[Photo : Steven Melanson]
Jean-Philippe Hébert a bourlingué partout au Québec. Né dans la Vieille-Capitale, il a passé son enfance en Abitibi avant que ses parents ne déménagent dans la région de Montréal. Puis, après des études à Rimouski, il a mis le cap plus loin le long du Saint-Laurent, direction la Gaspésie. Pour y cultiver la mer.
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«J'ai toujours été attiré par l'eau et la nature», dit-il, en se souvenant des étés de son enfance au chalet familial du Lac Kanasuta, où il prenait plaisir à pêcher. Aujourd'hui, le président de Fermes marines du Québec pratique l'élevage des bébés pétoncles (naissains) dans son écloserie et dans la baie de Gaspé. «Ce n'est pas tous les jours facile, mais c'est très valorisant. L'aquaculture, c'est un regard vers l'avenir pour nourrir la planète», dit celui qui vit en Gaspésie depuis 10 ans.
Jean-Philippe Hébert a d'abord étudié à l'Institut maritime du Québec, à Rimouski, dans l'intention de démarrer un chantier naval spécialisé en bateaux de pêche et en voiliers. «Mais le contexte économique n'était pas favorable, et je n'aurais jamais été sur l'eau», constate-il. Il entre alors à l'École des pêches et de l'aquaculture du Cégep de la Gaspésie. Au bord de l'immense laboratoire naturel qu'est le golfe du Saint-Laurent, il prend conscience du potentiel de l'aquaculture.
«Même s'il vient d'un milieu urbain, il s'est merveilleusement adapté à la Gaspésie et au monde marin. Ça demande beaucoup de courage et de ténacité pour se lancer dans l'aquaculture», souligne son ancien professeur Éric Tamigneaux, titulaire de la Chaire de recherche industrielle en valorisation des macroalgues marines. «C'était un étudiant très challengeant, qui nous posait toujours des questions très pointues. Il était déjà en mode plan d'affaires», ajoute-t-il.
Jean-Philippe Hébert consacrera plus de trois ans de R-D à son projet. Sa quête l'a amené à travailler dans la première écloserie québécoise de pétoncles, sur la Basse-Côte-Nord, à oeuvrer auprès d'un éleveur de flétans en Nouvelle-Écosse, et à réaliser des voyages d'études en Norvège. Il a aussi convaincu des investisseurs privés d'injecter plus de 7 millions de dollars dans son aventure. Finalement, en 2009, il met à l'eau 500 000 naissains de pétoncles qui, parvenus à maturité trois ans plus tard, se sont rapidement retrouvés dans les poissonneries et chez les restaurateurs.
Cependant, sa patience et sa ténacité sont mises à rude épreuve ces temps-ci. Fermes marines du Québec a suspendu les activités de son écloserie l'an dernier parce que la PME n'était plus admissible à un crédit d'impôt de 1,5 million de dollars. «C'est décourageant, mais c'est une autre montagne à gravir», dit-il. Pour diversifier, son équipe et lui explorent la culture d'algues pour l'alimentation et les produits de santé naturels.
Sophie Fortier, coordonnatrice de la Table maricole du Québec, ne doute pas que Jean-Philippe Hébert réussira son pari. «C'est un visionnaire, un homme d'idées, très créatif, qui est toujours à la recherche de solutions et prêt à relever des défis.» Éric Tamigneaux abonde dans le même sens. «Pour lui, un non, ce n'est jamais une réponse satisfaisante.» Tous deux soulignent aussi son grand engagement dans le développement de l'ensemble de l'industrie de la mariculture.
En effet, l'homme d'affaires de 36 ans est aujourd'hui bien ancré en Gaspésie. Son amour de la mer et de la région devrait lui permettre de braver les tempêtes et poursuivre ses projets.
Âge : 36
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