La société québécoise Minière SRG est sur le point d’entamer la construction de son projet Lola, une mine de graphite située dans le sud-est de la Guinée, en Afrique de l’Ouest. Dès 2021, cette société cotée en bourse compte y extraire 50 000 tonnes de graphite annuellement au cours des 30 prochaines années. Ugo Landry-Tolszczuk, président chef d’exploitation et directeur financier de Minière SRG viendra partager les grandes lignes de ce projet estimé à 123 M$ US, lors de la conférence Objectif Nord, présentée par les Événements Les Affaires, le 7 avril prochain, à Montréal.
Où en êtes-vous dans ce projet ?
Ugo Landry-Tolszczuk : Nous venons de terminer les études de faisabilité à l’automne dernier. Nous avons également reçu, en novembre, nos permis d’exploitation de cette mine à ciel ouvert. Nous prévoyons démarrer la construction de la mine au cours de l'été 2020 afin d’entamer la production commerciale avant la fin de l’année 2021.
Qu’en est-il du gisement de graphite ?
U. L.-T. : Nous estimons que le territoire du projet (3,2 km2 de superficie) contient plus de 1,9 million de tonnes de paillettes de graphite pur à 96%. Et il s’agit d’estimation pour la matière qui se trouve jusqu’à 30 mètres sous le sol, la profondeur que nous allons exploiter pour la première phase. Des tests nous ont révélé la présence de graphite jusqu’à 200 mètres de profondeur. Je tiens à préciser que l’extraction du minerai s’effectuera sans produits chimiques, que par attrition. L’exploitation ne laissera ainsi aucun résidu toxique sur place.
Comment avez-vous découvert ce gisement?
U. L.-T. : Vers la fin de l’année 2012, notre géologue de la société Sama Ressources, qui exploite des mines de nickel et de cuivre en Côte-D’Ivoire, cherchait la présence de ces minerais de l’autre côté de la frontière en Guinée. C’est en conduisant sur une des routes près de Lola qu’il a vu d’immenses tâches noires dans les rochers bordant la voie. Des recherches sommaires lui ont permis de déceler la présence de graphite. Nous avons par la suite entamé des discussions avec le gouvernement guinéen qui nous a donné le feu vert. Pour l’anecdote, ce gisement avait été découvert par le Bureau minier de la France d’outre-mer (devenu aujourd’hui le Bureau de recherches géologiques et minières) en 1951. Lorsque la Guinée a obtenu son indépendance en 1958, les Français ont abandonné le projet d’exploitation.
Quel est le marché actuel du graphite?
U. L.-T. : Il se vend plus de deux millions de tonnes de graphite par année. Ce minerai est largement utilisé dans la fabrication des briques à fourneaux servant à produire l’acier. On le retrouve également dans les freins automobiles, les fils conducteurs dans le transport ferroviaire, les crayons à mine et les lubrifiants utilisés dans les forages. Le graphite est également devenu une importante composante dans la fabrication des batteries au lithium-ion.
Quel sera votre apport au sein de la communauté de Lola?
U. L.-T. : En recrutant plus de 400 travailleurs, nous allons être un des plus importants employeurs de cette communauté de 50 000 âmes. Nous n’avons cependant pas l’intention de limiter notre rôle économique qu’à titre d’employeur. Nous avons actuellement trois personnes au sein de notre équipe qui veillent exclusivement au bien-être et à l’environnement de la communauté de Lola. En collaboration avec la communauté, ce trio est en train de faire renaître la culture du poivre dans la région. Une culture à laquelle se mêleront des plants de café sur plus de 1000 hectares.