Un transfert de direction est une étape particulièrement délicate dans l’histoire d’une entreprise. On en parle avec Nancy Simoneau, présidente du Groupe Simoneau et lauréate du Prix Femmes d’affaires du Québec. Celle-ci participera, avec son père René Simoneau, à la 6e édition de la conférence sur le Transfert d’entreprise organisée le 14 mars prochain par les Événements Les Affaires.
Avez-vous toujours su que vous prendriez la relève de l’entreprise familiale?
Non. J’ai commencé à travailler dans l’entreprise en 1988 pour payer mes frais de scolarité. Après avoir obtenu mon diplôme en comptabilité, en 1991, j’ai annoncé à mon père que j’aimerais me joindre à lui à temps plein. Mais c’est seulement en 1999 que j’ai réalisé que son départ approchait et que je serais la successeure.
Qu’est-ce qui a provoqué le processus de transfert?
Nous avons commencé à en parler en 1999, quand mon père s’est senti trop fatigué pour continuer. C’est un homme qui a travaillé dur physiquement toute sa vie. À 53 ans, deux ans à peine après le début de la transition, il a quitté définitivement l’entreprise. C’était le 11 septembre 2001. Quand la deuxième tour est tombée, il s’est dit que le monde avait trop changé pour lui... et il est parti définitivement.
Quels ont été vos plus grands défis dans ce transfert?
J’ai repris l’entreprise dans un contexte difficile. En 1999, après une vérification fiscale, nous avons dû payer beaucoup d’impôts. Ensuite, mon père faisait du développement d’affaires, et son départ a entraîné une diminution de 35% de nos revenus. J’ai dû gérer de la décroissance et revoir nos stratégies… Ce n’était pas facile!
« Cette transition a duré six ans. En 2008, nos bases étaient redevenues solides et il ne restait plus qu’à viser la croissance. »
-Nancy Simoneau, présidente du Groupe Simoneau, en entrevue au journal Les Affaires
Le Groupe Simoneau est aujourd’hui en croissance, avec un chiffre d’affaires de 25 millions de dollars… Qu’est-ce qui vous a permis de réussir la transition?
J’ai occupé plusieurs fonctions dans l’entreprise avant de la diriger, alors j’ai beaucoup appris sur notre domaine en côtoyant les employés. D’ailleurs, je pense que c’est ce qui fait qu’ils ont accepté facilement mon autorité : j’avais de la crédibilité à leurs yeux.
Maintenant, je mesure toute la confiance que mon père avait en moi et toute la générosité dont il a fait preuve. Pendant les deux dernières années, il m’invitait à ses rencontres avec les avocats ou avec le banquier, pour que je voie comment il gérait les dossiers. L’expérience a été très formatrice.
Joindre le Groupement des chefs d’entreprise en 2001 a aussi été bénéfique. Les gens du forum dont je faisais partie m’ont aidée à passer à travers ces années difficiles. Grâce à eux, j’ai appris à accepter que l’organisation connaisse des hauts et des bas. Ils m’ont guidée pour qu’il y ait moins de bas!
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui envisagent un transfert d’entreprise?
Aux repreneurs, je conseillerais d’apporter leur propre couleur à l’entreprise, mais progressivement. En allant trop vite, on risque de fragiliser l’entreprise.
Quant aux cédants, je les inviterais à faire preuve d’ouverture et de don de soi. Je pense que le bon moment pour céder son entreprise, c’est quand on en est arrivé dans sa vie à l’étape de redonner à ceux qui nous entourent. Par moments, je me sens arrivée à ce stade… Même si je ne suis pas encore prête à passer le flambeau!
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