BLOGUE INVITÉ. Dès le tout début de la pandémie, Andrew Lutfy, propriétaire et dirigeant du Groupe Dynamite qui chapeaute des chaînes de boutiques de vêtements et des complexes commerciaux, a expliqué le concept de l’effondrement par effet domino. Malheureusement, la théorie fait maintenant partie de notre réalité. Et presque quotidiennement, elle continue de poursuivre son ascension, créant ainsi plein de vides autour de nous.
Mon nettoyeur va fermer à la mi-décembre. Son carrousel de vêtements fraîchement nettoyés est maintenant presque toujours vide étant donné que nos garde-robes demeurent pleins d’habits et de tailleurs que nous n’envoyons plus chez le nettoyeur, faute de ne plus avoir vraiment d’occasions de les porter.
Mon cabinet de dentistes n’a jamais vu autant de nouveaux équipements offerts à tarif hyper escompté. Les fournisseurs d’appareils spécialisés doivent faire le vide d’entrepôts improvisés où ils ont empilé temporairement plein de démonstrateurs destinés à des foires commerciales qui ont toutes été annulées.
Mais comme m’explique ma dentiste: «Le premier confinement nous a coûté extrêmement cher, ça a généré un vide dans le flux de la trésorerie et nous devons rester prudents. Aussi, il y a toujours le risque qu’on nous ordonne de fermer à nouveau. Et le télétravail, ça n’existe malheureusement pas dans notre domaine!».
De son côté, mon courtier d’assurances trouve le contexte actuel difficile. «Aujourd’hui, nous sommes deux sur l’étage, on a plein de nos employés qui sont en télétravail alors nos bureaux restent vides. Au rez-de-chaussée de l’édifice, tous les petits cafés et comptoirs-lunch, habituellement pleins à craquer, restent pratiquement vides matins et midis. Certains sont clients chez nous, on essaye de les encourager, mais encore aujourd’hui, il y en a un qui nous a annoncé qu’il allait fermer…».
La célèbre chaîne québécoise de magasins de prêt-à-porter Tristan, qui figure parmi mes boutiques préférées, a converti une partie de ses activités en service essentiel. Obligés d’arrêter de faire des affaires au début de la pandémie et privés de leurs revenus habituels dans la mode, les propriétaires ont décidé de se lancer dans le vide en produisant des visières et des vêtements de protection afin de répondre à tout plein de demandes dans le secteur de la santé.
Malheureusement, ce saut dans le vide n’a pas permis à Tristan de refaire le plein. Tout comme, entre autres, le Groupe Aldo, Frank and Oak, le Groupe Dynamite, Bizou et tout dernièrement le Groupe Nero Bianco, la chaîne Tristan a dû demander la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité afin de se restructurer et espérer survivre à la crise actuelle.
Dans les centres commerciaux, cette série de chutes spectaculaires dans le monde de la vente au détail génère déjà plein d’espaces locatifs vides. Les propriétaires savent que les comptes de banque de plusieurs de leurs locataires sont presque vides et leurs marges de crédit déjà pleines.
Verre à moitié vide ou verre à moitié plein?
Andrew Lutfy avait vu juste. Les conséquences de la pandémie provoquent un effet d’entraînement pervers. Un fait en entraîne un autre, engendrant ainsi une réaction en chaîne.
Un bon entrepreneur est habitué à affronter des tempêtes et à nager en eaux troubles. Il sait qu’il y a du positif et du négatif en toute chose ou circonstance. Il comprend que les crises marquent toujours des périodes de changement qui vont le faire évoluer.
Pour une personne pessimiste, le verre est à moitié vide. Pour une personne optimiste, le verre est à moitié plein. Mais dans le contexte actuel, une catastrophe de dimension biblique comme le qualifie si bien Andrew Lutfy, même un verre vide peut maintenant être considéré comme étant à moitié plein.
Rien n’est plus pareil...