pleine mutation, laquelle est appelée à s’accélérer au cours des prochaines années et décennies. Qu’il va nous falloir apprendre à nous adapter à tout ça. Que nous nous devons d’apprendre à innover radicalement. Et donc, que notre avenir dépend en grande partie de notre capacité à faire face à l’adversité.
C’est clair, tout cela vise nos enfants, mais aussi nos collègues, nos partenaires d’affaires, tous ceux avec qui nous sommes connectés.
Pour ma part, mon début de travail de «déconstruction» m’amène à noter que ceux qui ont déjà vécu des difficultés affectives, financières ou physiques savent où aller chercher à l’intérieur d’eux-mêmes l’énergie nécessaire pour surmonter les embûches, les délais et les refus qui se présentent à eux. Que ceux-là savent ne pas abandonner trop vite, du moins pas avant d’avoir exploré une voie inédite dans l’optique de surmonter ou de contourner l’écueil rencontré.
Et vous, qu’en pensez-vous? Qu’est-ce que tout cela vous inspire comme réflexion? Cela valide-t-il l’une de vos croyances? Ou cela vous incite-t-il à envisager d’en «déconstruire» une?
En tous cas, n’hésitez surtout pas à m’en faire part. Car je sens qu’il y a là matière à évolution, pour chacun de nous et au profit de tous…