BLOGUE INVITÉ. Alors que nous voyons enfin au Canada la lumière au bout de ce tunnel pandémique, l’autrice Maya Angelou offre une citation de circonstance que je traduis librement comme suit : « Ma mission dans la vie est non seulement de survivre, mais de m’épanouir et de le faire avec passion, compassion, humour et grâce. »
Dans notre vie remplie d’activités de toutes sortes, cela demande un effort de prendre du recul, de débrancher notre pilote automatique pour réfléchir et retrouver notre propre définition du mot «vivre».
Dans nos agendas, on est continuellement en train de faire entrer une réunion, un projet, un mandat, une activité familiale supplémentaire.
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Cette soi-disant « facilité » à demeurer dans notre zone de confort, sans trop se poser de questions et en faisant des non-choix ou en laissant les autres ou les circonstances prendre le leadership de nos vies, nous entraîne souvent vers la fatigue, la nostalgie, le désespoir et l’impuissance. Ce tourbillon nous rend plus vulnérables à se laisser happer et décourager par les obstacles, les défis et les mauvaises nouvelles.
Nos choix dictent la direction que l’on souhaite donner à toutes les sphères de nos vies.
Ils supportent également notre façon de réagir aux défis qui se présentent à nous et sont la racine de ce qui composera notre futur.
Depuis mars 2020, en arrière-plan de la pandémie et des drames humains associés, nous avons eu l’opportunité « forcée » de mettre notre vie sur pause. Sans les soupers d’amis prévus trois mois à l’avance, les sorties improvisées et les activités sociales, culturelles et sportives, nous avons réinventé notre vie avec notre « bulle », et ce, pour plusieurs d’entre nous, en conjuguant télétravail et école à distance.
À l’instar de Mélanie Dugré, cette mère de trois enfants qui est vice-présidente adjointe et conseillère juridique principale chez Canada Vie, qui l’a écrit dans sa magnifique lettre à ses enfants en fin de pandémie publiée dans La Presse, nous sommes plusieurs à avoir trouvé des bons côtés et à avoir revisité certains choix qui ont augmenté notre indice de bonheur.
Je vous propose quelques pistes de réflexion afin que vous puissiez vous aussi nommer vos intentions individuelles et prendre des décisions conséquentes.
- Qu’est-ce qui va bien présentement dans votre vie?
- Quels sont les éléments qui augmentent présentement votre niveau de bien-être général qui n’étaient pas présents avant le début de la pandémie
- Quels sont les éléments qui vont moins bien présentement dans votre vie?
- Quels sont les éléments qui diminuent présentement votre niveau de bien-être général qui n’étaient pas présents avant le début de la pandémie
- Réfléchissez à vos valeurs fondamentales et à vos priorités de vie.
- Dans quelle mesure vous êtes-vous rapprochés ou éloignés de ces valeurs et priorités depuis le début de la pandémie
- Quels choix avez-vous faits depuis le début de la pandémie qui vous permettent de vous épanouir plutôt que de simplement survivre?
- Quels non-choix avez-vous subis depuis la pandémie qui minent votre énergie et votre bien-être?
- Quels choix souhaitez-vous faire et mettre en action en cette fin de pandémie pour vous permettre de vous épanouir?
- Que voulez-vous faire différemment à partir de maintenant pour améliorer et faire évoluer ce que vous faites déjà?
- Qu’est-ce que vous voulez faire de nouveau à l’ère post-COVID que vous ne faisiez pas avant ou durant la pandémie?
Vous pouvez faire un exercice similaire avec votre organisation, grâce à cette série de questions tirées d’un entretien avec Bruno Latour, philosophe, anthropologue et sociologue dans le Mag Philosophie :
- Quelles sont les activités maintenant suspendues que vous souhaiteriez qu’elles ne reprennent pas ?
- Pour chaque réponse listée à la question précédente, décrivez a) pourquoi cette activité vous apparaît nuisible/ superflue/ dangereuse/ incohérente ; b) en quoi sa disparition/ mise en veilleuse/ substitution rendrait d’autres activités que vous favorisez plus facile/ plus cohérente ?
- Quelles mesures préconisez-vous pour que les ouvriers/ employés/ agents/ entrepreneurs qui ne pourront plus continuer dans les activités que vous supprimez se voient faciliter la transition vers d’autres activités ?
- Quelles sont les activités maintenant suspendues que vous souhaiteriez qu’elles se développent/ reprennent, ou celles qui devraient être inventées en remplacement ?
- Pour chaque réponse listée à la question précédente, décrivez a) pourquoi cette activité vous apparaît positive ; b) comment rend-elle plus faciles/ harmonieuses/ cohérentes d’autres activités que vous favorisez ; et c) permettent de lutter contre celles que vous jugez défavorables ?
- Quelles mesures préconisez-vous pour aider les ouvriers/ employés/ agents/ entrepreneurs à acquérir les capacités/ moyens/ revenus/ instruments permettant la reprise/ le développement/ la création de cette activité ?
Quand aurons-nous à nouveau cette opportunité de prendre autant de recul pour réévaluer nos choix? Pour réfléchir à notre vision et à ce que nous souhaitons pour les 2, 5,10, voire 15 prochaines années? Je vous invite à saisir celle qui est actuellement disponible et qui en plus est légitimée et cautionnée par notre société alors que nous vivons les derniers miles de notre ultra marathon pandémique.
« On reconnaît le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va » - Jacques Prévert