BLOGUE. Ça y est, j'ai vu le BlackBerry 10. Et oui, j'ai aimé.
Des représentants de Research in Motion étaient à Montréal vendredi pour présenter la plateforme BB10. Précisons d'entrée qu'on ne parle pas d'un appareil proprement dit, mais d'un système d'exploitation. Comme à l'habitude, celui-ci tournait sur un appareil générique servant uniquement au développement. Les deux premiers vrais modèles, l'un avec clavier physique, l'autre sans, seront présentés le 30 janvier prochain.
Comme vous, peut-être, j'avais vu quelques vidéos de démonstration des fonctions du BlackBerry 10 sur Internet. Mais ce n'est évidemment jamais la même chose que de le voir « en vrai ».
Deux choses ont fait la réputation du BlackBerry : la sécurité et la fonctionnalité. En contrepartie, ni les appareils, ni le système d'exploitation du géant canadien n'ont jamais vraiment réussi à émoustiller les consommateurs avec leur « sex-appeal ». Pour ce volet, on regarde plutôt du côté d'Apple, avec le résultat que l'on connaît.
On verra le 30 janvier pour ce qui est des appareils, mais pour ce qui est de l'attention aux détails dans les logiciels, BB10 mérite une bonne note. D'entrée de jeu, j'ai beaucoup aimé que l'écran de verrouillage intègre diverses alertes de façon élégante. Puis, quand on glisse son doigt du bas vers le haut pour déverrouiller l'appareil, l'écran d'accueil apparaît progressivement, un peu comme si l'écran de verrouillage se dissolvait au contact de notre doigt. Difficile à expliquer, élégant à regarder.
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Peu en commun avec les rivaux
Toujours à l'écran de verrouillage, il suffit de glisser son doigt du haut vers le bas avant de se coucher pour en quelque sorte « tirer le rideau » et faire passer notre appareil en mode nuit, pendant lequel les alarmes sont désactivées. Infâme lumière rouge incluse.
Une fois l'appareil déverrouillé, on retrouve une grille d'applications très similaire à ce que l'on peut voir sur iOS ou Android (pas sur Windows Phone). Mais c'est à peu près la seule chose que BB10 partage avec ces deux systèmes. Le reste de l'interface est fort différent et souvent axé, comme dans le cas de la tablette Playbook, sur des gestes provenant des côtés de l'écran.
De façon générale, glisser son doigt depuis le haut de l'écran fait apparaître un menu. Depuis le bas, on place l'application active en veilleuse. Elle s'installe alors dans une fenêtre plus petite d'où elle reste active. De la gauche, on tombe dans le BlackBerry Hub, un bidule intéressant qui est le coeur de l'expérience.
Ce Hub est en quelque sorte un journal de toute l'activité « communication » sur votre appareil. Courriels, appels, notifications Facebook, mentions Twitter, messages BBM, textos: à peu près tout ce que vous pouvez imaginer, y compris des alertes d'applications de tiers, s'y retrouve, en ordre chronologique. Il est évidemment possible d'y appliquer des filtres pour ne voir que l'un ou l'autre type de messages ou pour carrément empêcher l'apparition de certains. J'ai hâte de voir l'idée en pratique, mais ça me semble très intéressant, d'autant que le Hub interagit aussi sans devoir le quitter avec des applications centrales comme le calendrier ou le carnet d'adresses.
Il y a aussi tout un paquet de petites fonctions parfois anodines, mais intéressantes. Des exemples :
• Dans les fiches du carnet d'adresses, un onglet « Activité » qui vous donne accès à vos échanges avec cette personne, peu importe leur forme (texto, appels, courriels, etc.).
• Quand l'infâme lumière rouge clignote, on peut « tasser » l'écran sur la droite pour avoir un petit aperçu, à gauche, sur le Hub et ainsi déterminer s'il vaut la peine de cesser ce que l'on faisait. Research in Motion appelle la fonctionnalité « Peak ».
• Dans le calendrier, plus une journée est occupée, plus la date est écrite avec de gros caractères. On peut trouver rapidement une journée moins occupée.
• Le clavier virtuel à lui seul en compte quelques-unes. Je retiens la possibilité de glisser son doigt de droite à gauche pour effacer d'un coup un mot entier et celle de « lancer » vers notre texte un mot qui apparaît comme suggestion. La prédiction des mots semble d'ailleurs être un point fort du système.
• Le mode TimeShift de l'appareil photo. Dès qu'on l'enclenche, il crée une mémoire cache de quelques secondes. Si quelqu'un a le malheur de fermer les yeux quand vous prenez la photo, vous pouvez « revenir en arrière » à l'instant où elle avait les yeux ouverts. Et ça fonctionne individuellement pour chacune des personnes sur la photo!
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Conçu pour le BYOD
Mais la fonction la plus importante, celle qui pourrait valoir à RIM la sympathie de tous les administrateurs réseau du monde, et du même coup celle d'une large portion de consommateurs qui souhaitent aussi utiliser leur appareil personnel sur le réseau de l'entreprise, est celle que l'on a baptisée « Balance ».
Celle-ci permet au gestionnaire de réseau de votre entreprise dotée d'un serveur BlackBerry de créer sur votre appareil une partition « Travail » totalement indépendante de votre partition personnelle. Les photos, rendez-vous, contacts, courriels et autres éléments de votre vie personnelle que vous entrez dans votre téléphone à ce titre ne sont pas accessibles depuis la partition travail.
Autrement dit, vous avez l'assurance que votre administrateur réseau ne pourra venir fouiller dans votre vie personnelle à distance.
L'inverse est aussi vrai, ce qui signifie que l'entreprise a l'assurance que toutes ses informations resteront confinées à la partition travail de votre appareil, qu'elle pourra effacer à sa guise si la relation entre vous et votre employeur devait tourner au vinaigre, par exemple. Le tout sans affecter vos données personnelles.
L'entreprise peut aussi créer dans le volet travail un « BlackBerry World » qui ne contient que des applications préautorisées.
Il est difficile de bien l'expliquer en peu de mots, mais le système est même un peu plus sophistiqué. Quand vous utilisez vous-mêmes votre téléphone, vous n'avez pas nécessairement à alterner entre les deux partitions pour obtenir un agenda complet incluant à la fois vos rendez-vous personnels et professionnels, par exemple.
Un seul « mais »…
Après plus d'une heure de démonstration et quelques minutes appareil en main, je ne note pour l'instant qu'un seul irritant : l'absence d'un bouton physique de retour arrière (Back, en bon français…).
Ça ne me semble pas une difficulté insurmontable, mais il y a quelque de rassurant dans l'idée de voir un bouton qui, on le sait, va nous ramener d'un seul coup à la case départ. Ce n'est peut-être pas pour rien que les trois autres plateformes (iOS, Android et Windows Phone) en proposent un. J'ai hâte de voir si je m'habituerai à son absence sur un BlackBerry.