[Photo : 123RF/poselenov]
La transition énergétique annoncée par Québec est bel et bien en marche. Et elle a le pouvoir de dynamiser l'ensemble de son économie et de ses régions. «C'est la Baie-James du 21e siècle ! Le Québec a la possibilité d'en faire un moteur économique aussi grand que l'a été ce projet au siècle dernier», s'enthousiasme Jean-François Samray, pdg de l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable (AQPER).
Réduire de 40 % la quantité de produits pétroliers consommés, augmenter de 25 % la production totale d'énergies renouvelables, accroître de 50 % la production de bioénergie, éliminer l'utilisation du charbon thermique, améliorer de 15 % l'efficacité énergétique : la politique énergétique du Québec nourrit de grandes ambitions.
Le Québec est l'un des plus grands consommateurs d'énergie du monde, au prorata de sa population. En 2013, la consommation totale d'énergie de la province a atteint 40 millions de tonnes équivalent pétrole (tep), soit une hausse de 1,6 % par rapport à 2012. Mais les énergies renouvelables comblent près de la moitié de ses besoins énergétiques. À 47 %, cette part surpasse celle de la majorité des pays du monde.
Néanmoins, Québec souhaite hausser la part des énergies renouvelables à 61 % de toute l'énergie consommée. «Le Québec a toutes les ressources et l'expertise requise pour être un des leaders en énergie renouvelable», dit M. Samray.
Miser sur l'international
Hydro-Québec, qui compte doubler ses revenus au cours des 15 prochaines années, sera au coeur de cette transition. «La Politique énergétique confirme le rôle primordial d'Hydro-Québec comme moteur du développement économique du Québec», commente son pdg, Éric Martel.
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Patrick Lemaire, président et chef de la direction de Boralex, se réjouit d'ailleurs de voir le plan stratégique d'Hydro-Québec faire de la place au développement de l'énergie éolienne. La société d'État «aura besoin d'autres types d'énergie que l'hydroélectricité pour satisfaire ses besoins d'exportation», précise-t-il.
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Les différentes filières énergétiques québécoises n'auront d'ailleurs d'autres choix que de miser davantage sur les marchés étrangers pour assurer leur développement. «En ces périodes de surplus énergétique, l'industrie doit exporter sa production, mais aussi son expertise», note Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal.
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Un guichet unique
Le Québec entend consacrer quatre milliards de dollars d'ici 2030 à la réalisation de ses objectifs en matière d'énergie. Un nouvel organisme, Transition énergétique Québec, aura le mandat de coordonner tous les services et programmes de subventions offerts aux particuliers, aux entreprises et aux institutions.
La mise en place de ce guichet unique réjouit Denis Leclerc, président et chef de la direction d'Écotech Québec. «Il y avait des programmes d'efficacité énergétique dans presque tous les ministères. C'était facile de se perdre ou, pire, de ne pas recevoir de contribution financière parce que les délais d'approbation avaient été trop longs», dit-il en exemple.
Pourtant, il n'y a plus de temps à perdre pour agir. «Pour atteindre les objectifs visés par la politique, il faut s'y mettre dès maintenant», indique Jean-François Samray.
«C'est assez unique, en Amérique du Nord, d'avoir un gouvernement qui s'engage aussi fermement à atteindre des objectifs importants de réduction de gaz à effet de serre», constate Pierre-Olivier Pineau. Mais, ajoute-t-il, «réduire la consommation de pétrole de 40 %, c'est énorme. Ce n'est pas un défi technique, mais davantage une question de culture et d'organisation».
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